Lviv 2:57
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avec AFP , modifié à
Au 333e jour de la guerre en Ukraine, l'Union européenne accorde 500 millions d'euros supplémentaires pour armer l'Ukraine, l'heure est au bilan des pertes pour les effectifs russes et les ukrainiens, la Norvège établissement une estimation près d'un an après le début du conflit. Pendant ce temps-là, un haut responsable ministériel ukrainien, soupçonné de détournement de fonds, a été limogé ce dimanche.
L'ESSENTIEL

A Donetsk et Kherson, les combats continuent de faire rage. La Russie poursuit sa guerre contre l'Ukraine. Dans la région de Zaporijjia, les Russes poursuivent leur avancée. Pendant ce temps-là, le ministère ukrainien de la Défense a démenti dimanche avoir signé des contrats à des prix gonflés pour les produits alimentaires destinés à ses soldats et un haut responsable a été limogé pour soupçons de détournement de fonds, sur fond d'audit interne.

Les informations principales :

  • L'UE accorde 500 millions d'euros supplémentaires pour armer l'Ukraine
  • Les combats se poursuivent en Ukraine, notamment dans les régions de Zaporijjia.
  • Selon la Norvège, l'Ukraine essuie la perte de 100.000 soldats et son adversaire, la Russie, 180.000 soldats.
  • Le ministre adjoint du Développement des communautés ukrainien a été limogé pour soupçons de détournement de fonds.
  • La Russie a dénoncé la "russophobie" de l'Estonie.

L'UE accorde 500 millions d'euros supplémentaires pour armer l'Ukraine

L'Union européenne a accordé lundi un nouveau financement de 500 millions d'euros pour des fournitures d'armements à l'Ukraine et a alloué 45 millions d'euros pour la formation des militaires ukrainiens dans l'UE, a-t-on appris de sources diplomatiques. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles ont accepté de débloquer ces deux allocations financées par la Facilité européenne pour la paix, à l'issue d'un entretien en visioconférence avec leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

La Pologne prête à se passer de l'aval de Berlin pour livrer des chars

La Pologne a prévenu lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, qui n'a "pas encore" pris de décision sur la livraison de chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine. Le gouvernement allemand apparaît pour sa part divisé sur la question de la livraison de chars lourds. Jusqu'ici évasif, le chancelier Olaf Scholz, auquel il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé la veille que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.

"Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas", a lâché la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux. Mais, "pour l'instant, la question n'a pas été posée" par Varsovie. Le lendemain, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position: "Le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant".

En vertu de la législation allemande, un pays possédant des équipements militaires allemands doit demander le feu vert de Berlin pour les transférer à un pays tiers. "Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire", a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. "Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition", y compris "si l'Allemagne n'en fait pas partie".

La Pologne, prête à envoyer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d'Etats à ce sujet, de nombreuses armées européennes possédant de tels blindés, susceptibles d'avoir un impact significatif pour les Ukrainiens face au rouleau-compresseur des troupes russes.

La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.

La Russie dénonce la "russophobie" de Tallinn

La Russie a annoncé lundi l'expulsion de l'ambassadeur estonien, dénonçant la "russophobie totale" de Tallinn, après l'expulsion plus tôt en janvier de 21 diplomates russes et autres employés de l'ambassade russe.

"L'ambassadeur de la République d'Estonie doit quitter la Russie le 7 février 2023", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, qui indique abaisser le niveau des relations diplomatiques au niveau des chargés d'affaires.

En réponse, L'Estonie va expulser l'ambassadeur de Russie. Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années et plus encore depuis que les Russes ont lancé leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre.

Quelles pertes pour les soldats russes et ukrainiens ?

En bientôt un an d'affrontements, la guerre en Ukraine a fait près de 180.000 morts ou blessés dans les rangs de l'armée russe, et 100.000 côté ukrainien sans compter 30.000 civils tués, selon des estimations données dimanche par le chef de l'armée norvégienne. "Les pertes russes commencent à approcher environ 180.000 soldats morts ou blessés", a affirmé le chef d'état-major norvégien Eirik Kristoffersen dans une interview à la chaîne TV2, sans préciser l'origine de ces chiffres.

