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Pauline Jacot, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Le viol et le meurtre d'une adolescente roumaine de 15 ans fin juillet a fait descendre dans les rues de Bucarest des milliers de Roumains qui demandent la démission de leur gouvernement. Le population tient la police pour responsable du drame, à cause de son temps d'intervention. 

C'est un féminicide qui a traumatisé la Roumanie. Alexandra, une jeune fille de 15 ans, a été séquestrée, violée et tuée par un homme de 65 ans mercredi 24 juillet dans le sud du pays, alors qu'elle faisait du stop pour rentrer chez elle. Alertée par la victime, la police a mis 19 heures pour intervenir, trop tard pour éviter le drame. Depuis, des milliers de Roumains manifestent dans les rues de Bucarest pour demander la démission du gouvernement.

L'adolescente de 15 ans a eu trois fois la police au téléphone qui ne l'a d'abord pas crue, soupçonnant une simple fugue avec son petit ami. La jeune fille donne des détails, la police se ravise, part sur les lieux, mais se trompe deux fois d'adresse avant de localiser la maison. Douze heures ont passé depuis l'alerte et devant le domicile les forces de l'ordre attendent encore plusieurs heures la permission du procureur avant d'intervenir. Entre temps, la jeune fille a été battue, violée et tuée. 

"Les gens en ont assez"

Depuis, des milliers de Roumains se sont rassemblés devant le ministère de l'Intérieur en criant "assassins", ou encore "incompétents". "Il s'agit d'un moment de vérité, l'Etat est pratiquement incapable de gérer une crise", résume le journaliste et écrivain Sorin Antohi au micro d'Europe 1. "Il y a un sentiment de ras-le-bol, c'est un véritable cri de désespoir : les gens en ont assez", analyse-t-il. D'autant que "cet épisode fait partie d'une longue saga d'incompétences des forces de l'ordre et de toutes les institutions de l'Etat". 

"La pourriture est dans le système"

De son côté, un ancien ministre roumain qui s'est confié à Europe 1 estime que c'est "la corruption qui rend la police roumaine inefficace". "La pourriture est dans le système", résume-t-il. Et pour lui, "les démissions de ces derniers jours n'y changeront rien". Pour l'heure, les faits semblent lui donner raison, puisque même la démission du ministre de l'Intérieur roumain, Nicolae Moga, "pour sauvegarder le prestige du ministère", n'a pas calmé la foule qui scande toujours "ils doivent tous partir". 

Nicolae Moga est le troisième haut responsable à démissionner en lien avec cette affaire, après le chef de la police, Ioan Buda, et le directeur du Service des télécommunications spéciales (STS), Ionel Vasilca. Trois chefs de la police du département d'Olt dont dépend Caracal ont également été limogés tandis que huit agents de police font l'objet d'une procédure disciplinaire pour des manquements dans leur enquête. 

Quant au suspect, il a été arrêté samedi et a reconnu avoir séquestré, violé et tué Alexandra, ainsi qu'une autre jeune fille portée disparue en avril.  Selon les médias roumains, l'homme de 65 ans a également été interrogé sur le meurtre d'une troisième jeune fille, dont le corps décapité avait été retrouvé dans un parc de Craiova, au sud de la Roumanie en 2015.