La frontière entre l'Inde et le Pakistan s'embrase, au moins 38 morts

D'intenses tirs d'artillerie opposent mercredi l'Inde et le Pakistan le long de leur frontière contestée du Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes menées sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat meurtrier du 22 avril. Au moins 38 personnes ont été tuées de deux côtés de la frontière, selon un dernier bilan. Suivez notre direct.
D'intenses tirs d'artillerie opposent mercredi l'Inde et le Pakistan le long de leur frontière contestée du Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes menées sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat meurtrier du 22 avril. Ces violents échanges ont tué au moins 26 personnes du côté pakistanais, dont une fillette de 3 ans, et en ont blessé des dizaines d'autres, selon le porte-parole de l'armée, le général Ahmed Chaudhry. Du côté de la frontière indienne, au moins 12 victimes ont été dénombrées.
Les informations à retenir :
- Le dernier bilan fait état de 38 morts des deux côtés de la frontière indo-pakistanaise
- L'inde dit avoir visé des "infrastructures terroristes" dans la nuit au Pakistan, deux semaines après l'attaque à Pahalgam
- Plusieurs avions de chasse indiens ont été abattus
- Les États-Unis appellent à "désamorcer la situation"
- Londres se dit "prêt" à intervenir pour une "désescalade"
Donald Trump appelle Inde et Pakistan à "arrêter" les hostilités
Le président américain Donald Trump a appelé mercredi l'Inde et le Pakistan à cesser les hostilités "maintenant", alors que les deux puissances nucléaires sont engagées dans leur plus grave confrontation militaire depuis deux décennies.
"Je les connais tous les deux très bien et je veux les voir s'entendre. Je veux qu'ils arrêtent. Et j'espère qu'ils peuvent arrêter maintenant", a-t-il déclaré dans le Bureau ovale, interrogé sur les affrontements entre les deux pays voisins.
Londres se dit "prêt" à intervenir pour une "désescalade"
Le gouvernement britannique s'est dit mercredi "prêt" à intervenir pour une "désescalade" entre l'Inde et le Pakistan, deux pays dont les bombardements mutuels ont fait au moins 38 morts dans la confrontation la plus grave entre les deux voisins depuis deux décennies.
"Tout ce que nous pouvons faire en termes de dialogue, de désescalade, nous sommes prêts et en mesure de le faire", a déclaré le ministre du Commerce britannique Jonathan Reynolds sur la BBC.
Un barrage pakistanais endommagé au Cachemire, affirme l'armée pakistanaise
Les frappes indiennes ont endommagé un barrage pakistanais servant à produire de l'électricité au Cachemire, a affirmé mercredi l'armée pakistanaise, après des bombardements sur son sol qui ont tué selon elle au moins 26 civils.
L'Inde a ciblé "le barrage hydroélectrique de Neelum-Jhelum", proche de la frontière de facto qui sépare la région disputée en deux, a déclaré le porte-parole de l'armée, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.
Au moins 12 morts côté indien
L'Inde a pour sa part fait état de la mort de 12 civils sur son territoire et 38 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch (nord-ouest) lors des tirs d'artillerie. Engagée dans la nuit, la bataille s'est poursuivie le matin autour de la localité, cible de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l'AFP.
"Nous avons été réveillés par des tirs (...) j'ai vu des obus tomber. J'ai dit à mes associés de sortir du bâtiment, j'ai eu peur que le toit ne s'écroule", a rapporté à l'agence Press Trust of India (PTI) un habitant de Poonch, Farooq. De violentes explosions ont également été entendues plus tôt dans la nuit autour de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
Le Pakistan affirme avoir abattu des avions indiens
Au matin, le Pakistan a affirmé avoir "abattu cinq avions indiens" dans l'espace aérien de son voisin, tandis qu'une une source sécuritaire indienne a indiqué à l'AFP que trois chasseurs de l'armée de l'air indienne s'étaient écrasés, pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement précisées.
Le sort de leurs pilotes n'a pas été précisé, alors que nombre des zones touchées par les tirs et les frappes ne sont pas accessibles à la presse.
Un photographe de l'AFP a observé les débris d'un aéronef dans un champ à Wuyan, non loin de Srinagar. L'avion est un Mirage 2000 de l'armée de l'air indienne, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire indienne.
