Vladimir Poutine a juré de tout faire pour que l’horreur d’une guerre mondiale ne se reproduise pas. 3:44
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Vincent Hervouët
Ce lundi 9 mai, la Russie célébrait sa victoire contre le nazisme et l'Allemagne en 1945. À cette occasion, une partie du monde attendait que la Russie montre sa toute puissance ou qu'elle déclare officiellement la guerre à l'Ukraine mais rien de tout cela ne s'est produit. Vincent Hervouët revient sur ces cérémonies de commémorations.
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C’est une vieille blague de cour de récré qui promet un gâteau et une surprise. Et la surprise, c’est qu’il n’y a pas de gâteau. Pour le 9 mai, on s’attendait à la surprise du chef Poutine : la surprise, c’est qu’il n’a pas ordonné la mobilisation générale, ni déclaré officiellement la guerre à l’Ukraine, ni menacé de représailles plus précises l’Europe qui arme l’ennemi… Bernique ! À l’évidence, le président russe n’écoute pas les médias occidentaux. S’il les écoute, il ne se laisse pas dicter son agenda.

Il a fait le discours victimaire attendu : de Borodino à Donetsk en passant par Stalingrad, il assume tout et toujours. La Russie a été assiégée. Une fresque récitée sur le ton morne qui convient sur la place Rouge. Il n’avait pas le choix en Ukraine, vu les manigances de l’Occident et la patrie est reconnaissante à ses fils qui se sacrifient pour la défendre. C’était ennuyeux comme une parade au temps des Soviets. Poutine a déçu les médias. L’Europe est soulagée.

Un Vladimir Poutine seul…

Personne à trois mètres alentour. Volontairement seul, aucun dirigeant étranger n’était convié à la tribune. C’est une bonne façon d’éviter les déconvenues des dernières années. Engoncé dans son gilet pare-éclats et dans ses certitudes, Vladimir Poutine n’a pas prononcé une seule fois le nom de l’Ukraine. C’est assez logique puisqu’il nie sa souveraineté, qu’elle n’existe plus, qu’il s’applique à la démanteler.

La parade militaire comptait un tiers de matériel et de soldats en moins. On peut y voir l’effet de la guerre qui a détruit des unités entières. On peut aussi se demander à quoi se réduira le défilé de l’an prochain… Et ce sera dommage : la parade au pas de l’oie est ce que font de mieux les militaires russes, beaucoup mieux que la guerre.

La marine est restée au port, l’aviation clouée au sol. Le fameux Illiouchine 80 dans lequel Vladimir Poutine pourrait commander des frappes nucléaires était invisible dans le ciel bleu. L’Etat major a prétexté des problèmes de météo. Il a surtout reçu l’ordre d’éviter l’escalade. Brandir la menace nucléaire est toujours un aveu de faiblesse.

Cela annonce-t-il un tournant dans la guerre ?

Si l’on écoute l’Otan, Vladimir Poutine est dangereux quand il menace. Et quand il ne menace pas, il mord. C’est maintenant qu’il faudrait se méfier.

Sur le terrain, la Russie marque péniblement des points. Même si elle n’a pas de succès éclatant à afficher, l’armée avance. Elle a pu organiser une parade à Marioupol. Severodonesk est sur le point de tomber, avec le contrôle de toute la région de Lougansk. La bataille pour Kramatorsk approche.

Lundi, Vladimir Poutine a plaidé la légitime défense face à une menace inacceptable. Il a juré de tout faire pour que l’horreur d’une guerre mondiale ne se reproduise pas. C’est le contraire d’une surenchère. Ce n’est pas encore le retour à la table des négociations mais son ton nouveau et la situation militaire l’annoncent.

Un défilé avec le régiment immortel

En portant comme des millions de Russes le ruban de Saint Georges et la photo en noir et blanc de son parent, en l’occurrence, son père mobilisé dans la marine et blessé pendant la grande guerre patriotique. Sur la photo, le marin a le regard éberlué de ceux qui mourraient de faim à Saint-Pétersbourg. On regarde et on pense aux derniers combattants d’Azovstal qui n’ont plus ce matin que de l’eau et des balles et qui refusent de se rendre. Le régiment Azov qui devient immortel.