Le Royaume-Uni veut accélérer le rythme des vaccinations. 1:31
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Anaïs Cordoba, édité par Antoine Terrel , modifié à
Pour vacciner un maximum de personnes, les autorités britanniques ont décidé d'allonger le délai séparant les deux injections du vaccin Pfizer/BioNtec. Il faudra donc désormais attendre jusqu'à 12 semaines pour recevoir la deuxième dose. Une stratégie qui inquiète certains médecins.
REPORTAGE

Au Royaume-Uni, les autorités veulent accélérer sur la vaccination pour tenter de contenir la rapide progression de l'épidémie de coronavirus. Alors que plus d’un million de personnes ont déjà reçu leur première dose du vaccin Pfizer, et qu'à partir de lundi, le vaccin britannique AstraZeneca/Oxford va être distribué, le gouvernement souhaite aller plus vite et a pour cela décidé d'allonger le délai entre l'injection de la première et de la seconde dose du vaccin Pfizer/BioNTech. Il faudra désormais attendre jusqu’à 12 semaines pour recevoir la seconde dose du vaccin, contre 21 jours initialement. 

"Avec une seule dose, on obtient une protection de l'ordre de 50%"

Cette décision suscite une certaine inquiétude chez certains médecins, qui craignent que ce changement de stratégie érode la confiance des patients dans la campagne de vaccination. Mais David, un médecin généraliste à la retraite de 80 ans, qui a reçu la première dose du vaccin Pfizer la semaine dernière, tout comme son épouse, se veut compréhensif. "Nous sommes déçus mais je pense que c’est la meilleure décision. Les tests montrent qu’avec une seule dose, nous sommes plutôt bien immunisés, et maintenant, il y aura donc beaucoup plus de vaccins pour immuniser deux fois plus de personnes, c’est la priorité", explique-t-il à Europe 1. 

"Les Anglais (...) sont dans une situation d’urgence que nous n’avons pas pour l’instant. C’est un pari qu'ils font", estime de son côté Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble. "Avec une seule dose", rappelle-t-il, "on obtient une protection de l’ordre de 50 à 60%, insuffisant pour une protection des individus. Si on dissémine les doses et qu'on multiplie ainsi le nombre de vaccinés, 50% devient significatif, mais laisse tout un champ de possibilité de contaminations. C'est un pari qu’on peut tenter pour ralentir l’épidémie et protéger les gens qui ne sont pas protégés par le vaccin, mais ça reste un pari."

"Avec ce virus, il faut agir de manière agile"

Les laboratoires Pfizer préconisent un intervalle de seulement 21 jours entre les deux doses de leur vaccin. Mais rien ne prouve que son efficacité diminue avec un intervalle plus long, répond le comité scientifique de la vaccination, qui conseille le gouvernement. "Plus nous injecterons une première dose du vaccin au plus grand nombre de personnes vulnérables, plus nous ferons baisser le nombre de morts et d’hospitalisations", assure le professeur Anthony Harnden, vice-président du comité scientifique. "Avec ce virus, nous savons qu’il faut agir de manière agile, rapidement et efficacement".

Grâce à cette nouvelle stratégie, le gouvernement britannique espère vacciner des dizaines de millions de personnes d’ici trois mois.