Au 278ème jour de l'offensive russe en Ukraine, les températures hivernales sont là et les duels d'artillerie sont violents entre russes et ukrainiens. (Illustration) 1:25
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avec AFP , modifié à
Au 278ème jour de l'offensive russe en Ukraine, les températures hivernales sont là et les duels d'artillerie sont violents entre russes et ukrainiens. Les forces russes ont enchaîné les revers, perdant une grande partie de la région de Kharkiv et se retirant récemment de la ville de Kherson, dans le Sud, qu'ils occupaient depuis le début de la guerre.
L'ESSENTIEL

Les températures hivernales sont là et les duels d'artillerie sont violents, mais l'esprit de combat n'a pas quitté "Viking", un soldat ukrainien sur le front nord-est. Pour lui, la motivation est simple: se venger des Russes. "La chose la plus difficile pour moi, c'est la mort de mes amis. J'avais déjà de la motivation avant... mais la colère, l'agressivité et la haine l'ont renforcé", raconte "Viking", le nom de guerre de ce tankiste de 26 ans.

Malgré les lourdes pertes subies par l'armée ukrainienne au cours des neuf mois de combats depuis le début de l'invasion russe en février, "Viking" et les autres membres de son peloton restent confiants dans leur capacité à gagner la guerre. "Nous prévoyons de pousser les Russes jusqu'aux frontières et même plus loin", plaisante-t-il.

Son unité a pris part à la percée de septembre qui a brisé les lignes de défense russes sur le front nord-est, repoussant les forces de Moscou vers l'est au-delà de la rivière Oskil. Cette contre-offensive a ralenti depuis que les Russes ont reformé leurs défenses, mais les Ukrainiens assurent qu'ils continuent de progresser, malgré le froid hivernal qui met à rude épreuve les lignes d'approvisionnement et l'état des routes. 

"On a repoussé les Russes, on a pris pied et on avance petit à petit", explique "Patriot", un soldat de 23 ans, membre d'un peloton qui campe dans une prairie bucolique entourée de pins près du front.

Ce qu'il faut retenir :

  • Les bombardements se poursuivent en Ukraine.
  • L'Ukraine s'attend à une nouvelle attaque russe dans la semaine
  • La Russie prépare une nouvelle stratégie après sa défaite à Kherson.
  • Les Ukrainiens subissent toujours les coupures de courant.

A Kiev, les coupures d'électricité se poursuivent

Une habitante de Kiev s'est confiée sur la situation dans la capitale au micro d'Europe 1. "Ca a été très différent d'un quartier à l'autre", explique Alina. "Moi, j'ai eu de l'eau et de l'électricité mais mon ami qui vit ailleurs a tout juste l'électricité mais il fait froid, humide... Les gens qui n'ont pas de chauffage ont des problèmes de moisissure. Ils ont des champignons sur les murs." Mais hors de question de s'apitoyer sur son sort. "C'est bien plus difficiles pour nos soldats dans les tranchées, donc on a honte de se plaindre", a-t-elle nuancé.

"Beaucoup de bombardements"

"Il y a beaucoup de bombardements. Le mois dernier, j'ai entendu parler de 100 à 200 attaques", raconte-t-il à l'AFP, lors d'une visite de leur position organisée par l'armée ukrainienne. A proximité, un mécanicien militaire de 44 ans, qui a demandé à ne pas être identifié, travaille sur le moteur d'un char russe capturé en septembre et qu'il utilise maintenant contre ses anciens propriétaires.

"L'état de l'équipement russe est très mauvais. Tout était sale et couvert de diesel", affirme-il, en ajoutant : "Il est presque prêt". Après neuf mois sur le terrain, le matériel de l'unité, qui date de l'époque soviétique, reflète la dynamique de cette guerre : un char a été fourni par l'armée ukrainienne, un autre a été pris aux Russes et un troisième a été donné par la Pologne.

Les munitions sont constituées en partie par des stocks russes capturés sur le champ de bataille. "C'est la loi russe de prêt-bail", plaisante un autre membre de l'équipe qui se fait appeler "Agronome", en référence à un accord américain visant à fournir des armes à l'Ukraine.

Dans cette zone du nord-est du pays, les Ukrainiens espère s'emparer d'une autoroute clé qui dessert les villes de Severodonetsk et de Lysychansk plus à l'Est, occupées par les Russes. Ces deux villes ont été capturées à l'issue d'une campagne estivale brutale dans la région industrielle du Donbass, dans laquelle les deux camps ont perdu un grand nombre de soldats.

L'Ukraine s'attend à de nouvelles attaques russes

Les responsables ukrainiens ont dit ce lundi s'attendre à une nouvelle vague de bombardements russes cette semaine. Les précédentes salves ayant visé des infrastructures critiques et provoqué des coupures massives d'eau et d'électricité, notamment dans la capitale Kiev. "Il est fort probable que le début de la semaine soit marqué par une telle attaque", a déclaré lundi la porte-parole du commandement Sud de l'armée ukrainienne, Natalia Goumeniouk, soulignant qu'un navire russe porteur de missiles était apparu en mer Noire.

"C'est un porte-missiles de surface qui embarque huit missiles de type Kalibr. Cela indique que des préparatifs sont en cours", a-t-elle ajouté à la télévision ukrainienne. Selon la marine ukrainienne, 11 navires de combat russes dont ce porte-missiles se trouvent actuellement en mer Noire, au large de l'Ukraine, ainsi que plusieurs autres en mer d'Azov et en mer Méditerranée, pour un total de 76 ogives pouvant être tirées.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti dans un discours vidéo dimanche soir que "la semaine qui commence peut être aussi difficile que la semaine passée", marquée par des bombardements russes qui ont provoqué des pannes de courant massives alors que les températures hivernales s'installent. "Nos forces de défense se préparent. Tout l'Etat se prépare. Nous élaborons tous les scénarios, y compris avec des partenaires" occidentaux, a-t-il ajouté, appelant les Ukrainiens à prêter attention aux alertes aériennes.

"L'adrénaline tient chaud" 

Les forces russes ont depuis enchaîné les revers, perdant une grande partie de la région de Kharkiv et se retirant récemment de la ville de Kherson, dans le Sud, qu'ils occupaient depuis le début de la guerre. "Sur cette partie de la ligne de front, nous sommes chargés de tenir notre position et parfois de lancer des contre-offensives", explique Roman, membre du principal bataillon de chars opérant dans la région. 

"La situation est totalement sous contrôle et nous sommes prêts à relever de nouveaux défis, même inattendus", assure-t-il. Selon des experts militaires, le rythme des combats pourrait bientôt s'accélérer, le gel solidifiant les routes actuellement couvertes de boue.

"Les températures devraient baisser dans toute l'Ukraine au cours de la semaine prochaine, ce qui devrait geler le sol et accélérer le rythme des combats à mesure que la mobilité augmente dans les deux camps", explique le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War dans une récente évaluation. 

Pour les combattants sur le terrain, la baisse des températures importe moins que les barrages d'artillerie russes. "Lorsqu'on sait qu'on peut être touché à tout moment, l'adrénaline tient chaud. On ne sent pas le froid", explique "Patriot".