Des milliers de témoignages d'agressions et de harcèlement sexuels dans les écoles anglaises

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Anaïs Cordoba, édité par Margaux Lannuzel
Un site internet permettant aux élèves ou anciens élèves de témoigner anonymement, qui a déjà recueilli plus de 9.000 récits, fait émerger l'ampleur du phénomène du harcèlement et des agressions sexuelles au sein des établissements scolaires britanniques. 

"Everyone's invited" - "Tout le monde est invité" - à témoigner. C'est le nom d'un site recueillant les récits des élèves ou anciennes élèves qui affirment avoir subi des violences ou du harcèlement sexuel alors qu'elles étudiaient dans un établissement scolaire du Royaume-Uni. Créé en 2020, il recense désormais plus de 9.000 témoignages et fait émerger un sujet jusque-là tabou outre-Manche. 

"La culture du viol est un problème pour toutes les écoles"

Des femmes et jeunes filles de tous âges y racontent des attouchements, des menaces de partager des photos de nus et un climat général de misogynie dans de nombreux établissements. "La culture du viol est un problème pour toutes les écoles", affirme à la BBC Soma Sara, la fondatrice du site par lequel tout a commencé - elle-même victime d'abus sexuels en milieu scolaire.  

Signe que la libération de la parole est en marche : certaines anciennes élèves s'expriment désormais dans les médias, comme une femme de 26 ans, interrogée par le Times, et qui affirme avoir été agressée sexuellement par un camarade à l'âge de 16 ans, alors qu'elle était inscrite dans la prestigieuse école londonienne de Westminster. "La banquière affirme que même si l'agression était horrible, c'est l'attitude de l'école qui l'a le plus traumatisée", écrit le quotidien. 

Car la jeune fille a, à l'époque, été renvoyée de son établissement le temps d'une enquête sur ses accusations. Une fois achevée, celle-ci n'a abouti à aucune sanction pour son agresseur.

Une centaine d'établissements visés, une enquête ouverte 

"Aucune école, privée ou publique, ne devrait jamais être un environnement où les jeunes ne se sentent pas en sécurité, et a fortiori un endroit où des abus sexuels peuvent avoir lieu", a réagi sur Twitter le secrétaire d'Etat britannique à l'Education. Une enquête a été ouverte suite à ces dénonciations, qui visent au total une centaine d'établissements. 

Une enquête qui devra répondre à une question centrale : combien de ces établissements aux réputations parfois fameuses, ont-ils couvert des abus pour se protéger ?  "C'est un sujet très compliqué pour les écoles, et très souvent elles décident de ne pas s'en occuper, en disant que c'est un problème pour la police", explique dans le Guardian Louise Whitfield, une avocate qui défend plusieurs anciennes élèves. 

"Maintenant, j'espère qu'ils vont devoir se mettre à niveau, parce qu'il y a des barrières qu'ils peuvent poser pour protéger les élèves. C'est un signal d'alarme pour les écoles, et il arrive bien tard."