Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté" mercredi les bombardement d'infrastructures civiles. 1:44
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William Molinié avec AFP / Crédits photo : Bertrand GUAY / AFP , modifié à
Au 40e jour du conflit entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne a lancé une opération "ciblée" dans l'hôpital al-Chifa, le plus important de la bande de Gaza, qu'elle accuse d'abriter des membres du mouvement terroriste. Paris dit sa "très vive préoccupation" mercredi après-midi. Europe 1 fait le point.

L'armée israélienne est entrée mercredi dans le plus grand hôpital de Gaza où elle a mené des fouilles, visant ce qu'elle présente comme une base stratégique du Hamas lors d'une opération qui suscite l'inquiétude pour les milliers de Palestiniens réfugiés dans ce site. L'hôpital al-Chifa, un immense complexe depuis plusieurs jours au cœur des combats entre soldats israéliens et terroristes, représente un objectif majeur pour Israël, qui a juré "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, depuis l'attaque terroriste sanglante du 7 octobre.

Les informations à retenir :

  • L'armée israélienne mène mercredi une opération "ciblée" contre le Hamas dans l'hôpital al-Chifa
  • Plusieurs milliers de personnes, malades, personnels et civils déplacés par la guerre, s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa
  • L'armée israélienne estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas
  • Emmanuel Macron a "condamné avec la plus grande fermeté" mercredi les bombardements d'infrastructures civiles
  • La France a exprimé mercredi "sa très vive préoccupation face aux opérations militaires israéliennes dans l'hôpital Al-Chifa" de Gaza,

Le Hamas dément

Le ministère de la Santé du Hamas affirme qu'Israël n'a pas trouvé d'armes dans l'hôpital d'al-Shifa, contredisant ainsi le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari. 

Tsahal dit avoir trouvé des "armes et équipements militaires" dans l'hôpital Al-Shifa 

L'armée israélienne a dit avoir trouvé "des munitions, des armes et des équipements militaires" du Hamas dans l'hôpital al-Chifa de Gaza où elle est intervenue militairement mercredi. "Nous avons la preuve que l'hôpital servait à des fins militaires et terroristes contrairement aux lois internationales", a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée Daniel Hagari.

Macron affirme défendre une position "équilibrée" qui n'a "jamais varié"

Le président français Emmanuel Macron a affirmé défendre mercredi une position "équilibrée" et qui n'a "jamais varié", après s'être vu reproché une manque de clarté sur le conflit entre Israël et le Hamas. "Nous reconnaissons, de manière complète, le droit d'Israël de se défendre et de lutter contre le terrorisme mais parce qu'Israël est une démocratie (...) ce droit à se défendre doit s'inscrire dans le cadre du droit international humanitaire et en respectant les règles de la guerre (...). Nous n'avons jamais varié", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Berne, en Suisse.

Le chef de l'État a également "condamné avec la plus grande fermeté" mercredi les bombardements d'infrastructures civiles dans la guerre qui oppose Israël au Hamas, lors d'une conférence de presse à Berne. "Nous condamnons avec la plus grande fermeté tous les bombardements de civils en particulier d'infrastructures civiles qui doivent être protégées au titre de notre droit international et du droit humanitaire", a dit le président lors du premier jour de sa visite d'Etat en Suisse.

L'armée israélienne se retire d'al-Shifa, selon un journaliste collaborant avec l'AFP

Soldats et chars israéliens se sont retirés mercredi soir de l'hôpital al-Shifa de Gaza pour se repositionner autour de l'immense complexe qu'Israël accuse le Hamas d'utiliser comme base militaire, a rapporté un journaliste collaborant avec l'AFP. Depuis mercredi matin, l'armée israélienne disait mener une "opération ciblée" dans l'établissement où se trouvent, selon l'ONU, environ 2.300 personnes, dont des patients, des soignants et des déplacés.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat. L'armée israélienne avait interrogé des dizaines de civils qui ont été relâchés, a ajouté le journaliste. Le Hamas dément être présent dans al-Shifa.

Paris dit sa "très vive préoccupation"

La France a exprimé mercredi "sa très vive préoccupation face aux opérations militaires israéliennes dans l'hôpital Al-Chifa" de Gaza, estimant que la population palestinienne n'avait "pas à payer pour les crimes du Hamas". Paris "rappelle la nécessité absolue pour Israël de se conformer au droit international humanitaire, qui prévoit tout particulièrement la protection des infrastructures hospitalières et impose en tout temps et en tous lieux des principes clairs de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution", selon une déclaration de son ministère des Affaires étrangères.

"Il n'y a aucun endroit à Gaza" qu'Israël "n'atteindra pas", prévient Netanyahu

"Il n'y a aucun endroit à Gaza" qu'Israël "n'atteindra pas, aucune cachette, aucun refuge", a prévenu le Premier ministre Benjamin Netanyahu mercredi, alors que l'armée israélienne est entrée dans le plus grand hôpital du territoire palestinien. "Nous atteindrons et éliminerons le Hamas et nous ramènerons les otages", deux "missions sacrées", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une visite dans une base militaire en Israël.

Inquiétude sur le sort des civils à Gaza

Plusieurs organisations internationales ont exprimé leur inquiétude sur le sort des civils et l'ONU s'est dite "horrifiée". Les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, transformés en camps pour des milliers de Palestiniens fuyant les combats, ne fonctionnent plus pour la plupart, privés d'électricité et faute de carburant pour alimenter les générateurs. Malgré une première livraison d'essence mercredi via l'Egypte, l'ONU a averti que ses opérations d'aide à Gaza étaient "au bord de l'effondrement".

