Si les Républicains sont en bonne voie pour reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, les premiers résultats ne montrent pas pour le moment cette "vague" rouge annoncée par Donald Trump. 1:49
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Alexis Guilleux avec AFP , modifié à
Les républicains ont remporté mardi une première victoire à l'un des sièges les plus disputés du Congrès américain, mais les démocrates voulaient toujours limiter la casse qui pourrait décider de l'avenir politique de Joe Biden et de son rival Donald Trump. Suivez en direct l'annonce des derniers résultats.

On lui prédisait une claque, mais Joe Biden semble avoir limité la casse aux élections américaines de mi-mandat. Reste à voir dans quelle mesure cela suffira à lui donner un nouvel élan, jusqu'en 2024 voire au-delà. Le démocrate de 79 ans, qui pendant sa campagne n'avait cessé de durcir le ton contre les républicains "extrêmes" ralliés à son prédécesseur Donald Trump, a enchaîné, pendant la soirée électorale, les coups de fil avec les démocrates ayant remporté certaines courses, que ce soit pour des postes de gouverneurs, à la Chambre des représentants ou au Sénat.

Les informations à retenir :

  • J.D. Vance a été élu sénateur républicain dans l'Ohio.
  • Dans le Massachusetts, la démocrate Maura Healey sera la première lesbienne à la tête d'un État.
  • Les démocrates remportent le Maryland et le Massachusetts et conservent l'État de New York.
  • Selon les dernières tendances, les démocrates ne concèderaient aux républicains qu'une courte majorité à la Chambre des représentants.

Claque pour Biden, J.D. Vance élu sénateur dans l'Ohio

En menant une campagne acharnée sur l'inflation, J.D. Vance, l'un des poulains du milliardaire républicain, a décroché le poste très convoité de sénateur dans l'Ohio -- un des bastions industriels et agricoles de l'Amérique.

Donald Trump, qui a soutenu avec vigueur un grand nombre de candidats républicains -- il était en meeting lundi soir dans l'Ohio -- mise pour sa part sur le succès de ses lieutenants pour se lancer sous les meilleurs auspices dans la course à la présidentielle 2024. Il a promis "une très grande annonce" le 15 novembre. Le milliardaire de 76 ans a d'ailleurs tenu à se montrer présent lors de cette soirée électorale, faisant mardi une courte déclaration télévisée, relativement décousue, pour se féliciter du succès de quelques-uns de ses nombreux candidats dans les divers scrutins.

Les dernières tendances se confirment

Si les dernières tendances se confirment - à savoir que les démocrates ne concèderaient aux républicains qu'une courte majorité à la Chambre des représentants, tandis que le suspense persiste sur le Sénat - Joe Biden ferait mentir des sondages qui le donnaient, avec son parti, lourdement perdant. Et il pourrait, malgré une inflation galopante, une cote de confiance anémique et les attaques violentes de Donald Trump, se trouver mieux loti que les derniers présidents démocrates, Barack Obama et Bill Clinton, qui avaient bu le bouillon lors de "midterms".

Les Démocrates remportent le Maryland et le Massachusetts et conservent l'État de New York

Le camp démocrate a arraché aux conservateurs deux postes de gouverneurs aux républicains : dans le Maryland et le Massachusetts, où Maura Healey sera la première lesbienne à la tête d'un État. Joe Biden l'a d'ailleurs appelée immédiatement pour la féliciter. Le parti du dirigeant démocrate de 79 ans s'est aussi épargné une grosse frayeur en conservant le contrôle de l'État de New York, où les républicains croyaient être en mesure de déloger la gouverneure Kathy Hochul.

Les démocrates ont remporté mercredi matin un siège potentiellement déterminant pour le contrôle du Sénat, avec la victoire de John Fetterman en Pennsylvanie face à un candidat trumpiste, selon les chaînes américaines Fox News et NBC. Colosse chauve fragilisé par un AVC subi en mai, John Fetterman affrontait le chirurgien superstar Mehmet Oz, dans l'un des duels les plus scrutés des élections de mi-mandat.

Une nouvelle phase délicate pour Biden

Mais Joe Biden n'en aborde pas moins une phase délicate. Dans une Amérique où les divisions partisanes sont plus profondes que jamais, pourra-t-il, avec sa longue expérience de sénateur, et ses convictions profondément centristes, créer du consensus avec les républicains ? Rien n'est moins sûr, et il pourrait faire face à une longue paralysie parlementaire, avec des empoignades sans fin autour de projets de législation mort-nés.

Reste aussi à savoir dans quelle mesure le parti conservateur, qui promettait une stratégie parlementaire agressive, restera sur cette ligne. Avoir la majorité, même de peu, à la Chambre, offre un pouvoir conséquent en matière de supervision et la droite avait promis d'en user pour lancer nombre d'enquêtes contre Joe Biden, son bilan et son entourage. L'une de ses représentantes les plus virulentes, Marjorie Taylor Greene, réélue à la Chambre, a déjà promis par exemple de s'en prendre à Hunter Biden. Le plus jeune fils du président, au passé tourmenté, marqué par les addictions, est depuis toujours une vulnérabilité du président.

La "vague géante" rouge promise par Donald Trump ne s'est pas encore matérialisée

Les enquêtes d'opinion prédisent une large victoire des républicains à la Chambre, un scénario classique dans la politique américaine, où les "midterms" tournent souvent à la sanction pour le parti de la Maison Blanche. Mais la "vague géante" rouge - la couleur des républicains - promise par Donald Trump, ne s'était pas encore matérialisée mardi soir, le dépouillement étant loin d'être achevé. "Ce n'est certainement pas une vague républicaine, ça c'est sûr", a estimé l'influent sénateur Lindsey Graham, un proche de l'ancien président, sur NBC.

Match serré au Sénat

Le contrôle du Sénat est lui d'autant plus incertain. Tout dépendra de quelques États-clé, comme la Géorgie, l'Arizona, la Pennsylvanie. Le républicain chrétien d'extrême droite Doug Mastriano, proche de Donald Trump, a été largement battu, selon des médias mardi, par le démocrate centriste Josh Shapiro pour le poste de gouverneur de la Pennsylvanie, État crucial des élections américaines de mi-mandat.

A 58 ans, M. Mastriano est l'un des politiciens les plus controversés adoubés par Donald Trump: ancien officier militaire, il ne cache pas ses sympathies pour des groupes de suprémacistes blancs et d'adeptes des drapeaux et des monuments à la gloire des confédérés.

Alors que les bureaux de vote fermaient les uns après les autres, et en attendant de voir où basculait le Congrès américain, l'attention se portait aussi sur les élections aux postes de gouverneurs. Et en particulier sur la Floride, où le gouverneur sortant Ron DeSantis a été réélu de manière triomphale.

Étoile montante du camp conservateur, possible prétendant à la Maison Blanche en 2024, il s'est félicité dans un discours offensif d'avoir fait de cet État du sud, longtemps considéré comme penchant tantôt à gauche, tantôt à droite, une "terre promise" pour les républicains, où "l'idéologie +woke+ vient mourir". Et où le sénateur républicain sortant Marco Rubio a d'ailleurs aussi été réélu. "Je ne fais que commencer le combat", a promis le gouverneur âgé de 44 ans.

De quoi titiller son potentiel rival à l'investiture et autre résident de Floride... l'ancien président Donald Trump.