Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 57e jour du conflit

Gaza
L'armée israélienne a indiqué avoir frappé de son côté "plus de 400 cibles" dans le petit territoire palestinien surpeuplé (illustration). © AHMAD HASABALLAH / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : AHMAD HASABALLAH / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP , modifié à
Au 57e jour du conflit entre Israël et le Hamas, d'intenses bombardements de l'armée israélienne ont repris dans la bande de Gaza après la fin de la trêve. Selon le Hamas, 240 Palestiniens sont morts depuis la reprise des combats, et 650 autres ont été blessées. Lors de la COP28, Emmanuel Macron a appelé à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable".

L'armée israélienne bombarde samedi la bande de Gaza où le bilan des victimes s'alourdit, le gouvernement israélien déplorant une "impasse" dans les négociations avec le Hamas au lendemain de l'expiration d'une trêve. La branche armée du Hamas et celle du Jihad islamique, mouvement affilié, ont par ailleurs annoncé avoir tiré samedi "des barrages de roquettes" visant plusieurs villes d'Israël, notamment Tel-Aviv, sans faire de victimes.

L'armée israélienne a indiqué avoir frappé de son côté "plus de 400 cibles" dans le petit territoire palestinien surpeuplé, depuis la reprise des hostilités vendredi matin, dont 50 dans la région de Khan Younès (sud), où la morgue du principal hôpital était engorgée, selon un correspondant de l'AFP. Le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien assiégé, fait désormais état d'un bilan de plus de 240 morts et 650 blessés depuis la fin de la trêve. La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a mené des bombardements dévastateurs contre le territoire palestinien, où il a lancé le 27 octobre une offensive terrestre. Selon le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.150 de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes depuis le 7 octobre.

Les informations à retenir :

  • D'intenses bombardements ont repris dans la bande de Gaza depuis la fin de la trêve
  • 240 Palestiniens ont été tués, selon le Hamas, et 650 blessés
  • Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dit "regretter profondément" la reprise des affrontements
  • Emmanuel Macron a appelé à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable" ; le chef de l'État a également prévenu que la "destruction totale du Hamas" entraînerait "dix ans" de guerre
  • La branche armée du Hamas et celle du Jihad islamique, mouvement affilié, ont par ailleurs annoncé avoir tiré samedi "des barrages de roquettes" visant plusieurs villes d'Israël, notamment Tel-Aviv, sans faire de victimes.

Netanyahu : la guerre continuera "jusqu'à ce que tous ses objectifs soient atteints"

La guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza se poursuivra jusqu'à ce que "tous ses objectifs soient atteints", notamment la destruction du Hamas, a affirmé samedi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Nous ne pouvons pas atteindre ces objectifs sans poursuivre les opérations au sol" qui "ont été essentielles pour parvenir aux résultats jusqu'ici", a-t-il ajouté, durant sa première conférence de presse depuis la fin, vendredi matin, d'une trêve d'une semaine entre Israël et le Hamas et la reprise des opérations militaires israéliennes, notamment des bombardements, dans la bande de Gaza.

Macron appelle à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable"

Le président français, Emmanuel Macron, a appelé samedi à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable" dans la bande de Gaza, pilonnée de nouveau par l'armée israélienne après l'expiration vendredi d'une trêve avec le Hamas.

"La reprise des combats dans la bande de Gaza (...) est un sujet d'inquiétude qui a été dans beaucoup de discussions" lors de la COP28 à laquelle participe Emmanuel Macron à Dubaï. "Cette situation exige de redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le feu-durable, pour obtenir la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas et apporter à la population de Gaza l'aide dont elle a urgemment besoin, et de donner à Israël la certitude que sa sécurité est rétablie", a souligné le chef d'Etat lors d'une conférence de presse.

Il a également prévenu samedi Israël que l'objectif d'une "destruction totale du Hamas" devait être "précisé", car il risquait d'engendrer "dix ans" de guerre, appelant ainsi à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable". "La destruction totale du Hamas", "est-ce que quelqu'un pense que c'est possible?", a lancé le chef d'Etat lors d'une conférence de presse en marge de la COP28 à Dubaï.

