Alexander Litvinenko 1280 1:30
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Nicolas Tonev
Les proches d'Alexei Navalny, l'un des opposants de Vladimir Poutine, prétendent qu'il a été victime d'une substance toxique après son arrestation mardi dernier. De nombreux agents russes, considérés comme des opposants par Moscou, ont été frappés par des empoisonnements plus ou moins mystérieux ces dernières années.

Alexei Navalny est-il la victime d’une substance toxique ? C’est ce qu’affirment ses partisans et ses avocats. Le principal opposant à Vladimir Poutine a été arrêté le 23 juillet dernier et condamné à 30 jours de prison pour avoir organisé des manifestations illégales selon la loi russe. Mais il a été transporté à l'hôpital dimanche, en raison officiellement d'une "grave réaction allergique". "Nous ne pouvons pas exclure que sa peau ait subi un impact toxique et été endommagée par une substance chimique inconnue via une personne tierce", a cependant avancé son médecin personnel, dans un message diffusé sur Facebook.

Le poison est devenu un sort couramment réservé aux gêneurs ces dernières années par les services russes. La plupart des intoxications se sont produites à Londres, où vivent de nombreux transfuges russes.

Polonium 210, gelsémine, Novitchok... à chaque "traître" son poison

Dans le carré privé d’un cimetière de la capitale britannique, une pierre tombale en marbre rose et noir porte le prénom "Sacha". Il s’agit en vérité du diminutif d’Alexander Litvinenko. On se souvient, alors qu'il était sur son lit d’hôpital, du visage rongé de cet ancien lieutenant-colonel du service de contre-espionnage russe. En 2006, l’ex-espion mourrait, ravagé de l’intérieur par du polonium 210, un produit radioactif. L’enquête publique a reconnu que cet empoisonnement n’aurait pas pu avoir lieu sans l’accord du Kremlin.

Un autre cimetière londonien, une autre pierre tombale, blanche cette fois. Ici repose Alexander Perepilichny, mort en 2012. Cet homme était chargé de gérer des avoirs cachés en Suisse pour des proches du pouvoir russe, avant finalement de livrer ces informations aux autorités. S’il est officiellement décédé d’une crise cardiaque, une autopsie a révélé que son estomac recelait de la gelsémine, capable de déclencher des défaillances respiratoires. Toutefois, la police londonienne n’a pas poursuivi ses investigations.

 

À Londres, les transfuges russes savent qu’ils doivent se méfier. Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, considérés comme des traîtres par la Russie, ont failli mourir l’année dernière, victimes tous deux d’une tentative d’assassinat au Novitchok, un poison militaire. Il y ont survécu, mais sont restés hospitalisés plusieurs mois. L'affaire aura mis le feu aux poudre entre le gouvernement britannique et la Russie, qui a vu nombre de ses diplomates expulsés de Grande-Bretagne dans la foulée.