Guerre en Ukraine : Zelensky dit qu'il «attendra» Poutine jeudi en Turquie et appelle à un cessez-le-feu complet lundi
Le président ukrainien a accepté la proposition de Vladimir Poutine, qui souhaite tenir des discussions avec l'Ukraine à partir de jeudi en Turquie, demandant toutefois à son homologue russe "un cessez-le-feu total et durable" ce lundi. Un peu plus tôt, Donald Trump a plaidé pour des négociations sans délai.
Le président russe Vladimir Poutine a proposé dimanche des négociations "directes" et "sans condition préalable" entre la Russie et l'Ukraine dès jeudi à Istanbul. Dans le même temps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré dimanche qu'il attendait de la Russie qu'elle s'engage à respecter un cessez-le-feu de 30 jours à partir de lundi et que Kiev était "prêt" à des pourparlers directs avec Moscou comme l'a proposé son homologue russe Vladimir Poutine.
Parallèlement, Kiev a dénoncé dimanche des attaques de drones contre l'Ukraine dans la nuit, peu après l'expiration à minuit d'une trêve de trois jours décrétée par Moscou pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie. Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré 108 drones, dont 60 ont été abattus.
Les informations à retenir :
- La Russie se dit prête à a proposé dimanche des négociations "directes" et "sans condition préalable" avec l'Ukraine
- Volodymyr Zelensky estime que Moscou a "commencé à envisager" la fin de la guerre
- Le président ukrainien s'est dit "prêt" à des pourparlers avec la Russie, mais attend de Moscou qu'elle s'engage à un cessez-le-feu.
- Les Occidentaux prêts à mettre des sanctions "massives et coordonnées" en cas de non respect du cessez-le-feu par la Russie
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Trump exhorte l'Ukraine et la Russie à se rencontrer sans délai
Zelensky dit qu'il "attendra" Poutine jeudi en Turquie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré dimanche qu'il "attendrait" son homologue russe Vladimir Poutine en Turquie, où ce dernier a proposé plus tôt de tenir des discussions entre la Russie et l'Ukraine à partir de jeudi.
"Nous attendons un cessez-le-feu total et durable, à partir de demain, pour fournir une base nécessaire à la diplomatie", a-t-il écrit sur X, ajoutant: "J'attendrai Poutine en Turquie jeudi. Personnellement. J'espère que cette fois, les Russes ne chercheront pas d'excuses".
Trump exhorte l'Ukraine et la Russie à se rencontrer sans délai
Donald Trump a pressé dimanche l'Ukraine et la Russie de se rencontrer pour négocier sans attendre un cessez-le-feu, Moscou ayant proposé des pourparlers directs et Kiev réclamant une trêve.
"Le président russe (Vladimir) Poutine ne veut pas d'un accord de cessez-le-feu avec l'Ukraine, mais plutôt une rencontre jeudi en Turquie pour négocier une possible fin au bain de sang. L'Ukraine devrait accepter immédiatement", affirme le président américain. "Cela leur permettra au moins de déterminer si un accord est possible, et s'il ne l'est pas, les dirigeants européens et les Etats-Unis sauront à quoi s'en tenir et pourront agir en conséquence", ajoute Donald Trump sur son réseau Truth social.
Zelensky estime que Moscou a "commencé à envisager" la fin de la guerre
"Il est inutile de poursuivre la tuerie, ne serait-ce qu'une seule journée. Nous attendons de la Russie qu'elle confirme un cessez-le-feu, complet, durable et fiable, à partir de demain 12 mai, et l'Ukraine est prête à la rencontrer", a déclaré M. Zelensky sur les réseaux sociaux.
Le président ukrainien a également déclaré qu'il voyait un "signe positif" dans le fait que la Russie commençait à envisager de mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022.
"Le monde entier attend cela depuis très longtemps. Et la toute première étape pour véritablement mettre fin à une guerre est un cessez-le-feu", a-t-il ajouté.
