soldats ukrainiens février 2024 Ukraine Russie Donbass 2:28
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Solène Leroux avec AFP , modifié à
Alors que le conflit entre la Russie et l'Ukraine est désormais une guerre, Europe 1 revient sur les réactions possibles de la communauté internationale. Philippe Migault, directeur du Centre européen d'analyse stratégique (CEAS), spécialiste des questions de défense était l'invité d'Europe Midi. 
INTERVIEW

Après l'offensive de la Russie en Ukraine cette nuit, un sommet de l'Otan est prévu demain en visioconférence. On sait déjà que des forces terrestres et aériennes défensives supplémentaires vont être déployées dans la partie orientale de l'Alliance, donc près de l'Ukraine, ainsi que des moyens maritimes supplémentaires. "Les Alliés de l'Otan vont se réunir pour faire face aux conséquences des actions agressives de la Russie. Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien en ce moment terrible. L'Otan fera tout ce qu'il faut pour protéger et défendre tous les alliés", a précisé le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. 

Quelle peut être la réaction de l'Otan ? Invité de Romain Desarbres dans Europe midi, le directeur du Centre européen d'analyse stratégique (CEAS) Philippe Migault suppose que "l'Otan n'ira pas plus loin" que le "déploiement de force qu'on peut imaginer dans les républiques baltes, en Pologne ou en Roumanie".

D'après lui, l'alliance Atlantique "n'a jamais caché qu'elle ne comptait pas intervenir directement en Ukraine", tout en rappelant que l'Ukraine n'est pas membre de l'Otan, pas plus qu'elle "n'est une alliée de l'Otan". En résumé, "il n'y a donc aucune obligation diplomatique ou militaire de l'Otan vis-à-vis de l'Ukraine" selon Philippe Migault.

Un conflit ouvert inenvisageable

Le spécialiste explique également qu'intervenir au nom de l'Otan reviendrait "à entrer en guerre contre la Russie, et donc à entrer en guerre contre une puissance nucléaire". Une solution inenvisageable ? "C'est inimaginable pour deux raisons", affirme-t-il. Avant tout parce que la communauté internationale "n'a cessé d'éviter" un conflit ouvert "depuis 1949 et depuis que l'Union soviétique a l'arme atomique".

Ensuite, selon le directeur du CEAS, "quand on veut entrer en guerre, encore faut-il avoir les moyens de la gagner". Or, actuellement, Philippe Migault estime que si l'Otan peut envoyer "rapidement plusieurs milliers d'hommes et de blindés", elle ne "ferait pas de poids par rapport à l'armée russe si celle-ci décide de rentrer massivement en Ukraine". Ce conflit frontal se "traduirait par une défaite de l'Otan sur le sol ukrainien", c'est donc "bien entendu inenvisageable".

Est-ce que la paix en Europe est remise en cause, comme le dit Olaf Scholz, le chancelier allemand ? Pour Philippe Migault, "la paix en Europe est remise en cause depuis très longtemps déjà". Il explique que "la paix en Europe n'a pas vraiment existé dans les années 1990" en raison des conflits en ex-Yougoslavie. Il y voit d'ailleurs un parallèle clair avec les guerres de l'époque. Pour lui, "la guerre n'a jamais véritablement cessé", en rappelant le conflit géorgien de 2008, et que "depuis 2014, on se bat dans le Donbass".