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En Italie, le projet fou du plus grand pont suspendu au monde entre la Sicile et le continent

Gauthier Delomez . 1 min
Le plus grand pont suspendu au monde en passe d'être construit en Sicile.
Le plus grand pont suspendu au monde en passe d'être construit en Sicile. © Webuild

Le gouvernement italien a validé le projet de construction d'un pont gigantesque reliant la Sicile au continent, d'ici à 2032. Si le chantier vient à son terme, il s'agira du plus grand pont suspendu au monde. Néanmoins, des riverains protestent contre ce projet dont le coût est estimé à 13,5 milliards d'euros.

Le projet d'un pont monumental reliant la Sicile au continent a été approuvé par le gouvernement italien ce mercredi 6 août. Sur le papier, ce pont suspendu qui doit enjamber le détroit de Messine, et qui doit être livré d'ici à 2032, serait le plus grand au monde. Avec ses 3,3 km de portée au-dessus de la mer, il dépasserait celui du détroit des Dardanelles en Turquie et ses 2 km de section suspendue. Entre ses deux grandes tours de 400 mètres de haut, reliées par deux paires de câbles tendus, l'infrastructure disposerait de deux voies ferrées au centre et trois voies de circulation de chaque côté.

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Le pont comporte trois voies de circulation de chaque côté et deux voies ferrées au centre.
Le pont comporte trois voies de circulation de chaque côté et deux voies ferrées au centre. © Webuild

Un coût estimé à 13,5 milliards d'euros

Le gouvernement italien et Eurolink, le maître d'œuvre dirigé par la société Webuild, saluent la prouesse technologique de cet ouvrage. Le pont serait ainsi capable de résister aux vents violents et aux potentiels tremblements de terre, dans une zone marquée par la jonction de deux plaques tectoniques.

Le projet du pont suspendu entre la Sicile et le continent.
Le projet du pont suspendu entre la Sicile et le continent. © Webuild

Le coût total de ce pont gigantesque est estimé à 13,5 milliards d'euros, financé par l'État. Celui-ci y voit néanmoins un "accélérateur de développement", selon les dires du vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures, Matteo Salvini. Envisagée de longue date - les premiers plans ont été élaborés il y a plus de 50 ans, et l'appel d'offres a été remporté en 2006 -, la construction d'une telle infrastructure marquerait une "page historique" pour la Sicile et la Calabre, deux régions pauvres du pays. À la clé, une croissance économique et la création de dizaines de milliers d'emplois, promettent les autorités.

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Des contestations locales

Néanmoins, des riverains protestent contre la construction d'un tel pont suspendu. Son prix et son impact environnemental sont notamment pointés du doigt. L'ouvrage, construit dans une zone marine protégée, pourrait perturber les routes migratoires de plusieurs millions d'oiseaux, d'après des associations écologistes. Il est également redouté que les mafias locales ne sautent sur l'occasion pour tenter de détourner de l'argent.

La question du financement de cette infrastructure est aussi soulevée, dans un pays criblé de dettes. Face à cela, Rome a décidé de classer le coût de ce pont comme une dépense de défense. Sur les 5% de son PIB que l'Italie va consacrer à l'Otan, 1,5% peut être utilisé pour des domaines "liés à la défense", comme les infrastructures. À voir si le pont suspendu au-dessus du détroit de Messine sera éligible, tandis que la Sicile abrite une base de l'alliance transatlantique. Selon le gouvernement, les travaux doivent débuter "entre septembre et octobre".