Un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours
Dans une rare démonstration d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s'exposerait à de nouvelles "sanctions massives".
Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie "de manière grossière et à l'aide d'ultimatums" et a estimé que l'instauration d'une trêve devrait s'inscrire dans des discussions "directes" avec Kiev.
"La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (....). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul", a déclaré Vladimir Poutine dans une déclaration à la presse, en présence de journalistes de l'AFP, tard dans la nuit au Kremlin, précisant qu'il s'entretiendrait dans les heures qui viennent avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d'accueillir des pourparlers de paix. La Turquie, membre de l'Otan, avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d'un accord permettant l'exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire, dont la Russie avait par la suite claqué la porte.
Vladimir Poutine a averti que des discussions devraient porter sur "les causes profondes du conflit" - qu'il a qualifié de "guerre" bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes - "dans une perspective historique".
"Nous n'excluons pas qu'au cours de ces négociations, il soit possible de se mettre d'accord sur de nouveaux cessez-le-feu", a-t-il ajouté, accusant Kiev d'avoir violé à de multiples reprises de précédentes trêves ou moratoires sur les frappes sur les installations énergétiques.
Les Occidentaux prêts à mettre des sanctions "massives et coordonnées"
L'offensive massive lancée par la Russie en février 2022 a fait des dizaines de milliers de morts et la Russie occupe 20% du territoire ukrainien. Alors que les cartes ont été rebattues par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine, Moscou a rejeté jusqu'à présent les appels au cessez-le-feu.
Le Kremlin s'est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations des 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie, qui s'est achevée dans la nuit de samedi à dimanche. L'Ukraine n'a pas fait état de frappes de missiles russes de longue portée sur ses villes pendant cette trêve mais elle a accusé la Russie de centaines de violations sur la ligne de front.
Après un appel avec Donald Trump jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait assuré que son pays était "prêt" à mener "tous formats de négociations" avec Moscou, mais que la Russie devrait instaurer d'abord un cessez-le-feu. Volodymyr Zelensky a reçu samedi le soutien de ses alliés à l'occasion d'une visite à Kiev des dirigeants français Emmanuel Macron, allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk.
Selon le président français, une vingtaine de pays membres d'une "coalition des volontaires" de soutiens à l'Ukraine, qui ont échangé par visioconférence à Kiev avec les dirigeants autour de M. Zelensky, ont "décidé de soutenir un cessez-le-feu" de 30 jours, "avec une surveillance assurée principalement par les Etats-Unis d'Amérique" et à laquelle "tous les Européens contribueront".
Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou l'accepte mais le viole, il a été convenu que "des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains", a-t-il précisé.
L'Allemagne plaide pour poursuivre l'aide militaire à l'Ukraine
Volodymyr Zelensky et les quatre Européens ont téléphoné à Donald Trump pour l'informer des résultats de leurs entretiens. Friedrich Merz a évoqué la poursuite d'une "aide massive" à Kiev faute de réaction du Kremlin et estimé que la guerre russe en Ukraine "vise à détruire l'ordre politique européen tout entier".
Sur la chaîne américaine ABC vendredi soir, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait averti qu'un cessez-le-feu devrait être précédé d'un arrêt des livraisons d'armes occidentales. "Manoeuvre dilatoire", a répliqué Emmanuel Macron.
Sur le terrain, dans la nuit de samedi à dimanche, après l'expiration de la trêve décrétée par Moscou, des alertes aériennes ont retenti dans de nombreuses régions ukrainiennes, dont à Kiev. Non loin du front dans le nord-est du pays, le porte-parole de la brigade militaire Khartia a assuré à l'AFP qu'il n'y avait "pas de trêve" et que l'intensité des combats était restée "à peu près la même" que d'habitude, ses troupes ayant essuyé des tirs à l'arme lourde depuis jeudi, début du cessez-le-feu de trois jours décrété par Moscou.
L'ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d'une importante "attaque aérienne" russe ces prochains jours.