Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 325e jour de l'invasion russe

Le premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l'envoi de chars d'assaut Challenger 2 en Ukraine.
Le premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l'envoi de chars d'assaut Challenger 2 en Ukraine. © Dinendra Haria / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 325e jour du conflit en Ukraine, des frappes ont touché Kiev, et auraient touché les infrastructures clés de la capitale, selon des responsables ukrainiens. D'un autre côté, l'incertitude demeure sur le sort de Soledar, la petite ville de l'est du pays dont la Russie a assuré ce vendredi avoir pris le contrôle. Enfin, le premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l'envoi de chars d'assaut dans le pays.
L'ESSENTIEL

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé qu'avait été achevée "le 12 janvier dans la soirée" la "libération de la ville de Soledar". Dans un rare signe de reconnaissance entre ces deux structures qui sont souvent entrées en rivalité sur le terrain en Ukraine, l'armée russe a salué ensuite dans un message les "actions courageuses" des combattants du groupe de mercenaires Wagner, dont les hommes ont mené "l'assaut direct contre les quartiers résidentiels de Soledar".

Le porte-parole du commandement Est de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, avait affirmé dans la journée que ses troupes gardaient la situation "sous contrôle dans des conditions difficiles" face "aux meilleures unités (du groupe russe de mercenaires) Wagner et d'autres forces spéciales" russes.

Les principales informations à retenir :

  • Le premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l'envoi de chars d'assaut Challenger 2 en Ukraine
  • Plusieurs explosions ont retenti dans Kiev ce samedi matin. Les frappes auraient pris pour cible des infrastructures clés de la capitale
  • Des attaques russes ont atteint les infrastructures énergétiques à Kharkiv et à Lviv
  • Kiev continue de démentir la prise par les Russes de Soledar, petite ville de l'est de l'Ukraine près de Bakhmout
  • L'Ukraine a de nouveau appelé ses alliés occidentaux à lui fournir plus d'armes pour faire face à l'armée russe

Au moins cinq morts et 27 blessés dans une frappe sur un immeuble d'habitation dans l'est de l'Ukraine

Au moins cinq personnes ont été tuées et 27 blessées dans une frappe russe sur un immeuble d'habitation de la ville de Dnipro, dans l'est de l'Ukraine, a-t-on appris auprès des autorités locales. "Il y a déjà cinq morts, 27 personnes ont été blessées et hospitalisées, dont six enfants", a déclaré le gouverneur de Dnipro, Valentin Reznitchenko, sur la messagerie Telegram, où il a posté la photo d'un bâtiment réduit en ruines.

Londres va envoyer des chars d'assaut Challenger 2 en Ukraine

Le Royaume-Uni va fournir à l'Ukraine des chars Challenger 2, devenant le premier pays à envoyer des chars lourds de facture occidentale pour aider Kiev face à l'invasion russe, a annoncé samedi Downing Street. Dans un entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a souligné "la volonté du Royaume-Uni d'intensifier son soutien à l'Ukraine, notamment en fournissant des chars Challenger 2 et des systèmes d'artillerie supplémentaires", a précisé Downing Street dans un communiqué.

M. Zelensky a remercié le Royaume-Uni sur Twitter pour avoir pris des décisions qui "non seulement nous renforceront sur le champ de bataille, mais enverront également le bon signal aux autres partenaires". Le gouvernement britannique ne précise pas combien de chars il compte envoyer à Kiev mais plusieurs médias britanniques évoque le nombre de 12 Challenger 2 : quatre seraient envoyés immédiatement et huit autres devraient suivre à court terme.

Les deux dirigeants britannique et ukrainien ont souligné au cours leur conversation la "nécessité de profiter" des récentes victoires ukrainiennes qui ont "repoussé les troupes russes". Depuis le début de l'invasion russe, il y a près d'un an, les alliés européens de Kiev ont déjà livré près de 300 chars soviétiques modernisés, mais jamais encore de chars lourds de facture occidentale, malgré les demandes répétées de l'Ukraine.

L'annonce britannique intervient après que la Pologne s'est dite prête mercredi à fournir 14 Leopard 2, des chars lourds de conception allemande considérés comme figurant parmi les plus performants du monde, une annonce saluée samedi par MM. Sunak et Zelenski. La semaine passée, France, Allemagne et Etats-Unis avaient promis l'envoi de véhicules blindés transportant de l'infanterie ou de chars de reconnaissance - 40 Marder allemands, 50 Bradley américains et des AMX-10 RC français. De nouvelles annonces pourraient intervenir le 20 janvier, à l'occasion de la prochaine réunion des alliés de l'Ukraine à Ramstein (Allemagne).

Frappes sur des infrastructures clés à Kiev ce samedi matin

Plusieurs explosions ont retenti samedi matin à Kiev, ont constaté des journalistes de l'AFP, des responsables ukrainiens affirmant que des frappes avaient pris pour cible des infrastructures clés de la capitale de l'Ukraine.

