L'aide humanitaire va entrer dans Gaza, assure Israël. 2:06
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avec AFP / Crédits photo : Yahya HASSOUNA / AFP , modifié à
Le président américain Joe Biden a indiqué qu'Israël avait donné son feu vert à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, au lendemain de la frappe qui a touché un hôpital de Gaza, faisant au moins 200 morts. Elisabeth Borne a de son côté annoncé la mort de 24 Français. Europe 1 fait le point sur la situation.

L'aide humanitaire va entrer dans la bande de Gaza, privée de tout depuis près de dix jours, a assuré mercredi Israël, à l'issue d'une visite à haut risque du président américain Joe Biden, au lendemain d'une frappe meurtrière sur un hôpital de Gaza qui a soulevé un vent de colère au Moyen-Orient. Venu en personne soutenir son allié meurtri par l'attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas palestinien, Joe Biden a aussi repris à son compte la version donnée par l'armée israélienne sur cette frappe, qui accuse le Djihad islamique, une autre organisation palestinienne.

"Sur la base des informations que nous avons eues jusqu'à maintenant, il semble que (la frappe) soit le résultat d'une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza", a déclaré Joe Biden. Le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a accusé Israël d'être l'auteur de cette frappe, tout comme l'Iran et de nombreux pays arabes, où des milliers de manifestants sont descendus mardi dans la rue pour dénoncer les "crimes sionistes".

Les principales informations : 

- Mardi soir, une explosion dans l'enceinte d'un hôpital de Gaza a provoqué plusieurs dizaines de morts. 

- L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir "des preuves" de la responsabilité du groupe palestinien Djihad islamique dans cette explosion.

- Les pays arabes, eux, ont attribué d'une voix unanime l'explosion meurtrière à l'armée israélienne.

- Elisabeth Borne annonce que 24 Français sont morts en Israël, et sept sont toujours disparus

- À Gaza, 3.478 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, dont 471 dans la frappe de l'hôpital, selon le Hamas

- Israël autorise l'entrée d'aide humanitaire dans Gaza depuis l'Egypte, indique Joe Biden

Civils tués à Gaza: la Turquie décrète trois jours de deuil national

La Turquie a décrété mercredi trois jours de deuil national, au lendemain de la frappe sur un hôpital de Gaza qui a fait de nombreux morts et dont Israël et les Palestiniens s'accusent mutuellement.

"Par respect pour les milliers de martyrs, dont la plupart sont des enfants et des civils innocents, trois jours de deuil national sont décrétés dans notre pays", a indiqué le président turc Recep Tayyip Erdogan dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter).

Biden s'adressera jeudi aux Américains sur le soutien à Israël et à l'Ukraine 

Joe Biden s'adressera jeudi soir aux Américains depuis le Bureau ovale sur la "réponse (des Etats-Unis) aux attaques terroristes du Hamas contre Israël et à la brutale agression de l'Ukraine par la Russie", a fait savoir mercredi sa porte-parole Karine Jean-Pierre.

Rishi Sunak se rend en Israël et dans la région

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak se rend jeudi en Israël et dans plusieurs autres capitales dans la région pour appeler à éviter une escalade de la guerre entre le Hamas et l'Etat hébreu, ont annoncé ses services mercredi soir.

"L'attaque de l'hôpital" Ahli Arab de Gaza "devrait être un moment décisif pour que les dirigeants dans la région et à travers le monde se rassemblent pour éviter une dangereuse escalade supplémentaire dans la région", a déclaré Rishi Sunak dans un communiqué, "je ferai en sorte que le Royaume-Uni soit en première ligne dans cet effort".

Biden annonce que l'Égypte autorise l'entrée à Gaza de "jusqu'à 20 camions" d'aide humanitaire

Joe Biden a affirmé mercredi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec lequel il venait de s'entretenir, avait "accepté" de "laisser jusqu'à 20 camions traverser" la frontière pour acheminer de l'aide humanitaire à Gaza.

"Si le Hamas (s'en) saisit ou ne les laisse pas passer (..) alors ce sera fini", a prévenu le président américain lors d'un entretien avec les journalistes à bord de son avion, pendant une escale en Allemagne, en jugeant que son homologue égyptien était "totalement coopératif" et qu'il "méritait beaucoup de reconnaissance" pour son action.

Des manifestants occupent un bâtiment du Congrès américain pour exiger un cessez-le-feu à Gaza

Au moins une centaine de manifestants ont occupé mercredi un bâtiment du Congrès américain pour exiger des élus et de l'administration Biden qu'ils fassent pression pour un cessez-le-feu à Gaza, pilonnée par Israël depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre.

