Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 399e jour de l'invasion russe

Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a admis mercredi que les sanctions internationales visant Moscou "peuvent" avoir des conséquences "négatives" à "moyen terme" sur l'économie russe. © Mikhail Metzel / SPUTNIK / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 399e jour de l'invasion russe, Vladimir Poutine a admis mercredi que les sanctions internationales visant Moscou "peuvent" avoir des conséquences "négatives" à "moyen terme" sur l'économie russe. Pendant ce temps, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi est arrivé mercredi à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia.
L'ESSENTIEL

Vladimir Poutine a admis mercredi que les sanctions internationales visant Moscou pour son offensive en Ukraine "peuvent" avoir des conséquences "négatives" à "moyen terme" sur l'économie nationale, après avoir pourtant vanté ces derniers mois l'adaptation de la Russie face à cette nouvelle conjoncture. "Les sanctions imposées à l'économie russe à moyen terme peuvent vraiment avoir un impact négatif sur celle-ci", a mis en garde le président russe lors d'une réunion avec le gouvernement retransmise à la télévision.

Les principales informations à retenir :

  • La centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par les forces russes, est dans un "état précaire", laissant craindre à l'AIEA un accident nucléaire
  • "On joue avec le feu", alerte Rafael Grossi, le directeur de l'AIEA en visite sur place ce mercredi
  • Sur le front diplomatique, le Kremlin a martelé mercredi que la "guerre hybride" entre Russie et Occidentaux durerait "longtemps"
  • L'Espagne livrera les six chars Leopard qu'elle a promis à l'Ukraine après la semaine de Pâques
  • Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a affirmé "essayer" de trouver un compromis entre Moscou et Kiev pour sécuriser la centrale nucléaire de Zaporijjia
  • La commission budgétaire du Bundestag a donné mercredi son feu vert à de nouvelles aides militaires en faveur de l'Ukraine

L'Allemagne engage une hausse significative de son aide à l'Ukraine

La commission budgétaire du Bundestag a donné mercredi son feu vert à de nouvelles aides militaires en faveur de l'Ukraine, à hauteur de 8 milliards d'euros pour les années à venir. Les fonds débloqués d'ici 2032 atteignent désormais 12 milliards d'euros au total, à la fois en aides directes à Kiev et en faveur de l'armée allemande, victime de sous-investissements avant l'offensive russe et délestée d'une partie de ses stocks au profit de l'Ukraine.

Quelque 8 milliards d'euros seront dépensés pour l'achat direct d'armes et d'équipements au profit de l'Ukraine. Les 4 autres milliards seront alloués à la Bundeswehr. L'aide allemande va ainsi bondir d'un montant d'environ 3 milliards jusqu'ici engagés à quelque 15 milliards d'euros, en incluant les montants prévus pour les remplacements d'équipements de l'armée allemande. Ces nouveaux fonds marquent une "étape très importante qui montre clairement que nous soutenons l'Ukraine à long terme dans sa lutte contre (le présidenr russe Vladimir) Poutine", a estimé le ministre de la Défense Boris Pistorius.

Ils vont notamment permettre de poursuivre dans les années à venir la livraison à Kiev de véhicules blindés, chars, munitions ou encore véhicules à neige, a détaillé le ministre dans une déclaration transmise par ses services. L'armée allemande, qui souffre d'un sous-équipement chronique depuis des décennies, va pouvoir se doter de nouveaux obusiers blindés de type 2000, des canons auto-moteurs construits par l'Allemand Krauss-Maffei-Wegmann.

Le chef de l'AIEA dit "essayer" de trouver un compromis sur la centrale nucléaire de Zaporijjia

Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a affirmé mercredi "essayer" de trouver un compromis entre Moscou et Kiev pour sécuriser la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, près de laquelle il a déploré une "hausse de l'activité militaire". Rafael Grossi s'est exprimé lors d'une visite mercredi sur le site de cette centrale nucléaire occupée par les troupes russes dans le Sud de l'Ukraine, et pour laquelle la Russie a invité la presse dont l'AFP.

"J'essaie de préparer et de proposer des mesures réalistes qui seront approuvées par toutes les parties", a déclaré le chef de l'AIEA en précisant que ce compromis concernerait la centrale en elle-même et non plus seulement une zone de sécurité autour de celle-ci, sur laquelle portaient jusque-là les négociations, infructueuses. "Il faut éviter une catastrophe", a-t-il ajouté, regrettant que "l'activité militaire est à la hausse dans toute cette région" avec notamment une "augmentation significative du nombre de soldats". "L'idée est de s'entendre sur certains principes, certains engagements, dont ne pas attaquer la centrale", a poursuivi Rafael Grossi, qui a une nouvelle fois appelé à ne pas entreposer d'armes et d'équipements militaires lourds sur le site, occupé par Moscou depuis mars 2022.

L'Espagne livrera six Leopard à l'Ukraine après Pâques

L'Espagne livrera les six chars Leopard qu'elle a promis à l'Ukraine après la semaine de Pâques, a annoncé mercredi la ministre de la Défense, Margarita Robles. "Ces six chars de combat (...) seront envoyés en Ukraine après la semaine de Pâques", a-t-elle déclaré à la Chambre des députés, soit à partir du 10 avril. L'Espagne avait annoncé fin février l'envoi de ces chars. Stockés dans une base militaire à Saragosse (nord), ces Leopard 2A4 n'étaient plus utilisés depuis de nombreuses années et ont dû être réparés. L'armée espagnole, qui a formé des militaires ukrainiens à leur utilisation, fait actuellement d'ultimes tests sur ces appareils avant qu'ils ne soient livrés, a précisé la ministre.

