Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 450e jour de l'invasion russe

Aux Etats-Unis comme en Europe, subsiste cette crainte que la guerre en Ukraine "devienne un conflit perpétuel".
Aux Etats-Unis comme en Europe, subsiste cette crainte que la guerre en Ukraine "devienne un conflit perpétuel". © OLEKSANDR GIMANOV / AFP
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avec AFP / Crédit photo : OLEKSANDR GIMANOV / AFP , modifié à
Au 450e jour de l'invasion russe, Kiev et d'autres villes ukrainiennes ont à nouveau été attaquées vendredi à l'aube par les forces russes, selon l'armée ukrainienne qui a affirmé avoir intercepté tous les drones explosifs qui visaient la capitale.
L'ESSENTIEL

La probable offensive militaire ukrainienne de printemps sera évaluée à l'aune des éventuels gains territoriaux de Kiev face aux forces russes et permettra par ailleurs de jauger l'efficacité de l'aide massive en armement fournie par les pays de l'Otan, estiment plusieurs experts. Si la nouvelle poussée armée contre la Russie venait à s'embourber, les craintes occidentales d'un conflit prolongé et sans issue n'en seraient que renforcées.

Une telle hypothèse fournirait également des cartouches à toute une frange d'élus à Washington et en Europe qui s'opposent à un soutien sans condition à l'Ukraine.

Les informations à retenir :

  • L'aide militaire internationale à Kiev se chiffre en dizaines de milliards de dollars.
  • Kiev a vécu une nouvelle nuit d'attaques aériennes ente jeudi et vendredi.
  • Zelensky est attendu en personne au Japon pour le G7 alors que de nouvelles sanctions ont été annoncées contre la Russie.
  • Le Premier ministre russe se rendra en Chine les 23 et 24 mai après l'invitation de son homologue chinois.
  • Joe Biden signale son feu vert à la livraison de F-16 à l'Ukraine
  • Le président ukrainien remercie le prince d'Arabie Saoudite pour son soutien 

"Si l'offensive n'est pas un franc succès, je pense qu'ils seront beaucoup à pointer des doigts accusateurs", affirme Mark Cancian, un conseiller au cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies à Washington, notant ainsi que l'Ukraine pourrait citer l'absence d'armement et de munitions qu'elle avait fortement sollicités comme facteur de cet échec.

Zelensky remercie le prince d'Arabie Saoudite pour son soutien

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré vendredi à Jeddah, en Arabie Saoudite, le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et l'a remercié de soutenir la souveraineté de l'Ukraine, selon un communiqué de la présidence ukrainienne. "Le président a remercié le prince héritier d'Arabie Saoudite pour son soutien à l'intégrité territoriale et à la souveraineté de l'Ukraine", a déclaré le bureau de Zelensky, ajoutant qu'il avait invité le prince héritier à visiter l'Ukraine.

Zelensky, qui a participé au sommet de la Ligue Arabe à Jeddah, "a noté la participation efficace de l'Arabie Saoudite au retour de dix prisonniers de guerre" et a déclaré qu'il espérait poursuivre les efforts communs sur cette question. Le président ukrainien a également rencontré le Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Sudani, qu'il a remercié pour "la solidarité de l'Irak" et sa "position ferme de soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de notre Etat."

Il s'est également entretenu avec les chefs des délégations des Emirats arabes unis (EAU), d'Oman et du Koweït. Le dirigeant ukrainien a abordé avec le chef de la délégation des Emirats arabes unis des questions relatives au commerce et à l'investissement, ainsi que "la sécurité alimentaire mondiale et les travaux de l'initiative sur les céréales de la mer Noire".

Biden signale son feu vert à la livraison de F-16 à l'Ukraine

Joe Biden a signalé aux dirigeants du G7 qu'il donnera son feu vert à la livraison par les Occidentaux d'avions de combat à l'Ukraine, y compris des F-16 américains, a fait savoir vendredi un haut responsable de la Maison Blanche. Le président américain, qui participe au sommet du G7 au Japon, a assuré ses interlocuteurs de son "soutien à une initiative commune visant à entraîner des pilotes ukrainiens sur des avions de combat de quatrième génération, y compris des F-16", selon cette source.

Joe Biden, qui orchestre la réponse occidentale face à la Russie, fait face à une pression grandissante pour autoriser l'envoi de chasseurs américains F-16 à l'Ukraine, non pas par les Etats-Unis eux-mêmes mais par d'autres pays qui en possèdent.

Zelensky salue la décision américaine "historique" d'autoriser la livraison d'avions de combat

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué vendredi la décision "historique" du président américain Joe Biden qui s'est dit prêt à autoriser d'autres pays à fournir à l'Ukraine les avions de combat qu'elle réclame, des F-16 de fabrication américaine. "Je salue la décision historique des Etats-Unis et (du président américain) de soutenir la coalition internationale favorable à la livraison d'avions de combat. Cela va considérablement aider notre armée de l'air", a-t-il écrit sur Twitter.

La crainte que la guerre en Ukraine devienne "un conflit perpétuel sans issue claire"

Aux Etats-Unis comme en Europe, subsiste cette crainte que la guerre en Ukraine "devienne un conflit perpétuel (...) sans issue claire, entraînant un grand nombre de victimes et coûtant de l'argent", explique Mark Cancian. Mais, pour William Courtney, un chercheur à Washington au cercle de réflexion RAND, le soutien occidental devrait continuer à affluer même si la contre-offensive ukrainienne ne se déroule pas comme espéré. "L'Europe et les Etats-Unis se sont montrés résolus dans leur soutien à l'Ukraine. Il est improbable que cela change malgré les protestations de certains hommes politiques aux tendances isolationnistes ou pessimistes", avance-t-il.

