En Islande, le Parti pirate profite du scandale des "Panama Papers"

Birgitta Jonsdottir est la figure de proue du Parti pirate islandais.
Birgitta Jonsdottir est la figure de proue du Parti pirate islandais. © HALLDOR KOLBEINS / AFP
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avec AFP , modifié à
Le Parti pirate islandais, qui prône la transparence de la vie publique, est en tête des sondages en cas de législatives anticipées, boosté par les révélations des "Panama Papers".

Le Parti pirate islandais semblait porté par les vents de la colère populaire qui ont fait tomber le Premier ministre, victime des "Panama Papers", selon un sondage publié mercredi qui le place seul en tête des intentions de vote en cas de législatives anticipées. 

Loin devant le parti de l'ex-Premier ministre. Fondé en 2012, le Parti pirate, qui milite pour la transparence de la vie publique, recueille 43% des intentions de vote alors qu'il oscillait ces dernières semaines entre 25 et 35%, selon ce sondage Gallup réalisé lundi et mardi, publié par le quotidien Frettabladid et la chaîne de télévision Stöd 2. Il devance le Parti de l'indépendance (conservateur, au pouvoir) à 21,6%, et le Mouvement gauche-Verts (opposition) à 11,2%. Le Parti du progrès du Premier ministre sortant est relégué à 7,9%, derrière les sociaux-démocrates (10,2%) qui, trois ans après avoir perdu le pouvoir, n'ont jamais réussi à profiter de l'impopularité du gouvernement de droite.

Un "scandale inattendu". "Il faut admettre que nous devons beaucoup à notre Premier ministre. Un tel scandale était inattendu", s'est félicitée une porte-parole du Parti pirate, Sunna Arvarsdottir, en marge d'une réunion de militants à Reykjavik. Le Premier ministre David Sigmundur Gunnlaugsson s'est mis "en retrait" de ses fonctions mardi, devenant le premier haut dirigeant à faire les frais des "Panama Papers" publiés par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ). Son ministre de l'Agriculture doit assurer l'intérim pendant une durée "indéterminée", soit jusqu'à la tenue des législatives de fin de mandature, en 2017, soit jusqu'à la convocation d'élections anticipées.

Des autres ministres mis en cause. L'opposition de gauche juge d'autant plus urgent d'appeler les électeurs aux urnes que deux ministres, à l'Intérieur et Finances, sont eux aussi mis en cause dans le scandale des "Panama Papers" et que l'avenir du gouvernement reste incertain. L'enquête du CIJC révèle qu'avec sa future épouse, riche héritière d'un concessionnaire automobile, le Premier ministre islandais a pris le contrôle en 2007 d'une société dans les îles Vierges britanniques, qu'il omettait dans sa déclaration de patrimoine lorsqu'il a été élu député pour la première fois en 2009. Le couple plaide sa bonne foi et affirme avoir toujours déclaré son patrimoine au fisc. L'ICIJ ne lui reproche d'ailleurs qu'une entorse aux "règles éthiques" de la vie politique islandaise.