"Infrastructures terroristes" visées par l'Inde
Deux semaines après l'attaque qui a fait 26 morts à Pahalgam, dans la partie indienne du Cachemire, l'Inde a mis ses menaces à exécution. Dans la nuit de mardi à mercredi, elle a tiré des missiles sur neuf sites abritant selon elle des "infrastructures terroristes" au Pakistan, qu'elle accuse d'être responsable de l'attentat.
Islamabad a démenti toute implication dans cette attaque, la plus meurtrière visant des civils au Cachemire depuis plus de vingt ans. L'un des sites visés dans la nuit par l'armée indienne est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT).
L'Inde accuse ce groupe, soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008, d'avoir mené l'attentat de Pahalgam. Les villes de Kotli et Muzaffarabad, à 120 et 130 km de la capitale Islamabad, font partie des cibles visées par les missiles indiens, selon le Pakistan. A Muzaffarabad, la police et l'armée ont bloqué tous les accès à la mosquée Bilal, visée par une frappe indienne. Plusieurs habitations alentours ont été aussi été touchées et la population du quartier évacuée, selon des journalistes de l'AFP.
La riposte pakistanaise n'a pas tardé, sous la forme de tirs d'artillerie visant plusieurs points situés sur le territoire indien. "La riposte a commencé et si Dieu le veut, elle va s'accentuer (...) il ne faudra pas beaucoup de temps pour régler le problème", a menacé dans un entretien accordé à l'AFP le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif.
Le Comité de la sécurité nationale pakistanais, une instance uniquement convoquée pour les situations extrêmes, doit se réunir mercredi matin. Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi matin dans la ville méridionale de Hyderabad, brûlant des drapeaux indiens et des portraits du Premier ministre indien Narendra Modi.
Le chef de la diplomatie française appelle l'Inde et le Pakistan "à la retenue"
Le chef de la diplomatie française a appelé mercredi l'Inde et le Pakistan "à la retenue" après de violents échanges d'artillerie entre les deux pays qui ont tué des civils indiens et pakistanais.
"Nous comprenons l'aspiration de l'Inde à se protéger contre le fléau du terrorisme, mais nous appelons évidemment l'Inde comme le Pakistan, à la retenue pour éviter l'escalade et évidemment à la préservation des civils", a déclaré Jean-Noël Barrot, sur la chaîne TF1.
Le ministre n'a pas confirmé l'affirmation de l'armée pakistanaise qui dit avoir abattu cinq avions indiens dans l'espace aérien indien, dont trois Français. Mais il s'est dit "très préoccupé par la situation". "Il s'agit de deux grandes puissances militaires. C'est pourquoi nous appelons à la retenue", a-t-il insisté.
Les États-Unis appellent à "désamorcer la situation"
Dans la nuit, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais en les appelant au dialogue pour "désamorcer la situation et d'éviter une nouvelle escalade", selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Interrogé par la presse peu auparavant, Donald Trump a dit espérer que les affrontements entre Inde et Pakistan "s'arrêtent très rapidement". "Le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire", a pour sa part plaidé le porte-parole du secrétaire général l'ONU.
La Chine a appelé les deux pays" à rester calmes, à faire preuve de retenue et à éviter de prendre des mesures qui compliqueraient davantage la situation".
Une guerre de l'eau en parallèle
"Aucune installation militaire pakistanaise n'a été visée", a assuré le gouvernement indien, estimant faire preuve d'une "retenue considérable" pour "éviter toute escalade". "L'action irresponsable de l'Inde rapproche les deux Etats nucléaires d'un conflit majeur", a pour sa part estimé la diplomatie pakistanaise.
New Delhi doit recevoir mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui était lundi à Islamabad pour une médiation. Juste avant les premières frappes de son armée, Narendra Modi avait annoncé son intention de "couper l'eau" des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan.
"L'eau appartenant à l'Inde s'écoulait jusque-là vers l'extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l'Inde", a déclaré M. Modi. Dès le lendemain de l'attentat, l'Inde avait suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.
Mardi, le Pakistan avait accusé l'Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l'un des trois placés sous son contrôle selon le traité dit de l'Indus. Ce document accorde à New Delhi le droit d'utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures, mais lui interdit de détourner des cours d'eau ou d'altérer le volume d'eau en aval.