La Norvège, pays riverain de la Russie, est membre de l'Otan depuis sa fondation en 1949. "Les pertes ukrainiennes sont probablement au-delà des 100.000 morts ou blessés. De plus l'Ukraine a environ 30.000 civils qui sont morts dans cette guerre affreuse", a ajouté le général norvégien. La Russie et l'Ukraine n'ont pas donné de bilans fiables de leurs pertes depuis des mois.

Un haut responsable ministériel ukrainien limogé

Un haut responsable ministériel ukrainien, soupçonné de détournement de fonds, a été limogé dimanche, tandis qu'un audit interne a été lancé au ministère de la Défense après des révélations de presse sur un présumé contrat signé à un prix gonflé. "Le cabinet des ministres de l'Ukraine ordonne le limogeage de V. M. Lozynkiï comme ministre adjoint du Développement des communautés, des territoires et des infrastructures de l'Ukraine", a indiqué sur Telegram le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

Samedi, le Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption (NABU) avait interpellé Vasyl Lozynkiï pour des soupçons de détournements de fonds. V. M. Lozynkiï, en poste depuis mai 2020, "a reçu (400.000 dollars) pour faciliter la conclusion de contrats d'achat d'équipements et de générateurs à des prix gonflés", avait indiqué le NABU dans un communiqué. Ce limogeage d'un responsable politique intervient alors que l'Ukraine fait face à des pénuries d'électricité à la suite de frappes russes sur ses installations énergétiques, en pleine période hivernale.

Progression de la Russie 

Sur le terrain, des tirs de l'artillerie russe ont fait lundi un mort, un civil, à Antonivka, un village de la région méridionale de Kherson, a déploré son gouverneur, Iaroslav Ianouchevitch. La veille, un dirigeant de l'autorité locale d'occupation installée par Moscou avait affirmé que l'armée russe progressait en direction de deux localités de la région de Zaporijjia, également dans le sud, où les affrontements avec les troupes de Kiev se sont intensifiés cette semaine.

Un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est quant à lui affiché à Soledar, une petite ville dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine, confirmant lundi à la télévision russe qu'elle avait été "détruite" par les combats. Pour l'armée russe, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, que Moscou cherche à conquérir depuis l'été et où les deux camps sont engagés dans une féroce bataille. Selon M. Pouchiline, les combats s'y "intensifient" et les soldats russes "avancent".

L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, affirmant continuer de combattre dans sa partie occidentale. Lundi encore, l'administration régionale relevait des "hostilités actives près de Bakhmout et de Soledar", sans autres détails.

Les séparatistes prorusses ont en outre annoncé s'être emparés de deux villages proches, Krasnopolivka et Dvouretchié.

Et des obus se sont abattus dans le centre de Vorojba, une localité de la région septentrionale de Soumy, où un immeuble d'habitation a été "directement touché" et une voie ferrée endommagée, d'après les autorités régionales ukrainiennes.

L'Afrique du Sud se dit "amie" de la Russie

L'Afrique du Sud, critiquée pour sa position "neutre" refusant de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, a franchi un nouveau cap lundi en se disant "amie" de la Russie, lors d'une rencontre entre les chefs de la diplomatie des deux pays à Pretoria. Le pays d'Afrique australe a récemment annoncé qu'il accueillerait en février les marines russe et chinoise pour des manoeuvres communes au large de ses côtes et "renforcer des relations déjà florissantes".

"Tous les pays effectuent des exercices militaires avec leurs amis", a déclaré lundi la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov. La ministre a salué "une rencontre des plus agréables" avec un "partenaire précieux". Les exercices navals à venir "reflètent une volonté de développer la coopération militaire", a de son côté souligné M. Lavrov.

Plus de 350 militaires sud-africains participeront à ces manœuvres communes, prévues du 17 au 27 février.