Vienne 1:45
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Le bilan des fusillades qui ont eu lieu à Vienne lundi soir s'est alourdi à quatre morts. Un terroriste, "sympathisant" de l'Etat islamique, a été abattu par la police, un autre pourrait être en fuite. L'organisation a revendiqué l'attaque. Les forces de l'ordre ont interpellé 16 personnes, dont deux Suisses près de Zurich.
L'ESSENTIEL

Des fusillades ont fait au moins quatre morts, lundi soir, en plein centre de Vienne"une attaque terroriste répugnante" selon le chancelier autrichien. La première victime était un passant, les trois autres, un homme et deux femmes, sont décédées des suites de leurs blessures.

"Au moins un suspect se trouve en fuite", avait déclaré dans la nuit le ministre autrichien de l'Intérieur Karl Nehammer. Mais il n'y a pas de preuve à ce stade de l'existence d'un deuxième assaillant, a rectifié mardi le même ministre. Le visionnage des vidéos des lieux du crime n'a en effet pas permis de confirmer qu'un second suspect a participé à l'attaque.

Ces attaques, qui surviennent quelques jours après des attentats survenus en France, ont été revendiquées mardi soir par l'État islamique. L'assaillant, abattu par la police, était "un sympathisant" de l'Etat islamique, a annoncé le ministre autrichien de l'Intérieur. Il avait tenté de rejoindre la Syrie en 2019. La police autrichienne a procédé à 14 interpellations et 18 perquisitions à travers tout le pays, tandis que deux Suisses ont été également arrêtés près de Zurich. 

Les principales infos à retenir : 

- Des fusillades ont éclaté dans "six lieux différents" de la capitale autrichienne

- Le bilan provisoire fait état de quatre victimes, six personnes sont hospitalisées dans un état grave

- Un assaillant macédonien, "sympathisant" de l'Etat islamique, a été tué par la police

- 14 personnes ont été interpellées en Autriche et 18 perquisitions ont été menées par les enquêteurs

- Deux Suisses ont été arrêtés près de Zurich, ils "connaissent" l'assaillant

- L'État islamique a revendiqué l'attaque

Des fusillades dans "six lieux différents"

Les premiers tirs ont éclaté en début de soirée, à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un reconfinement de l'Autriche pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Le drame s'est déroulé en plein cœur de la capitale autrichienne, près d'une importante synagogue et de l'Opéra. "A ce stade, il n'est pas possible de dire si la synagogue" était la cible des tireurs, a déclaré dans la nuit Oskar Deutsch, le président de la communauté israélite de Vienne (IKG). En tout, "six lieux différents" ont été visés par les tirs, selon la police.

Des témoins ont raconté avoir vu un homme tirer "comme un fou" avec une arme automatique. "On aurait dit des pétards, puis on a réalisé qu'il s'agissait de coups de feu", a expliqué l'un d'eux sur la chaîne de télévision publique ORF. Un témoin interrogé à la télévision a dit avoir vu "une personne courir avec une arme automatique", un autre faisant état d'"au moins 50 coups de feu". La stupeur s'est aussitôt installée dans les restaurants et les bars du quartier, où les clients ont été priés de rester à l'intérieur, lumières éteintes, pendant que les sirènes des ambulances hurlaient à l'extérieur.

Le bilan s'alourdit à quatre morts

Trois nouvelles victime sont décédées dans la nuit de lundi à mardi, deux femmes et un homme qui ont succombé à leurs blessures. "Malheureusement, une nouvelle victime est morte à l'hôpital. Cela porte le bilan total à deux hommes et deux femmes", a déclaré un porte-parole du ministère autrichien de l'Intérieur en début de matinée. La première victime était un passant, abattu lundi soir. Un assaillant a été tué par la police, rapidement intervenue sur les lieux.

Quinze personnes reçoivent actuellement des soins à l'hôpital, dont sept sont grièvement atteintes. Les écoles de la capitale restent ouvertes mardi, mais il n'est pas obligatoire pour les enfants d'y aller. A travers le pays, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics et une minute de silence observée à midi, tandis que les cloches des églises sonnaient. Le chef du gouvernement, le président Alexander Van der Bellen et d'autres hauts responsables ont participé à une cérémonie en hommage aux victimes.

Un Macédonien "un sympathisant" de l'Etat islamique ...

