La réforme de la fonction publique d'Etat prévoit de regrouper les hauts-fonctionnaires des différentes administrations. 1:23
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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Laura Laplaud , modifié à
C'est l'un des décrets importants de la réforme de la haute fonction publique lancée par Emmanuel Macron en avril dernier qui ne fait pas l'unanimité : la création d'un nouveau corps, celui des administrateurs de l'Etat. Un statut qui regroupera les hauts-fonctionnaires des différentes administrations comme les préfets et les inspecteurs généraux. 

La fonction publique d’Etat attend sa réforme et elle ne satisfait pas tout le monde. Ce projet pourrait permettre de regrouper les hauts-fonctionnaires des différentes administrations sous une seule dénomination, un seul corps, celui des administrateurs de l’Etat. Conséquence : certains titres prestigieux, comme celui de "conseiller des Affaires étrangères", pourraient disparaître au grand dam de ces diplomates.

Une expérience perdue

Les concernés estiment que l'expérience acquise d'ambassade en consulat, d'étage en étage au Quai d'Orsay peut se perdre. Olivier Da Silva, de la CFDT Affaires étrangères, ancien ambassadeur, a du mal à imaginer un sous-préfet à la manœuvre lors de discussions bilatérales. "Vous avez affaire à des professionnels en face, et sur certains pays très charpentés, qui ne sont pas spontanément nos amis, je peux vous dire qu'on vous voit arriver tout de suite", tonne-t-il. 

Plus besoin donc de passer par le mythique concours d'Orient pour exercer cette mission délicate. "Même quand vous êtes du métier, on vous teste : qu'avez-vous fait comme poste précédemment ? Comment êtes-vous entré dans la carrière ? Si en plus, vous n'avez pas le parcours professionnel de vos interlocuteurs, quand il faudra nouer des alliances, on ne pensera pas spontanément à vous", lance-t-il.

L'expertise sur les complexes dossier européens, la maîtrise des langues serait aussi diluée. Certains diplomates redoutent que ce choix ne soit guidé par des raisons de politique interne : faire plaisir à l'opinion publique en supprimant les corps d'élite. "C'est un signal de faiblesse dans un monde instable et incertain. Nous considérons même que c'est dangereux", juge Olivier da Silva.