Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 430e jour de l'invasion russe

Kiev a affirmé être prête pour démarrer son offensive de printemps contre les forces russes. (Illustration)
Kiev a affirmé être prête pour démarrer son offensive de printemps contre les forces russes. (Illustration) © OLEKSII CHUMACHENKO / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP / Crédit photo : OLEKSII CHUMACHENKO / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP , modifié à
Au 430e jour de l'invasion russe en Ukraine, Kiev a affirmé être prête pour démarrer son offensive de printemps contre les forces russes, dont plusieurs attaques ont fait au moins 26 morts vendredi dans plusieurs villes du pays. Un incendie s'est déclaré dans un dépôt de pétrole à Sébastopol, en Crimée, après une attaque de drones.
L'ESSENTIEL

La ville de Nova Kakhovka, située dans la région de Kherson, dans le sud ukrainien, a été privée d'électricité samedi après d'"intenses" tirs d'artillerie ukrainiens, ont affirmé les autorités locales installées par la Russie. "En raison d'intenses tirs d'artillerie aujourd'hui (...) Nova Kakhovka est restée sans électricité", a indiqué dans un communiqué l'administration militaire et civile installée par la Russie dans cette ville, qui comptait 45.000 habitants avant le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022.

Les travaux de réparation visant à rétablir l'électricité vont commencer aussitôt que ces tirs d'artillerie "des plus cruels" auront fini, précise le communiqué qui fait état des "dégâts" infligés à la centrale électrique municipale et des lignes de transmission.

Moscou revendique depuis septembre 2022 l'annexion de la région de Kherson ses forces ne contrôlent que partiellement. L'armée russe a même essuyé un revers majeur l'an dernier à Kherson, étant forcée d'abandonner la capitale régionale du même nom. Fin mars, le ministère ukrainien de la Défense a annoncé que les forces russes s'étaient retirées de leurs positions de Nova Kakhovka, où se trouve notamment un barrage hydroélectrique. Cette information a ensuite été démentie par l'état-major ukrainien, qui a reconnu une erreur.

Les informations à retenir : 

  • Kiev a affirmé être prête pour démarrer son offensive de printemps contre les forces russes.
  • Un incendie s'est déclaré samedi dans un dépôt de pétrole de Sébastopol, après une attaque de drones.
  • Plusieurs frappes russes ont fait au moins 26 morts vendredi.
  • Les pays membres de l'Otan et leurs partenaires ont fourni aux Ukrainiens 230 chars de combat et 1.550 autres véhicules blindés.
  • Le président Zelensky demande l'aide de la Chine dans le dossier du retour des enfants ukrainiens "déportés" par la Russie.

Un incendie se déclare dans un dépôt de pétrole à Sébastopol après une attaque de drones

Un important incendie s'est déclaré samedi dans un dépôt de pétrole à Sébastopol, le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée annexée, après une attaque de drones, ont annoncé les autorités locales. "Un incendie est en cours dans un dépôt de pétrole dans la baie de Kazatchia (...). Selon de premières informations, il a été provoqué par une attaque de drones", a écrit sur Telegram le gouverneur de Sébastopol, Mikhaïl Razvojaïev, soulignant que "personne n'a été blessé".

Soixante pompiers ont été dépêchés sur place pour lutter contre le feu qui sévit sur une surface d'environ 1.000 m2 et ne devrait être maîtrisé que vers le soir, a-t-il ajouté. "La situation est sous contrôle", a assuré sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev, affirmant que "les infrastructures civiles ne sont pas menacées".

Cité par l'agence de presse publique Ria Novosti, il a ensuite précisé aux journalistes qu'au total quatre citernes de pétrole avaient été endommagées dans l'attaque et "ont brûlé". Depuis le déclenchement de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, la Crimée, une péninsule annexée par la Russie en 2014, a plusieurs fois été la cible d'attaques de drones aériens et navals.

Mi-avril, les autorités ont annoncé l'annulation des célébrations des 1er et 9 mai (date officielle de la fin de la Deuxième guerre mondiale en Russie) sur la péninsule, évoquant "des problèmes de sécurité".

Kiev se dit prête pour son offensive de printemps contre les forces russes

L'Ukraine a affirmé être prête pour démarrer son offensive de printemps contre les forces russes, dont plusieurs attaques ont fait au moins 26 morts vendredi dans plusieurs villes du pays. "Les préparatifs touchent à leur fin", a déclaré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov au sujet de la grande attaque que son pays veut lancer pour reconquérir les territoires occupés dans l'est et le sud par la Russie.

"L'équipement a été promis, préparé et partiellement livré. Au sens large, nous sommes prêts", a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse. "Quand Dieu le voudra, (quand il y aura) la météo et la décision des commandants, on le fera". Mais il a ajouté que les puissants chars Abrams promis par les Etats-Unis "n'auront pas le temps de participer à cette contre-offensive", leur livraison à l'Ukraine ne devant intervenir que fin 2023.

