Guerre en Ukraine : Zelensky écarte l'idée d'une «courte trêve» avec la Russie

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Les négociations semblent fermées entre la Russie et l'Ukraine. (Illustration) © STR / AFP
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avec AFP
Au 269e jour de l'invasion russe en Ukraine, Volodymyr Zelensky a écarté l'idée d'une "courte trêve" entre Kiev et Moscou, estimant qu'une paix durable et honnête ne passerait que par la "destruction complète de l'agression russe". Un répit dans les conflits ne feraient "qu'empirer la situation".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a écarté vendredi l'idée d'une "courte trêve" avec la Russie, arguant qu'elle ne ferait qu'empirer les choses. "La Russie recherche désormais une courte trêve, un répit pour reprendre des forces. On pourrait y voir la fin de la guerre, mais un tel répit ne fera qu'empirer la situation", a affirmé le dirigeant ukrainien lors de remarques diffusées au forum international sur la sécurité d'Halifax, au Canada. "Une paix vraiment réelle, durable et honnête ne peut venir que de la destruction complète de l'agression russe", a-t-il ajouté.

La Maison Blanche avait réitéré plus tôt vendredi que seul Volodymyr Zelensky était en mesure d'approuver l'ouverture de négociations entre l'Ukraine et la Russie, rejetant toute notion de pressions américaines en ce sens sur Kiev. Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré à deux reprises récemment que les victoires ukrainiennes sur le champ de bataille pourraient ouvrir une fenêtre d'opportunité pour entamer des discussions en vue d'une solution politique au conflit. Il a toutefois noté mercredi qu'il était peu probable au moins à court terme que l'Ukraine puisse déloger militairement la Russie de l'ensemble des territoires qu'elle occupe dans le pays, y compris la Crimée.

 

Les principales informations à retenir :

  • Plus d'une centaine d'Ukrainiens ont disparus à Kherson lors de l'occupation russe selon une étude
  • Une trêve entre les deux pays belligérants ne semble pas d'actualité pour Kiev
  • Les dirigeants de l'Apec ont condamné "pour la plupart" la guerre en Ukraine

Plus d'une centaine d'Ukrainiens disparus à Kherson lors de l'occupation russe

Plus d'une centaine d'Ukrainiens ont été détenus puis ont disparu à Kherson, ville du sud de l'Ukraine, lors de l'occupation russe, dans ce qui apparaît comme une campagne planifiée, selon une étude de l'université américaine Yale publiée vendredi. Le Conflict Observatory, un groupe de recherche du département de santé publique de l'université Yale dont le travail est soutenu par le département d'Etat américain, a recensé 226 détentions extrajudiciaires et disparitions forcées à Kherson.

La moitié des personnes emprisonnées "ne semblent pas avoir été libérées", selon le rapport, qui souligne que leur sort est peu clair depuis le retrait des forces russes de Kherson le 11 novembre. Un quart des 226 personnes concernées auraient fait l'objet de tortures et quatre sont mortes en détention ou peu après.

La majorité de ces actes ont été perpétrés par l'armée russe et les services de sécurité russe (FSB), selon l'étude. Les détenus et les disparus étaient principalement des hommes en âge de servir dans l'armée, notamment des fonctionnaires, de figures de la société civile, des professeurs, des policiers et des journalistes, d'après cette source. "Ces résultats donnent du crédit à une série d'allégations alarmantes sur le traitement des détenus, notamment des morts en détentions, l'usage généralisé de la torture et de traitements cruels, inhumains et dégradants, le pillage des personnes emprisonnées et des violences sexuelles et genrées", affirme l'étude.

 

Les chercheurs expliquent aussi que le profil des prisonniers dénote une campagne "préméditée". Selon certaines sources consultées pour cette étude, les Russes sont arrivés avec des listes de noms et des numéros de plaques d'immatriculation, ciblant les personnes qui pourraient résister à leur occupation. Les Tartars de Crimée ont notamment été pris pour cible, beaucoup étant accusés par les Russes d'appartenir à des groupes tartars "terroristes", d'après le rapport.

"Cette étude montre que les forces russes doivent être tenues pour responsables des crimes qu'elles sont accusées d'avoir commis à Kherson", affirment les universitaires.