En visite à Kiev, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait annoncé le 23 février que Madrid pourrait en envoyer quatre de plus. "Ces quatre chars supplémentaires devront faire l'objet d'une réparation", a confirmé Margarita Robles, sans donner d'indication sur le calendrier de leur futur envoi en Ukraine. L'Allemagne a confirmé lundi avoir livré pour sa part 18 Leopard à Kiev, qui a également reçu récemment des Challengers britanniques. Ces tanks, réclamés depuis longtemps par l'Ukraine, arrivent à temps pour l'offensive de printemps qu'elle prévoit de mener contre l'armée russe.

Le patron de l'AIEA arrive à la centrale nucléaire de Zaporijia

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi est arrivé mercredi à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupée par les forces russes et dont la sécurité est source d'inquiétude pour la communauté internationale.

Il s'agit de sa deuxième visite dans cette centrale nucléaire du sud de l'Ukraine, la plus grande d'Europe, occupée par les forces russes depuis le début de la guerre en février 2022. Son précédent déplacement remonte au mois de septembre, date depuis laquelle l'AIEA dispose d'une équipe d'experts sur place.

La crainte d'un accident nucléaire à Zaporijia toujours présente

Rafael Grossi mène depuis plusieurs mois des consultations avec Kiev et Moscou pour mettre en place une zone de protection autour du site, régulièrement atteint par des frappes et victime de coupures de courant à répétition, laissant craindre un accident nucléaire.

Un conseiller de la direction de l'opérateur russe Rosenergoatom a indiqué mercredi à l'agence de presse russe Tass ne pas attendre de percée dans les pourparlers. "Nous sommes loin d'avoir l'illusion que la visite de Grossi puisse radicalement changer les choses", a dit Renat Kartchaa, tout en appelant à "entretenir le dialogue".

Mercredi, Rafael Grossi "doit voir comment la situation a évolué à la centrale nucléaire de Zaporijia, parler avec les ingénieurs nucléaires qui l'opèrent", a indiqué de son côté l'opérateur ukrainien, Energoatom, annonçant l'arrivée du responsable en diffusant une vidéo d'une colonne de véhicules arrivant sur place.

"Jouer avec le feu"

L'Ukraine estime que seul un retrait russe de la centrale permettrait de garantir la sécurité nucléaire. Quant à la Russie, qui refuse toute retraite d'un territoire dont elle revendique l'annexion, elle accuse Kiev de vouloir reprendre le site par la force, au mépris du risque de catastrophe. Le 22 mars, Rafael Grossi avait averti que la centrale se trouvait dans un "état précaire", car, selon l'AIEA, la "dernière ligne électrique de secours", endommagée depuis le 1er mars, reste "déconnectée et en réparation". Or, elle permet en dernier recours d'assurer la sûreté et la sécurité nucléaires, en refroidissant notamment les réacteurs.

La centrale dépend de l'électricité fournie par une seule ligne externe principale de 750 kV, et "tout dommage (sur cette ligne) entraînera la perte totale de toute l'alimentation hors site de la centrale", toujours selon l'AIEA. Le 9 mars, la gigantesque centrale avait été coupée du réseau électrique ukrainien pendant 11 heures après une frappe russe. Des générateurs diesel de secours avaient été enclenchés pour assurer une alimentation minimale des systèmes de sécurité. "On joue avec le feu", avait prévenu Rafael Grossi.

Une mise en danger de "la totalité du continent européen" selon Borrell

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell avait accusé la Russie de mettre "en danger la sécurité de la totalité du continent européen". L'électricité est essentielle pour faire tourner les pompes assurant la circulation d'eau pour refroidir le combustible et éviter un accident comme celui de Fukushima, au Japon, après le tsunami de mars 2011.

Rafael Grossi et le président ukrainien Volodymyr Zelensky avaient visité ensemble lundi une station hydroélectrique, chargée d'alimenter la centrale nucléaire. La Russie revendique l'annexion de la région de Zaporijjia, où se trouve la centrale, et en occupe une partie. Elle accuse depuis plusieurs jours l'Ukraine d'y multiplier les frappes et les attentats.

Mercredi, les autorités russes ont fait état de bombardements à Melitopol, chef-lieu régional de l'occupation. Selon elle, un dépôt de locomotives a été touché, sans faire de victime. Elles ont aussi fait état de coupures d'électricité.

Guerre pour "longtemps"

Les frappes auraient été menées à l'aide de Himars, un système lance-roquettes mobile américain de haute précision, alors que la ville est située à plus de 65 kilomètres du front. Depuis plusieurs semaines, les spéculations vont bon train quant à une éventuelle contre-offensive ukrainienne en direction de Melitopol, car sa prise permettrait de couper le couloir terrestre conquis par la Russie pour relier son territoire à la Crimée, péninsule annexée par Moscou en 2014.

Pour pouvoir infliger de nouvelles défaites à la Russie, l'Ukraine réclame cependant des munitions de plus longue portée que celles de 80 km dont elle disposait jusqu'ici pour les Himars, pour pouvoir détruire les voies d'approvisionnement russe.

Les États-Unis ont promis des munitions pouvant voler à 150 km et, selon Moscou, celles-ci auraient déjà été livrées. Kiev n'a pas confirmé et assure avoir besoin de beaucoup plus d'armements occidentaux. Sur le front diplomatique, le Kremlin a martelé mercredi que la "guerre hybride" entre Russie et Occidentaux durerait "longtemps", Moscou accusant notamment Américains et Européens d'utiliser l'Ukraine dans un conflit par procuration.

La diplomatie russe a aussi relancé sa rhétorique des menaces contre la Suède et la Finlande, candidates à l'adhésion à l'Otan, l'ambassadeur russe à Stockholm, Viktor Tatarintsev, affirmant que ces pays allaient devenir des "cibles légitimes". La Suède a annoncé mercredi la convocation de l'intéressé.