Le dictateur Francisco Franco a été exhumé jeudi de son mausolée monumental. 1:29
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avec AFP et Henry de Laguérie
La dépouille du dictateur, qui a dirigé l'Espagne de 1939 à 1975, a ensuite été à enterrée près de Madrid, aux cotés de son épouse. 
REPORTAGE

Le dictateur Francisco Franco, qui a dirigé l'Espagne d'une main de fer de 1939 jusqu'à sa mort en 1975, a été exhumé jeudi de son mausolée monumental et réenterré près de Madrid, 44 ans après la fin d'un régime dont les plaies ne sont toujours pas refermées.

Arrivée en hélicoptère au cimetière de Mingorubbio, dans le nord de Madrid, sa dépouille embaumée a été réinhumée aux côtés de son épouse dans ce lieu plus discret où repose aussi le dictateur dominicain Rafael Trujillo, assassiné en 1961.

Des sympathisants du régime de Franco rassemblés près du cimetière

Rassemblés près du cimetière, environ 200 nostalgiques du régime ont chanté l'hymne du parti fascisant de la Phalange, pilier du régime du dictateur qui a remporté la sanglante guerre civile espagnole (1936-1939) en faisant le salut fasciste, bras droit tendu en avant. "C'était un régime autoritaire oui, mais on était beaucoup plus libre qu'aujourd'hui", a considéré une sympathisante au micro d'Europe 1, voyant dans cette exhumation "une profanation". 

Peu avant 15 heures, le cercueil du dictateur était sorti de l'imposante basilique creusée dans la roche du mausolée du "Valle de los Caidos", porté par huit membres de sa famille dont son arrière petit-fils Louis de Bourbon, cousin éloigné du roi d'Espagne Felipe VI et considéré par les légitimistes comme le prétendant au trône de France. À Mingorubbio, l'attendait l'ancien colonel Antonio Tejero, auteur en 1981 d'une tentative de coup d'État dans le Parlement espagnol, dont le fils a ensuite célébré un office religieux.

La fin d'un "affront moral", selon Pedro Sanchez

Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait fait du transfert de la dépouille du "Caudillo" une priorité dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, pour que ce mausolée, sans équivalent dans d'autres pays d'Europe occidentale ayant été dirigés par des dictateurs, ne puisse plus être un "lieu d'apologie" du franquisme. Cela met fin à un "affront moral", à une "anomalie pour une démocratie européenne", a-t-il déclaré dans une allocution solennelle.

Promise pour l'été 2018, l'opération a été retardée de plus d'un an par les recours en justice successifs des descendants du dictateur. À moins de trois semaines des législatives du 10 novembre, les détracteurs de Pedro Sanchez, à droite comme à gauche, l'accusent d'en faire un argument électoral, alors qu'une semaine de manifestations violentes en Catalogne ont mis le socialiste en difficulté.