La «défense européenne» subventionnée ne séduit pas les industriels français

Face à la pression constante de Donald Trump sur la nécessité d'augmenter leurs investissements en termes de défense, les dirigeants des pays de l'UE se sont réunis lundi, à Bruxelles. Problème, ils ne sont pas tous d’accord sur la façon dont ces derniers doivent être réalisés.
Pour la première fois, lundi à Bruxelles, la rencontre entre dirigeants des pays de l’Union européenne était exclusivement consacrée à la défense. En cause, le double enjeu auquel fait face l’UE, entre l’agressivité de la Russie à l'Est, et les exigences de Donald Trump quant au plus grand investissement des alliés dans leur propre défense à l'Ouest.
Des désaccords entre Européens
L'enjeu est également double pour les Etats-Unis : désengager leurs troupes du front de l’Est tout en conservant une capacité d’investissement dans l’industrie de défense en Europe. Problème, les Européens ne sont pas tous d’accord sur la façon dont doivent être réalisés ces investissements.
Au cœur des désaccords, le fonds EDIP, un programme pour l’industrie européenne de défense. Ce dernier prévoit un seuil minimum d’au moins 65% de financement européen dans les systèmes militaires subventionnés. Il laisserait donc aux Américains la possibilité d’entrer, au minimum, à hauteur de 35% dans la fabrication des armes de demain.
"Un dispositif de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis"
"C’est catastrophique", alerte un industriel français, poursuivant : "On est en train de mettre en place un dispositif de dépendance vis-à-vis des Etats-Unis". En jeu, la notion de souveraineté. Même avec 1% des composants d’un missile fabriqués par les Américains, Washington aurait un droit de regard sur les exportations et pourrait possiblement les bloquer, pour privilégier son propre commerce.
"Si certains Etats européens veulent acheter américain, qu’ils le fassent avec leur argent, pas avec celui de l’Europe !", s’époumone de son côté un professionnel du secteur.
La question reste de savoir si les Etats-Unis seront encore un allié demain, si d’aventure, ils mettaient à exécution leur menace de s’emparer du Groenland. Une chose est sûre, les avions de chasse américains F-35 achetés par le Danemark resteraient bel et bien cloués sur le tarmac…