"Une attaque au missile sur des infrastructures essentielles" est en cours à Kiev, a indiqué un conseiller de la présidence ukrainienne Kyrylo Timochenko sur Telegram tandis que le maire de la ville Vitali Klitschko a rapporté des explosions dans le quartier de Dniprovskiy, appelant les habitants à "rester dans les abris".

Les services administratifs de la capitale ont indiqué qu'une des infrastructures de la ville avait été atteinte. Des fragments d'un missile sont tombés dans le quartier de Golosiivsky, sans faire de blessé, a encore indiqué Vitali Klitschko. Depuis le mois d'octobre et une série de revers en Ukraine, Moscou bombarde méthodiquement les infrastructures vitales du pays. Les compagnies d'électricité s'emploient à remettre au plus vite le réseau en état alors que le pays s'enfonce dans l'hiver.

Des attaques russes ont atteint des infrastructures énergétiques à Kharkiv et à Lviv

Des frappes russes ont visé samedi des infrastructures énergétiques stratégiques ukrainiennes, à Kharkiv (nord-est) et Lviv (ouest), ont annoncé des responsables ukrainiens.

"Des coupures de courant d'urgence ont été mises en oeuvre" après deux frappes contre des infrastructures, a déclaré le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Sinegoubov. A Lviv, les autorités ont mis en garde contre des interruptions dans l'approvisionnement en eau et en électricité.

Le ministère ukrainien de la Défense décrit une "phase difficile" du conflit

"C'est une phase difficile de la guerre", avait de son côté souligné la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, reconnaissant "une offensive (russe) de forte intensité". 

Selon l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un organisme basé aux Etats-Unis, la capture de Soledar, une petite ville d'environ 10.000 habitants avant le conflit, est cependant "peu susceptible de présager un encerclement imminent de Bakhmout", cible principale de l'armée russe, située à 15 kilomètres au sud-ouest de Soledar.

Elle "ne permettra pas aux forces russes d'exercer un contrôle sur les importantes lignes de communication terrestres ukrainiennes vers Bakhmout", notait-il dans son bulletin quotidien. Les combats dans et autour de Soledar font rage depuis plusieurs mois, mais leur intensité a fortement augmenté ces derniers jours.

Mercredi, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Soledar avec ses hommes, avant d'être contredit non seulement par Kiev, mais aussi par l'armée russe. Dans son bulletin quotidien, l'ISW avait indiqué penser que "les forces russes ont (en réalité) probablement capturé Soledar le 11 janvier", soit mercredi.

Pour appuyer ses propos, l'ISW évoquait notamment "des photos géolocalisées publiées les 11 et 12 janvier" qui "indiquent que les forces russes contrôlent probablement la plupart sinon la totalité de Soledar et ont probablement poussé les forces ukrainiennes hors de la périphérie ouest de la localité". 

À Siversk, à 25 km au nord de Soledar, les bruits de l'artillerie résonnaient vendredi. Dans les rues recouvertes d'une fine couche de neige, seuls quelques habitants et des militaires déambulaient, par un vent glacial. "Nous avons peur mais où pouvons-nous aller ?", interroge Oleksandre Sirenko, 55 ans, occupé à récupérer des morceaux de fenêtres pour les utiliser comme bois de chauffage. "On espère seulement que (l'armée ukrainienne) ne reculera pas", dit-il à l'AFP.

Kiev appelle de nouveau ses alliés à fournir des armes

Pour faire face à l'armée russe, Kiev a de nouveau appelé ses alliés occidentaux à lui fournir plus d'armes et d'équipements militaires performants. "Pour gagner cette guerre, nous avons besoin de plus d'équipements militaires, d'équipements lourds", a exhorté sur Telegram Andriï Iermak, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, alors que l'Ukraine réclame inlassablement des chars lourds ainsi que des missiles de longue portée.

L'Ukraine a estimé vendredi être devenue "de facto" membre de l'Otan. "C'est vrai. C'est un fait", a déclaré à la BBC le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. "Je suis sûr que dans un avenir proche, nous deviendrons membre de l'Otan, de jure", a-t-il poursuivi, en écho à la demande formelle de Kiev à ce sujet.

L'Alliance a annoncé vendredi le déploiement d'avions de surveillance Awacs en Roumanie à partir de mardi pour soutenir sa présence renforcée dans la région et "surveiller l'activité militaire russe". En visite aux Etats-Unis, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a assuré vendredi que la participation de son pays aux mesures contre la Russie avait "renouvelé le combat contre l'agression russe en Ukraine, le faisant passer d'une lutte transatlantique à une lutte mondiale".

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni une nouvelle fois pour discuter de la situation en Ukraine vendredi, près de onze mois après le début de l'invasion russe. "L'Ukraine, la Russie, le monde ne peuvent se permettre que cette guerre continue", a souligné la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo. Mais "c'est la logique militaire qui domine, avec très peu d'espace de dialogue pour le moment, si tant est qu'il y en ait le moindre", a-t-elle ajouté, ne voyant "aucun signe d'une fin des combats".