Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 512e jour de l'invasion russe

La ville d'Odessa  a vécu une nouvelle "nuit d'enfer" après des bombardements.
La ville d'Odessa a vécu une nouvelle "nuit d'enfer" après des bombardements. © BULENT KILIC / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 512e jour de l'invasion russe, le sud de l'Ukraine a vécu une nouvelle "nuit d'enfer" après des frappes russes qui ont visé en priorité Odessa, grand port de la mer Noire, troisième nuit consécutive d'attaques depuis l'expiration d'un accord crucial pour l'alimentation mondiale. L'Ukraine considèrera les navires en mer Noire allant vers la Russie comme potentiels "bateaux militaires".
L'ESSENTIEL

Le sud de l'Ukraine a vécu une nouvelle "nuit d'enfer" après des frappes russes qui ont visé en priorité Odessa, grand port de la mer Noire, troisième nuit consécutive d'attaques depuis l'expiration d'un accord crucial pour l'alimentation mondiale. Au moins deux civils ont été tués dans ces bombardements à Odessa et Mykolaïv, autre ville du sud ukrainien, ont indiqué les autorités locales qui ont diffusé d'impressionnantes images montrant des bâtiments en flammes et des façades détruites.

Les informations principales : 

  • La ville d'Odessa a vécu une nouvelle "nuit d'enfer" après des frappes russes sur Odessa, grand port de la mer Noire.
  • Il s'agit de la troisième nuit d'attaque depuis l'expiration de l'accord sur les céréales ukrainiennes.
  • Cette attaque a fait un mort et plus de vingt blessés.

À Odessa, le corps d'un gardien d'immeuble a été "retrouvé sous les décombres" après une frappe qui a détruit "un bâtiment administratif" dans le centre et endommagé plusieurs immeubles résidentiels, selon le gouverneur de la région Oleg Kiper. Il a précisé que le consulat de Chine a également été "endommagé" dans l'attaque.

À Mykolaïv, "au moins cinq immeubles résidentiels ont été endommagés", a indiqué le maire Oleksandre Sienkevitch, son adjoint Anatoli Petrov précisant qu'un corps a été retrouvé. Ces frappes ont fait plus de 20 blessés, selon les différents bilans cumulés des autorités locales.

"Une nuit d'enfer pour notre peuple !", a réagi le patron du service ukrainien des Situations d'urgence, Serguiï Krouk, l'armée de l'air ukrainienne indiquant que Moscou a lancé au total 38 missiles et drones sur les deux villes. "Malheureusement, il n'a pas été possible d'intercepter tous les missiles, en particulier les missiles supersoniques Kh-22 et Onyx, qui sont très difficiles à détruire", a précisé sur Telegram Oleg Kiper.

Ces missiles, rarement tirés par Moscou, avaient déjà été utilisés lors de l'attaque russe dans la nuit de mardi à mercredi, qui a ciblé les terminaux céréaliers et les infrastructures portuaires d'Odessa et de Tchornomorsk, détruisant des silos et, notamment, 60.000 tonnes de grains. 

Dans le nord-ouest de la péninsule annéxée de Crimée, "quatre bâtiments administratifs ont été endommagés" par des attaques de drones ukrainiens, a indiqué le gouverneur local installé par Moscou, Sergueï Aksionov, sur Telegram. "Une adolescente est morte" dans cette attaque, a-t-il ajouté.

L'incendie qui s'est déclaré mercredi sur un terrain militaire de l'est de la Crimée, nécessitant l'évacuation de plus de 2.000 personnes, était lui toujours en cours. La fréquence des détonations, qui pourraient être celles de stocks de munitions, "a considérablement diminué", ont indiqué sur Telegram les autorités locales. Kiev n'a pas revendiqué mais frappe régulièrement des garnisons ou des stocks de matériel russes en profondeur des lignes, jusque dans la péninsule de Crimée.

Menaces russes en mer Noire

"Les terroristes russes continuent leurs tentatives de détruire la vie dans notre pays", a réagi jeudi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. L'armée russe avait elle affirmé mercredi ne viser que "des sites industriels militaires, des infrastructures pour le carburant et des dépôts de munitions de l'armée ukrainienne".

Après son retrait de l'accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes, Moscou a aussi menacé les bateaux en route vers les ports ukrainiens, assurant qu'ils seraient désormais "considérés comme des bateaux transportant potentiellement des cargaisons militaires". Selon Washington, Moscou "pourrait élargir son ciblage (...) pour inclure des attaques sur des bateaux civils" et ensuite "faire porter la responsabilité de ces attaques à l'Ukraine".

Le Kremlin s'est retiré mardi de l'accord signé en juillet 2022 sous l'égide des Nations unies et de la Turquie, dénonçant les entraves au commerce de ses propres engrais et produits agricoles. Vladimir Poutine a assuré mercredi que la Russie était prête à revenir à l'accord si ses demandes étaient réalisées "dans leur totalité", accusant les Occidentaux de "chantage politique". Conséquence de la fin de l'accord, le blé a clôturé mercredi à 253,75 euros la tonne sur le marché européen, en hausse de plus de 8%.

Des patrouilles demandées par Kiev

En réponse, Kiev demande désormais la mise en place de "patrouilles militaires" navales sous mandat de l'ONU, a indiqué à l'AFP Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. Il a également exclu toute négociation avec Moscou, dont l'objectif est selon lui de "détruire" l'Ukraine. Sur le front, les combats se concentrent dans l'est de l'Ukraine où les deux armées se font face. Près de Koupiansk, dans le nord-est, la Russie a assuré mercredi avoir avancé d'un kilomètre.

Selon Mykhailo Podoliak, Kiev a besoin, pour briser les solides lignes de défense russes, de "200 à 300 véhicules blindés supplémentaires, avant tout des chars", de "60 à 80 avions F-16" et de "cinq à 10 systèmes supplémentaires de défense antiaérienne" américains Patriot, ou leur équivalent français SAMP/T. Le Pentagone a annoncé mercredi un nouveau plan d'aide militaire de 1,3 milliard de dollars, comprenant notamment quatre systèmes de défense anti-aérienne, pour "repousser l'agression russe à moyen et long terme".

Moscou annonce des restrictions pour les déplacements des diplomates britanniques en Russie

Moscou a annoncé jeudi des restrictions pour les déplacements des diplomates britanniques en Russie "en réponse aux actions hostiles" du Royaume-Uni, fidèle soutien financier et militaire de l'Ukraine. Le chargé d'affaires britannique, Tom Dodd, a été convoqué jeudi au ministère des Affaires étrangères à Moscou et "informé" de "l'introduction d'une procédure de notification pour les déplacements des employés de la mission diplomatique britannique" en Russie, a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.

Concrètement, les diplomates britanniques -- à quelques exceptions près -- devront désormais "envoyer un préavis d'au moins cinq jours ouvrables en cas de déplacement en dehors d'une zone de libre circulation de 120 km" autour de Moscou et Ekaterinbourg, selon le communiqué. Ledit document "doit contenir des informations sur la date, le but, le type du déplacement, les contacts (...), les personnes accompagnantes, le mode de transport, les lieux de visite et d'hébergement, ainsi que l'itinéraire du voyage".

Dans son communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères assure agir ainsi en réponse à l'"entrave du fonctionnement normal" de la mission diplomatique russe au Royaume-Uni. Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, les relations entre Moscou et Londres se sont considérablement dégradées.

Londres a notamment mis en place de nombreuses sanctions contre des entreprises et autres personnalités russes, dont certaines accusées d'avoir joué un rôle dans la "déportation forcée d'enfants ukrainiens" par Moscou, qui rejette ces accusations.