Attentats du 13 novembre : qui sont les deux faux migrants arrêtés en Autriche ?

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Muhammad U. et Adel H. étaient arrivés en Europe avec de faux passeports, infiltrés dans un groupe de migrants. Les enquêteurs sont parvenus à les identifier.

L’un est pakistanais, l’autre algérien. Les deux hommes arrêtés à Salzbourg, en Autriche, le 10 décembre dernier, ont été identifiés, révèle le site du Monde, mercredi matin. Ces deux hommes étaient entrés en Europe avec de faux papiers, infiltrés dans un groupe de migrants.

  • Le profil de deux suspects

Selon les informations du quotidien du soir, un des deux hommes s’appelle Muhammad U. et serait de nationalité pakistanaise. Agé de 22 ans, il aurait été "artificier" pour deux groupes djihadistes pakistanais pendjabis, connus pour être proches d’Al-Qaida : le Lashkar-e-Jhangvi et le Lashkar-e-Toiba.  

Le deuxième suspect s’appelle, toujours selon Le Monde, Adel H. Il s’agirait d’un ressortissant algérien de 28 ans qui aurait rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique (EI) en février 2015.

  • Leur parcours jusqu’en Europe

Infiltrés dans un groupe de migrants. Les auditions des deux hommes ont permis d’en savoir un peu plus sur leur parcours jusqu’en Europe. Adel H. a pris un vol Alger-Istanbul le 15 février 2015 et a ensuite rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique. Puis il a rejoint la Grèce, avec Muhammad U.

Les deux hommes sont arrivés sur l’île de Leros, le 3 octobre 2015, infiltrés au sein d’un groupe de 199 migrants. C’est dans ce même groupe que s’étaient glissés les deux kamikazes irakiens du Stade de France, eux aussi porteurs de faux passeports syriens. On sait également que Abdelhamid Abaaoud, l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, se trouvait lui aussi à Leros à cette même période.

Une première arrestation en Grèce. Apparemment, Muhammad U. et Adel H.  auraient été arrêtés une première fois en Grèce, au mois d’octobre, pour "possession de faux passeports". Puis ils ont été relâchés le 28 octobre et priés de quitter le territoire grec sous trente jours. Ce que les deux hommes ont fait, non pas pour rentrer dans leur pays respectif, mais pour se rendre en Autriche, où ils ont une nouvelle fois été arrêtés le 10 décembre.

Les deux hommes auraient même déposés plusieurs demandes d’asile sous des identités différentes, révèle Le Monde. C’est la comparaison de leurs empreintes digitales, avec celles déposées à Leros, qui a permis à la police de détecter l’usage de fausses identités et de les arrêter.

  • Des liens avec les auteurs des attentats du 13 novembre

Lors des auditions par les enquêteurs de la DGSI, Adel H. explique vouloir se rendre en Allemagne.  "Un beau pays, où les gens sont gentils", selon lui. Interrogé sur d’éventuelles connaissances en Europe, l’homme répond n’avoir aucun contact dans d’autres pays de l’Union européenne. Pourtant, en examinant le contenu de son téléphone, les policiers découvrent une multitude de numéros autrichiens, grecs, italiens, anglais, espagnols, français, allemands, turcs ou encore belges.

Deux numéros attirent l’attention des enquêteurs. Le 3 novembre 2015, Adel H a essayé de joindre un téléphone turc, puis il a supprimé les traces de l’appel de la mémoire de l’appareil. Ce numéro est le même que celui que les enquêteurs ont retrouvé sur un papier dans la poche d’un des deux kamikazes du Stade de France. Ce même numéro a également été retrouvé dans le répertoire d’Omar D., un des membres de la cellule de Verviers, en Belgique, qui a été démantelée en janvier 2015. Un deuxième numéro, celui d’un téléphone grec, a été également retrouvé dans le portable d’Omar D. et Adel H.

  • Des interrogations sur leurs intentions

Malgré l’avancée de l’enquête, les informations sur la nature exacte de leur mission ne sont pas claires. Selon une source policière, citée par Le Monde, "plusieurs hypothèses sont ouvertes : soit ces deux faux migrants étaient censés commettre l’attentat prévu le 13 novembre dans le 18ème arrondissement, évoqué dans le communiqué de revendication de l’EI, et en ont été empêchés par leur interpellation à Leros ; soit ils constituaient une cellule amenée à agir ultérieurement dans un autre pays de l’UE, comme l’Allemagne".