Volodymyr Zelensky exige une "riposte" internationale à la "terreur" russe

Quelques heures auparavant, plusieurs frappes de missiles de croisière russes, les premières d'ampleur depuis début mars, ont atteint des immeubles d'habitation, provoquant la mort d'au moins 23 personnes à Ouman (centre), de deux autres à Dnipro (centre-est) et d'un homme de 56 ans retrouvé sous les décombres de sa maison dans la province de Kherson (sud).

"Chaque attaque, chaque acte pervers contre notre pays et (notre) peuple rapproche l'Etat terroriste de l'échec et de la punition", a réagi sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a exigé une "riposte" internationale à la "terreur" russe.

La Russie a de son côté affirmé avoir bombardé des "points de déploiement temporaires des unités de réserve des forces armées ukrainiennes" avec des "armes de haute précision". "Toutes les cibles assignées ont été atteintes", a affirmé le ministère russe de la Défense.

A Ouman, une cité de 80.000 habitants, des journalistes de l'AFP ont vu un immeuble d'habitation éventré par un missile, des secouristes en train de sortir des corps et des personnes meurtries attendant des nouvelles de leurs proches. "Je veux voir mes enfants, vivants ou morts", lance à l'AFP Dmytro, 33 ans, un résident du bâtiment touché. "Ils sont sous les décombres". Au moins 23 personnes, dont quatre enfants, sont mortes dans cet immeuble, selon le dernier bilan en date du ministère de l'Intérieur.

Dnipro et Kiev aussi visées

Une autre frappe russe, sur Dnipro, une agglomération du centre-est de l'Ukraine, a causé la mort d'"une jeune femme" et d'"un enfant de trois ans", a dit sur Telegram son maire Borys Filatov. Au total, l'armée ukrainienne a annoncé sur Telegram avoir abattu "21 missiles de croisière de type X-101/X-555 sur un total de 23 ainsi que deux drones".

De leur côté, les autorités installées par Moscou ont annoncé vendredi que neuf personnes avaient été tuées et 16 blessées dans des frappes des forces ukrainiennes sur Donetsk, la principale ville contrôlée par les Russes dans l'est de l'Ukraine.

Une contre-offensive attendue

Cet hiver, la Russie avait tenté de plonger l'Ukraine dans le noir et le désarroi, pilonnant ses infrastructures énergétiques, une stratégie qui a toutefois échoué. La perspective d'une prochaine offensive de l'armée ukrainienne, appuyée par de puissants équipements occidentaux, ferait entrer la guerre dans une nouvelle phase, après plus d'un an de conflit à haute intensité.

Depuis plusieurs mois, l'Ukraine affirme vouloir lancer un assaut décisif pour renverser le cours de l'invasion russe et libérer les près de 20% de son territoire occupés, dont la péninsule de Crimée. Pour lui venir en aide, les pays membres de l'Otan et leurs partenaires ont fourni aux Ukrainiens 230 chars de combat et 1.550 autres véhicules blindés, a annoncé jeudi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.

Et Kiev s'est félicité vendredi de l'arrivée de canons Caesar en provenance du Danemark, sans en préciser le nombre. Copenhague avait toutefois promis en février dernier de livrer 19 de ces canons de fabrication française. 

Les forces russes se cassent les dents sur Bakhmout

La Russie a de son côté mobilisé des centaines de milliers de réservistes. Malgré le soutien en première ligne des paramilitaires du groupe Wagner, les forces russes se cassent les dents sur Bakhmout, une cité de l'Est qu'elles tentent de prendre depuis l'été dernier, la bataille la plus longue et la plus sanglante de cette guerre. Pour Moscou, il s'agit de brandir une victoire après plusieurs revers humiliants l'an dernier. Les affrontements y sont devenus plus durs car des forces spéciales russes combattent désormais dans la ville, selon l'armée ukrainienne.

Près de Bakhmout, Alex, 34 ans, s'apprête à partir dans une tranchée sur le front pour défendre la ville. "Nous manquons de soldats, nous avons beaucoup de blessés, et aussi des morts (...). Parfois dans les tranchées, on doit se cacher derrière un cadavre. Peu importe qu'il s'agisse d'un Ukrainien ou d'un autre, c'est le seul moyen de survivre", raconte-t-il.

L'Ukraine demande l'aide de la Chine

Kiev explique sa stratégie de guerre d'usure dans la zone pour limiter au maximum les possibilités pour l'armée russe de poursuivre sa conquête du Donbass, un grand bassin industriel dans la partie orientale de l'Ukraine. Et sur le front diplomatique, le président Zelensky a annoncé vendredi avoir demandé l'aide de la Chine dans le dossier du retour des enfants ukrainiens "déportés" par la Russie, dont le nombre est officiellement évalué à au moins 20.000 par Kiev.