Tôt mercredi, des dizaines de soldats israéliens, certains encagoulés et tirant en l'air, ont fait irruption dans l'hôpital al-Chifa, dans l'ouest de la ville de Gaza, et ordonné aux hommes de se rendre, selon un journaliste collaborant avec l'AFP sur place. "Tous les hommes de 16 ans et plus, levez les mains en l'air et sortez des bâtiments vers la cour intérieure pour vous rendre", ont-ils crié en arabe. Israël a annoncé mener "une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Chifa".

Des chars dans l'hôpital

Des soldats ont mené des interrogatoires, de patients et de médecins notamment, fouillant aussi des femmes et des enfants en pleurs. Des chars israéliens, qui encerclaient depuis plusieurs jours l'hôpital, sont entrés à l'intérieur, postés devant différents services dont celui des urgences. Dans les couloirs, les soldats tiraient en l'air en allant de pièce en pièce, recherchant visiblement des hommes du Hamas. Israël a précisé avoir envoyé "des équipes médicales parlant arabe et entraînées", afin "qu'aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains".

L'armée a diffusé des images montrant des soldats débarquant d'un blindé ce qu'elle présente comme de l'aide médicale pour la livrer à l'intérieur de l'hôpital. L'ONU et la communauté internationale doivent intervenir "immédiatement" pour mettre fin à cette opération, a lancé le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas, Youssef Abou Rich, présent dans al-Chifa. La guerre à Gaza est "une guerre contre l'existence des Palestiniens", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas.

2.300 personnes massées à l'intérieur de l'hôpital al-Chifa

Environ 2.300 personnes selon l'ONU, dont des patients, des soignants et des déplacés de guerre sont massés à l'intérieur d'al-Chifa. Les médecins et des ONG internationales affirment que ces civils ne peuvent pas sortir, piégés par les combats qui font rage aux alentours. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rappelé que "les patients, le personnel médical et les civils doivent être protégés à tout moment". L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué avoir une nouvelle fois perdu le contact avec le personnel de santé de l'hôpital.

Le conflit en chiffres

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas sur le sol israélien, d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948. Environ 1.200 personnes ont été tuées dans cette attaque, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes. L'armée estime que quelque 240 otages ont été enlevés par le Hamas. Elle a annoncé mercredi que 48 soldats avaient été tués à Gaza depuis le début de la guerre.

En représailles à l'attaque, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien assiégé et a lancé une opération terrestre le 27 octobre contre le Hamas. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont tué 11.320 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.650 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Feu vert" à Israël

Dans la nuit, l'armée israélienne a dit avoir "fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l'hôpital devaient cesser dans les 12 heures" mais que cela "n'avait malheureusement pas été le cas". Israël estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels sous le complexe. Le Hamas dément de telles allégations.

La Maison Blanche a elle aussi assuré mardi que le Hamas et son allié le Jihad islamique, tous deux classés "terroristes" par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, avaient "un centre de commandement et de contrôle depuis l'hôpital al-Chifa". Le Hamas a rejeté ces accusations, les qualifiant de "feu vert" à Israël "pour commettre de nouveaux massacres". Le directeur d'al-Chifa, le docteur Mohammed Abou Salmiya, avait raconté mardi à l'AFP que "des corps jonchaient les allées du complexe hospitalier" et que les chambres frigorifiées des morgues n'étaient plus alimentées en électricité.

Mardi soir, le Croissant-rouge palestinien avait annoncé avoir évacué un autre grand hôpital de la bande de Gaza, al-Quds, "assiégé depuis plus de dix jours" et qui a cessé de fonctionner faute de carburant. En Israël, la pression s'accentue sur le gouvernement pour qu'il obtienne la libération des otages. Le Forum des familles d'otages et disparus a réclamé mardi soir que le gouvernement approuve un accord "pour ramener à la maison tous les otages de Gaza", pendant qu'une centaine de proches d'otages entamaient une marche depuis Tel-Aviv vers le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem.

Coupure des communications

Dans le centre de la bande de Gaza, une nouvelle frappe a visé mercredi un bâtiment à Deir al-Balah. "Nous avons entendu une forte explosion, nous nous sommes précipités et nous n'avons trouvé que des restes de femmes et d'enfants", a raconté à l'AFP un habitant de la ville, Awni al-Douggi. Dans le territoire, soumis depuis le 9 octobre par Israël à un siège complet, la population est privée de livraisons d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

L'aide internationale y arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte. Mercredi, un peu plus de 23.000 litres de carburant sont entrés depuis l'Egypte, pour la première fois depuis le début de la guerre. Ce carburant n'est "pas du tout suffisant", selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), et à la demande d'Israël, servira "seulement pour le transport de l'aide" et non "pour faire fonctionner l'approvisionnement en eau ou les hôpitaux".

La compagnie palestinienne des télécommunications Paltel a annoncé de son côté "une suspension de tous les services de télécommunications sous quelques heures", faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs alimentant ses principaux serveurs.

Depuis le 5 novembre, environ 200.000 Palestiniens, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ont fui le nord de la bande de Gaza, transformé en champ de ruines, après l'ouverture par Israël de "couloirs" d'évacuation. D'après l'Ocha, 1,65 des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre. Une grande partie d'entre eux se sont réfugiés dans le sud, près de la frontière égyptienne, mais plusieurs centaines de milliers d'autres sont restés au milieu des combats dans le nord.