États-Unis : Donald Trump se sert de l'attentat de Londres pour défendre son décret anti-immigration

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Pour Donald Trump, l'attentat de Londres prouve la nécessité de renforcer son décret anti-immigration © NICHOLAS KAMM / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une série de tweets, Donald Trump a fustigé la politique sécuritaire du Royaume-Uni, mettant en péril l'alliance historique entre les deux pays, et brandi son décret anti-immigration.

Donald Trump a continué lundi d'invoquer l'attentat de Londres pour défendre sa volonté de bloquer l'entrée des États-Unis aux ressortissants de certains pays musulmans, attisant les tensions avec le Royaume-uni et risquant de mettre en péril cette mesure controversée, bloquée en justice.

Des tweets militants. Enchaînant les salves sur Twitter depuis l'attaque, le président américain est revenu à la charge lundi matin, jugeant "pathétiques" les explications du maire de Londres, Sadiq Khan, qui s'était défendu d'avoir pris le terrorisme à la légère. Des meetings de campagne aux salons de la Maison-Blanche, le milliardaire républicain a gardé un même ton militant pour défendre ses mesures sur l'immigration et dénoncer le terrorisme djihadiste, éreintant ceux qui le critiquent. Quitte, cette fois, à ébranler la solide et longue relation unissant Londres et Washington.

Accusé de minimiser la menace. Au lendemain de l'attaque qui a fait sept morts, Sadiq Khan avait averti les Londoniens qu'ils allaient remarquer une présence renforcée de policiers armés, les appelant à ne pas s'en alarmer. Saisissant ces mots, Donald Trump avait accusé le maire de minimiser la menace. "Nous devons cesser d'être politiquement corrects et nous mettre au travail sur la sécurité pour nos concitoyens. Si nous ne sommes pas malins, cela ne fera qu'empirer", a écrit le président dimanche.

Sadiq Khan a "des choses plus importantes à faire". "Nous ne laisserons pas Donald Trump diviser nos communautés", a fini par rétorquer Sadiq Khan, premier maire musulman de cette capitale fière de son cosmopolitisme, après avoir refusé de lui répondre dimanche. "Certains se nourrissent de la querelle et la division", a-t-il martelé sur la BBC. Le maire a également renvoyé le président américain dans les cordes de son réseau social préféré, expliquant sur Sky News avoir des choses plus importantes à faire que de "répondre à des tweets de Donald Trump", alors que la ville se relève à peine de l'attaque, dans un pays plusieurs fois meurtri par des attentats ces dernières semaines.

Embarras de certains diplomates américains. Aux États-Unis, de nombreux diplomates et responsables politiques aguerris font part de leur grande gêne. "Mes amis du Royaume-uni : je m'excuse", a ainsi déclaré Ben Rhodes, un ancien proche conseiller de Barack Obama. La Maison-Blanche a de son côté tenté de minimiser les propos du dirigeant républicain. "Il ne me semble pas du tout que le président cherche la bagarre avec le maire de Londres", a estimé la porte-parole de l'exécutif Sarah Huckabee Sanders, accusant la presse d'en "faire trop" sur le sujet.

Renforcer le décret anti-immigration. Avec son avalanche de tweets, Donald Trump a ouvert un double front, en plongeant également son projet de décret anti-immigration, suspendu par la justice, dans des eaux troubles. "Le ministère de la Justice doit demander un examen d'urgence de l'interdiction de voyager édulcorée devant la Cour suprême et demander une version beaucoup plus stricte", a-t-il déclaré lundi sur Twitter. L'administration Trump a saisi jeudi la Cour suprême pour faire rétablir ce décret interdisant temporairement l'arrivée sur le sol américain aux ressortissants de six pays (Iran, Libye, Somalie, Syrie, Soudan et Yémen) et à tous les réfugiés.