L'Ukraine a déjà remporté des gains considérables contre les forces russes, mais hormis les combats acharnés dans et autour de la ville de Bakhmout, une certaine accalmie a été observée sur la ligne de front depuis la reconquête de Kherson par l'armée ukrainienne l'an dernier.

L'aide militaire internationale à Kiev se chiffre ainsi en dizaines de milliards de dollars

La Russie a utilisé cet intervalle de temps pour renforcer ses lignes de défense que les troupes ukrainiennes devront transpercer pour escompter un succès de leur offensive. "Les Russes se sont retranchés depuis des mois maintenant et on peut voir qu'ils ont préparé beaucoup de positions", estime Mark Cancian. "Les Ukrainiens vont devoir perforer cette ligne de front afin de faire parvenir tout leur nouvel armement blindé au-delà des fortifications en terrain ouvert", précise-t-il.

Les pays soutiens de l'Ukraine ont réalisé des investissements considérables dans ses forces armées, notamment en fournissant plus de 230 chars blindés. L'aide militaire internationale à Kiev se chiffre ainsi en dizaines de milliards de dollars, Etats-Unis en tête.

Outre les blindés et autres véhicules fournis, l'aide à l'Ukraine comprend un certain nombre de systèmes de défense anti-aérienne, des systèmes de lance-roquettes de précision, des pièces d'artillerie, ou encore -- entre autres -- un large éventail de munitions.

Les États-Unis ont formé 11 bataillons ukrainiens, soit 6.100 soldats

Les Etats-Unis ont également formé 11 bataillons ukrainiens, représentant quelque 6.100 soldats, aux opérations d'armes combinées (air, terre,...) et quelque 4.000 supplémentaires sur des systèmes d'armement. Une vingtaine d'autres pays ont également entrepris de former des soldats ukrainiens. 

Mais au-delà des ressources de défense que les pays occidentaux ont données à l'Ukraine, ils ont "également investi du capital politique", affirme Gian Gentile, historien à l'organisation RAND. Il note ainsi la présence d'une "puissante et active minorité politique" aux Etats-Unis qui s'oppose au soutien à Kiev. "Clairement les enjeux sont forts pour les Etats-Unis et l'Otan dans cette probable contre-offensive", et "il semble que l'Ukraine, particulièrement ses hauts responsables politiques et militaires, comprennent bien l'importance" de celle-ci également, estime Gian Gentile.

Pour l'historien, il faudra user de patience pour tirer au clair les résultats de l'offensive ukrainienne. Il dit espérer que "les Etats-Unis et l'Otan comprendront que chaque champ de bataille (...) est différent". Les contours du "champ de bataille de cette future contre-offensive prendront peut-être des semaines voire des mois à se dévoiler avant d'en connaître l'issue."

Nouvelle nuit d'attaques aériennes en Ukraine

Kiev et d'autres villes ukrainiennes ont à nouveau été attaquées vendredi à l'aube par les forces russes, selon l'armée ukrainienne qui a affirmé avoir intercepté tous les drones explosifs qui visaient la capitale. Parallèlement, en marge d'un sommet du G7 au Japon, le Royaume-Uni, l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions visant l'économie de la Russie, et notamment le secteur des diamants, dans le but de restreindre sa capacité à financer la guerre.

"La dixième attaque aérienne en 19 jours en mai!" a écrit sur Telegram l'administration militaire de la ville de Kiev, qui a fait état de "plusieurs vagues" de drones explosifs durant la nuit. "Toutes les cibles aériennes détectées se déplaçant en direction de Kiev ont été détruites", a-t-elle affirmé. Des responsables militaires et médias ont également fait état d'explosions à Lviv et Rivne, dans l'ouest, ou encore à Kherson et Kryvyi Rih, dans le sud.

Zelensky attendu en personne au Japon pour le G7, nouvelles sanctions contre la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu en personne au sommet du G7 qui se tient de vendredi à dimanche à Hiroshima, au Japon, et dont les dirigeants ont d'ores et déjà annoncé de nouvelles sanctions pour enrayer la "machine de guerre" russe.

Le déplacement dans la ville japonaise, symbole mondial de la paix du chef d'État devenu depuis quinze mois chef de guerre a été confirmée à l'AFP par une source proche du dossier à Hiroshima, qui n'a pas précisé quand il arriverait. "Des choses très importantes seront décidées sur place, et donc la présence, la présence en personne de notre président est absolument essentielle pour défendre nos intérêts", a dit le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov.

Le Premier ministre russe en Chine les 23 et 24 mai

Le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine effectuera une visite en Chine les 23 et 24 mai, ont annoncé vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères et le Kremlin. "A l'invitation du Premier ministre Li Qiang (...) le Premier ministre de la Fédération de Russie Michoustine se rendra en visite officielle en Chine du 23 au 24 mai", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin.

"La coopération sino-russe dans les domaines économique et commercial sera discutée", a indiqué le Kremlin. "Une attention particulière sera portée à l'industrie, l'énergie, les infrastructures de transport et l'agriculture", a ajouté le Kremlin, précisant que plusieurs accords bilatéraux devaient être signés à l'occasion de cette visite. M. Michoustine se rendra aussi à Shanghai où il participera à un forum économique sino-russe. 

Mi-mars, le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine avaient loué l'entrée dans une "nouvelle ère" de leur relation "spéciale", à l'issue d'un sommet à Moscou.