Une survol "dangereux" de la Mer Baltique par des avions russes

Deux avions de chasse russes "ont approché dangereusement et de façon non-professionnelle" en début de semaine des navires de l'Otan qui croisaient en mer Baltique pour une opération de routine, a affirmé vendredi l'Alliance atlantique. L'incident s'est produit mardi matin lorsque les deux appareils russes se sont approchés de ces navires jusqu'à "une altitude de 300 pieds (91 mètres) et une distance de 80 yards (73 mètres)" sans que leurs pilotes ne répondent aux communications, a indiqué le commandement naval de l'Otan.

"L'Otan a jugé l'interaction dangereuse et non professionnelle car elle a été menée dans une zone de danger connue, qui a été activée pour l'entraînement à la défense aérienne, et en raison de l'altitude et de la proximité des avions", selon un communiqué. "L'interaction a augmenté le risque d'erreurs de calcul, d'erreurs et d'accidents." Le communiqué indique que les forces de l'Otan ont "agi de manière responsable" face à cet incident, conformément à la réglementation maritime.

"L'Otan réagira de manière appropriée à toute interférence avec l'activité légale de l'Otan dans la zone qui met en danger la sécurité de nos avions, navires ou de leurs équipages. L'Otan ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace", a-t-il poursuivi.

L'incident survient alors que les tensions augmentent entre l'Otan et la Russie en raison de l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février. Les craintes d'un affrontement entre les deux parties se sont intensifiées cette semaine après qu'un missile a tué deux personnes dans la Pologne voisine de l'Ukraine. Varsovie est membre de l'Otan. L'alliance n'a pas tardé à calmer les tensions en disant qu'il s'agissait probablement d'un missile de défense anti-aérienne de Kiev.

L'Otan a augmenté sa présence navale en mer Baltique et en mer du Nord depuis les explosions survenues en septembre dans les gazoducs Russie-Europe qui, selon une enquête suédoise vendredi, étaient dues à des actes de sabotage. La force de l'Otan en mer Baltique comprenant des navires néerlandais, norvégiens et danois a mené des opérations pour accroître la coopération avec la Finlande et la Suède, qui sont sur la bonne voie pour rejoindre l'alliance. La décision des deux voisins nordiques d'abandonner leur politique de longue date de non-alignement et de rejoindre l'Otan a provoqué la colère du Kremlin.

 

L'Apec condamne la guerre en Ukraine

Les dirigeants de la région Asie-Pacifique ont affirmé qu'il condamnaient "pour la plupart" la guerre en Ukraine, dans la déclaration finale du sommet de l'Apec publiée samedi, ajoutant leur voix à la pression internationale sur la Russie. Après une journée et demie de discussions à Bangkok, les 21 membres du forum de coopération économique Asie-Pacifique se sont accordés sur une déclaration commune critiquant le conflit et les bouleversements économiques mondiaux déclenchés par l'invasion russe de l'Ukraine.

"La plupart des membres ont fermement condamné la guerre en Ukraine et ont souligné qu'elle causait d'immenses souffrances humaines et exacerbait les fragilités existantes dans l'économie mondiale", indique le communiqué. Cette déclaration finale a été approuvée par tous les membres, y compris la Russie et la Chine qui s'est abstenue de critiquer publiquement Moscou pour l'invasion. "Il y avait d'autres points de vue et des évaluations différentes de la situation et des sanctions", précise le communiqué, qui reprend mot pour mot la même formulation que celle du G20 publiée plus tôt dans la semaine à l'issue d'un sommet en Indonésie.

La déclaration de l'Apec déplore l'impact du conflit ukrainien sur la croissance économique, l'inflation, les chaînes d'approvisionnement et la sécurité énergétique et alimentaire. Les États-Unis et leurs alliés ont profité du sommet du G20 pour élargir la coalition contre l'invasion russe. Faisant face à des difficultés sur le terrain en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a refusé d'assister aux sommets du G20 et de l'Apec, envoyant son ministre des affaires étrangères à Bali et un vice-premier ministre à Bangkok.

Moscou a lancé une salve de missiles sur l'Ukraine cette semaine après avoir perdu la ville clé de Kherson dans le sud du pays, l'un des plus grands revers subis par les forces russes depuis leur invasion en février. En raison de cette offensive, des millions d'Ukrainiens souffrent de pénuries d'électricité alors que l'hiver s'installe et que les températures chutent.