Les téléphones utilisés par les djihadistes peuvent se révéler extrêmement précieux dans la lutte antiterroriste. 1:33
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William Molinié , modifié à
Le discret service de renseignement des armées françaises a accepté d’ouvrir ses portes à Europe 1. Tout au long de la semaine, nous vous emmenons sur la base aérienne 110 de Senlis-Creil dans l’Oise, au QG des centres experts de la Direction du renseignement militaire (DRM).

Loupe et fer à souder à la main, les experts cyber de la direction du renseignement militaire (DRM) tentent de faire revivre le matériel numérique des djihadistes saisi sur les théâtres d’opérations. "Nous avons trois exemples différents de téléphones dont on a réussi à extraire les données : un qui a brûlé à la suite de l’explosion d’une bombe, un autre qui a pris une balle et un dernier qui est quasiment cassé en deux", raconte au micro d'Europe 1 le commandant Henri. Ces antiquités numériques, à l’allure d’ancestraux Nokia 33-10, regorgent de précieux renseignements. Ces téléphones inutilisables sont désossés, ressoudés et remontés pour qu’ils livrent leurs secrets : vidéos, images, répertoire de contacts, données de géolocalisation…

Suivre d’autres pistes

Autant de précieuses informations qui vont permettre à Sophia, analyste cyber, civile de la défense engagée depuis cinq ans à la DRM, de redonner vie au téléphone. Parfois l’identité n’est pas connue, mais l’exploitation des données va permettre de remonter vers d’autres pistes. "On va faire un environnement numérique. À savoir l’entourage personnel, essayer de remonter à d’autres personnes du même réseau pour mieux comprendre son fonctionnement", explique-t-elle. Avec un impératif : la discrétion. "On tente de retrouver des traces de connexion, des traces de vie numérique tout en ne laissant aucune trace de notre part", poursuit-elle.

Instinct du chasseur

Alors que les projecteurs sont braqués en ce moment sur l’Ukraine, les armées françaises continuent d’être engagées dans le Sahel, notamment au Niger et au Tchad. Au total, 2.500 militaires y sont toujours présents et quotidiennement engagés pour des missions d’appui aux armées locales face aux groupes armés terroristes.

De fil en aiguille, certaines investigations de la DRM ont permis de produire du renseignement de tout premier ordre, comme la localisation d’un chef djihadiste dans les dunes du désert. Qu’est-il advenu de ce renseignement ? Le djihadiste a-t-il été capturé ou neutralisé par un drone ou par les forces spéciales ? Nous n’en saurons rien, secret-défense oblige.