Grèce police 1:33
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Pierre Herbulot, édité par Mathilde Durand
Alors que la bataille politique continue entre la Turquie et l'Union européenne, les migrants continuent d'affluer à la frontière gréco-turque. Ils espèrent pouvoir passer en Europe, mais se heurtent à l'hostilité des habitants. Certains membres de l'extrême droite se rassemblent et traquent même les arrivants. 
REPORTAGE

L’Union européenne a rejeté fermement l’usage par la Turquie de la pression migratoire à des fins politiques. Mercredi soir, après une réunion d’urgence, les 27 ministres de l’Intérieur ont dénoncé un chantage, opposant une fin de non-recevoir à Recep Tayyip Erdogan, qui réclame le soutien des occidentaux dans l’offensive syrienne. Des milliers de migrants sont toujours rassemblés le long de la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie, espérant pouvoir entrer en Europe.

"Je leur ait dit qu'ils n'avaient rien a craindre, que j'étais un militant des droits de l'homme"

En plus d'une frontière verrouillée, ceux qui arrivent à passer se heurtent à l’hostilité des habitants. Certains se rassemblent en groupe et n'hésitent pas à traquer et dénoncer les migrants aux autorités. Mercredi, une dizaine de Grecs se sont rassemblés à la terrasse d’un café pour préparer leur itinéraire du soir. Ils préfèrent rester anonyme, mais estiment remplir un devoir citoyen.  

"J'y suis allé parce que ça me faisait peur. Je leur ait dit qu'ils n'avaient rien a craindre, que j'étais un militant des droits de l'homme, mais ce n’était pas vrai", raconte ce militant d’extrême droite qui a découvert dans la nuit des migrants dans une maison abandonnée. "Donc que je leur ai dit ça : 's'il vous plait ne bougez pas et on passera vous chercher pour vous emmener en lieu sûr cette nuit'. Et là j'ai appelé la police."

Une traque qui suscite des vocations

La méthode ne choque pas la propriétaire du café. Elle-même a appelé la police quand deux migrants sont entrés dans son établissement pour faire charger leur téléphone. Cette traque suscite même des vocations. "Bien sur, si on me propose, moi aussi j'irais aider l'armée, parce que je ne veux pas que ces gens viennent dans mon pays", assume le patron d’une supérette à proximité. "Pour protéger ma vie, mon enfant, ma famille, mon économie, ma maison, bien sûr que je pourrais le faire."

Le groupe a refusé d’être suivi pendant sa patrouille. Lundi, Athènes avait annoncé avoir empêché l’entrée de 10.000 migrants.