Vêtus de t-shirts noirs barrés de l'inscription "Les juifs disent: cessez-le-feu maintenant" et "Pas en notre nom", ils se sont assis en applaudissant et en chantant dans la rotonde du Cannon Building, l'un des bâtiments du Congrès, et ont déployé de grandes banderoles proclamant "Cessez-le-feu" et "Laissez Gaza vivre".

Israël donne son feu vert à l'entrée de l'aide humanitaire

S'exprimant devant la presse, le président américain a indiqué qu'Israël avait donné son feu vert à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, répondant ainsi à la demande des autorités américaines et de la communauté internationale. "Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza", a confirmé ensuite un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Israël a toutefois mis une condition. Cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas palestinien ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199 otages, selon Israël. Leur libération est d'une "absolue priorité", a affirmé le président américain, à l'issue de sa rencontre avec Benjamin Netanyahu.

24 Français tués et 7 toujours portés disparus, selon Élisabeth Borne

En parallèle, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé mercredi que 24 Français ont été tués et sept sont toujours portés disparus, "plusieurs probablement retenus en otage" dans la bande de Gaza par le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste lancée le 7 octobre contre Israël.

Paris a par ailleurs rapatrié 3.500 Français d'Israël. "D'ici ce soir nous aurons permis à 3.500 de nos concitoyens de rejoindre la France", a dit la Première ministre devant le Sénat, lors de la séance des questions au gouvernement. Un débat sera organisé "la semaine prochaine" au Parlement "sur la situation au Proche-Orient", a aussi indiqué la cheffe du gouvernement.

Près de 3.500 victimes dans la bande de Gaza, selon les autorités locales

Le président américain a également assuré que la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas, et qui a déjà fait des milliers de morts de part et d'autre, renforçait sa "détermination" pour une solution "à deux Etats", un palestinien et un israélien. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils, le jour de l'attaque, qui est la plus meurtrière ayant visé Israël depuis sa création, en 1948.

En représailles, Israël bombarde sans relâche le petit territoire surpeuplé de Gaza, où au moins 3.478 personnes ont été tuées, en majorité des civils palestiniens, selon les autorités locales, qui ne précisent pas si ce bilan prend aussi en compte celui des victimes de l'hôpital Ahli Arab de Gaza. Joe Biden a assuré qu'il travaillerait avec Israël pour éviter "davantage de tragédie" aux civils, au douzième jour de la guerre, et alors que la situation dans la bande de Gaza, un petit territoire de 362 km2 est "incontrôlable", selon l'Organisation mondiale de la santé.

Des camions remplis d'aide internationale stationnent en Égypte

Des dizaines de camions remplis d'aide internationale attendent en Égypte depuis des jours de rentrer à Gaza au point de passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël. Ce point de passage était toujours fermé mercredi soir, ont constaté des journalistes de l'AFP. L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire, pauvre et exigu, de 362 km2, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

La frappe mardi soir sur l'hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'établissement, a indiqué de son côté le ministère de la Santé du territoire palestinien. Le tir a suscité de multiples condamnations et des manifestations de colère notamment au Caire, à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou à Beyrouth.

"J'ai vu une énorme boule de feu"

Israël a affirmé mercredi avoir des "preuves" de la responsabilité du Djihad islamique dans la frappe sur l'hôpital. "Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l'explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d'une roquette du Djihad islamique ayant échoué", a déclaré le porte-parole de l'armée Daniel Hagari.

Selon le Djihad islamique, un groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie. "Nous étions en train d'opérer dans l'hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d'opération. C'est un massacre", a témoigné le Dr Ghassan Abu Sittah, de l'ONG Médecins sans frontières.

Dans une video authentifiée par l'AFP, on voit des flammes s'élever dans la nuit de ce qui semble être la cour d'un bâtiment. Dans l'enceinte de l'hôpital Ahli Arab, un photographe de l'AFP a vu mercredi des véhicules carbonisés, des débris jonchant le sol et une ambulance détruite avec le nom de l'hôpital. "J'ai vu une énorme boule de feu, l'endroit entier était en feu, des cadavres étaient projetés partout, des enfants, des femmes et des personnes âgées", raconte Adnan al-Nagah, 37 ans, qui s'était abrité avec sa famille dans l'hôpital et a échappé de peu à la mort.

Colère dans le monde arabe

Des milliers de personnes ont manifesté mercredi en soutien aux Palestiniens au Caire, près de l'ambassade d'Israël à Amman, et à Tunis devant l'ambassade de France, l'un des pays accusés d'être des "alliés des sionistes" dans cette guerre. Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de "Libérez, libérez la Palestine".

Alors que l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien et le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l'armée. Des habitants de villes proches de la bande de Gaza s'organisent pour faire face à la guerre, alors que des roquettes sont encore quotidiennement tirées sur Israël.

La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu'en Cisjordanie où au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.