Lesbos incendie camp de migrants Grèce 1:56
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Hélène Terzian, envoyée spéciale à Lesbos en Grèce, avec AFP, édité par Mathilde Durand , modifié à
Au lendemain des incendies qui ont ravagé le camp de Moria, sur l'île de Lesbos en Grèce, des milliers de migrants se retrouvent sans abri. Dans les décombres des conteneurs calcinés, les exilés tentent de récupérer quelques affaires. Sans solutions, ils attendent sur le bord de la route qui mène au port de Mytilène. Europe 1 est sur place. 
REPORTAGE

Après les flammes, la désolation. Sur l'île de Lesbos, en Grèce, au lendemain des incendies qui ont éclaté dans le camp de Moria, des milliers de migrants se retrouvent sans abri. Le sinistre n'a fait aucune victime dans le plus grand camp du pays, qui abritait près de 12.700 exilés, soit quatre fois sa capacité d'accueil. Mais il n'en reste presque rien. Le centre administratif du camp, en dur, a été ravagé par le feu. Les tentes et les abris de fortune, eux aussi, ont été calcinés.

D'après les autorités grecques, ces incendies auraient été provoqués par certains migrants, furieux de se voir imposer une quarantaine à la suite de la détection de 35 cas de coronavirus. Dans les installations surpeuplées, où il était impossible de respecter les gestes barrières, et sans mesures sanitaires, le Covid-19 s'est rapidement propagé. L'état d'urgence a été déclaré sur l'île par la Protection civile. 

400 mineurs isolés transférés vers le continent 

Dans les décombres, certains exilés, parfois pieds nus, tentent de récupérer les restes de leurs biens. "Des policiers sont venus pour nous dire 'sortez'. Ils parlaient en anglais. Je n'ai rien pris, ce n'est que la robe de nuit que j'avais. Je suis vite sortie et le feu venait", raconte une réfugiée en provenance d'Europe de l'Ouest. "Il y a des femmes enceintes, des femmes qui ont accouché par césarienne, des bébés d'une semaine, de quelques jours. On a tout perdu." 

"On n'a plus rien"

"Au moins au camps de Moria, on avait une tente. Là on n'a plus rien", témoigne Chanise, Afghane de 27 ans qui a dû tout quitter sans rien pouvoir sauver. "La nuit dernière, on a dormi dans la rue, et maintenant on n'a plus rien, ni à manger, ni à boire. Et puis il y a des femmes enceintes, des gens malades... On ne sait pas ce qu'on doit faire, on est tellement inquiet, tellement triste."

Des milliers de demandeurs d'asiles se retrouvent ainsi assis sur le bord de la route qui mène au port de Mytilène. Selon certains journalistes de l'AFP sur place, ils formeraient une file de 3 kilomètres de long. Parmi eux, de nombreuses familles afghanes, syriennes, congolaises ou irakiennes qui dorment ici et attendent de l'aide. Elles espèrent avoir une place sur les deux navires militaires grecs qui doivent arriver ce jeudi, tandis que 1.000 réfugiés ont déjà été mis à l'abris sur un ferry. Par ailleurs, 400 mineurs isolés ont été transférés vers la Grèce continentale.