"Redoubler d'efforts"

Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve, qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l'accélération de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, a dit avoir "proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées" parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs "morts dans les bombardements israéliens".

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé le Hamas d'avoir "violé l'accord" et "tiré des roquettes" vers Israël. Depuis la conférence sur le climat COP28 à Dubaï, le président français, Emmanuel Macron, a par ailleurs jugé samedi que l'objectif d'Israël d'une "destruction totale du Hamas" devait être "précisé", car il risquait d'engendrer "dix ans" de guerre.

Il a appelé à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable", estimant que la "sécurité durable" d'Israël ne pourra être garantie si elle "se fait au prix des vies palestiniennes, et donc du ressentiment de toutes les opinions publiques dans la région".

Combattants pro-Iran tués

Outre Gaza, Israël a mené des frappes en Syrie, près de Damas,contre des sites appartenant au Hezbollah libanais dans lesquelles quatre combattants, dont deux membres des Gardiens de la Révolution iraniens, ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'armée israélienne, interrogée par l'AFP, n'a pas commenté. Les affrontements à la frontière libano-israélienne avaient par ailleurs repris vendredi après la fin de la trêve. Le Hezbollah, allié du Hamas, qui a revendiqué des attaques contre Israël, a déploré la mort de deux de ses membres dans des bombardements israéliens dans le sud, où un civil a également été tué.

"Si les violences reprennent à cette ampleur et cette intensité, nous pouvons supposer que des centaines d'enfants de plus seront tués et blessés chaque jour", a alerté la directrice exécutive de l'Unicef, Catherine Russell. D'autant que l'aide humanitaire, qui était arrivée plus largement pendant la trêve de sept jours même si elle restait très insuffisante selon l'ONU, a de nouveau été quasi fortement restreinte par la reprise des hostilités. Samedi, le Croissant-Rouge palestinien a toutefois indiqué avoir "réceptionné des camions d'aide" via le terminal égyptien de Rafah, poste-frontière avec Gaza, les premiers depuis la fin du cessez-le-feu temporaire.

Les besoins sont immenses dans le territoire dans le territoire qu'Israël soumet désormais à un "siège complet" après 16 années de blocus, et où plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits, avec 1,7 million de personnes --sur 2,4 millions d'habitants -- déplacées par la guerre d'après l'ONU. Samedi, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé que l'hôpital al-Awda, l'un des rares à être encore opérationnels dans le nord de la bande de Gaza, avait été en partie touché par une frappe vendredi. Fadel Naïm, médecin-chef à l'hôpital Ahli Arab de Gaza, a lui rapporté à l'AFP avoir reçu 30 cadavres samedi à la morgue, dont ceux de sept enfants.

"Les avions ont bombardé nos maisons: trois bombes, trois maisons détruites", a affirmé à l'AFP Nemr al-Bel, 43 ans, disant compter 10 morts dans sa famille et "13 autres encore sous les décombres". Quasiment plus d'eau potable, plus d'électricité et très peu de nourriture: l'ONU a alerté sur un risque de famine "immédiat".

"Entrevoir une chance"

En Israël, les familles et proches d'otages continuent de se mobiliser pour demander la libération des leurs après la confirmation vendredi soir par l'armée israélienne de la mort de cinq otages retenus dans la bande de Gaza. Après la libération de 110 otages depuis le début du conflit, dont 105 pendant la trêve, en majorité des femmes et des mineurs, 136 otages restent aux mains du Hamas et d'autres groupes affiliés à Gaza, selon les autorités israéliennes.

Vendredi, des parents et des soutiens des otages se sont rassemblés sur une place de Tel-Aviv, désormais connue comme la Place des Otages, avec de rouleaux de la Torah représentant le nombre d'otages restant à Gaza. "On nous a fait entrevoir une chance que les gens sortent, nous rejoignent et reprennent leur vie d'avant", a témoigné, ému, Ilan Zecharya, oncle de l'otage Eden Yerushalmi, âgée d'une vingtaine d'années. "A tous, à notre pays, nous demandons un nouveau dispositif" pour la "libération de tout le monde", a-t-il imploré.