L'auteur de l'attentat était originaire de Macédoine du Nord et avait été condamné en avril 2019 à 22 mois de prison pour avoir tenté de rejoindre la Syrie afin de s'enrôler au sein de l'Etat islamique (EI), a annoncé mardi le ministre autrichien de l'Intérieur. Agé de 20 ans, il était aussi détenteur de la nationalité autrichienne, a précisé Karl Nehammer dans des propos à l'agence de presse autrichienne APA.

Selon le quotidien allemand Bild, l'auteur principal de l'attaque serait un membre de l'organisation Etat islamique, qui aurait annoncé l'action lundi sur Instagram. "C'est une personne radicalisée qui se sentait proche de l'EI", a confirmé mardi matin Karl Nehammer, le ministre autrichien de l'Intérieur.

... qui a réussi à "tromper" le programme de déradicalisation

L'auteur, armé d'un fusil d'assaut et d'une ceinture d'explosifs factice selon le gouvernement autrichien, a réussi à "tromper" le programme de déradicalisation et ceux qui étaient chargés de son suivi, a déploré le ministre autrichien de l'Intérieur. Condamné pour avoir tenté de rejoindre la Syrie, le jeune homme avait été libéré de manière anticipée, ce qu'a critiqué Karl Nehammer devant la presse. 

Par ailleurs, après avoir affirmé auparavant qu'au moins un autre suspect était en fuite, le ministre a dit partir du principe qu'ils étaient "plusieurs" sans pouvoir formellement l'assurer. Les enquêteurs tentent de déterminer s'il est possible qu'il n'y ait eu qu'un seul assaillant, alors "que les tirs ont eu lieux en différents endroits", a-t-il souligné. "Il est difficile pour nous de dire si l'attaque a été menée par un auteur ou plusieurs", a reconnu la police.

14 personnes interpellées et 18 perquisitions en Autriche, deux Suisses arrêtés près de Zurich

Dans leur enquête, les forces de l'ordre ont interpellé 14 personnes et procédé à 18 perquisitions à travers tout le pays. Par ailleurs, deux jeunes hommes suisses de 18 et 24 ans ont été arrêtés mardi à Winterthour, près de Zurich, dans le nord de la Suisse. "Les enquêtes de police ont permis d'identifier des ressortissants suisses âgés de 18 et 24 ans. Les deux hommes ont été arrêtés par une unité spéciale à Winterthur mardi après-midi en coordination avec les autorités autrichiennes", a indiqué la police cantonale de Zurich dans un communiqué.

L'éventuel lien "entre les deux personnes arrêtées et le responsable présumé des attentats fait actuellement l'objet d'enquêtes et de recherches en cours par les autorités compétentes", a-t-elle ajouté. Un peu plus tard dans la soirée, le ministère fédéral de la Justice a indiqué que ces deux hommes "connaissent" l'attaquant de Vienne. "Ils se connaissent et maintenant on mène l'enquête pour savoir comment ils étaient en contact", a précisé Philipp Schwander, porte-parole du ministère. 

Selon le quotidien régional St. Galler Tagblatt, la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter a indiqué que "les trois hommes se sont aussi rencontrés physiquement". Une citation que le porte-parole n'a pas pu confirmer. Toujours selon le quotidien, la ministre a aussi déclaré que les deux jeunes gens étaient des "collègues" de l'attaquant de Vienne, sans plus de précisions. 

En 2017, l'imam éthiopien de la mosquée An'Nur, à Winterthour a été inculpé par la justice cantonale pour avoir appelé au meurtre de musulmans non pratiquants.

Condamnations à travers le monde

L'attentat a suscité de nombreuses condamnations à travers le monde. "Ces attaques du mal contre des innocents doivent s'arrêter", a déclaré le président américain Donald Trump. "Les Etats-Unis se tiennent aux côté de l'Autriche, de la France, et de l'Europe toute entière dans le combat contre les terroristes, dont les terroristes islamiques radicaux", a-t-il dit.

L'Union européenne a condamné "avec force" cette "horrible attaque", selon les mots sur Twitter du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant "un acte lâche" qui "viole la vie et nos valeurs humaines". La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter: "L'Europe est totalement solidaire de l'Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur".

"Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien", a réagi le président français Emmanuel Macron.

L'Allemagne a aussi fait part de sa solidarité. La lutte contre "le terrorisme islamiste" est "notre combat commun", a affirmé la chancelière Angela Merkel.