Attentat du Bardo : polémique autour d'une retransmission du procès à Paris

Les 22 prévenus ont refusé de comparaître.
Les 22 prévenus ont refusé de comparaître. © AFP
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avec AFP
La justice tunisienne avait accepté qu'une caméra soit placée au fond du tribunal, permettant à des parties civiles de suivre les débats en visioconférence depuis la Cour d'appel de Paris. Mais les prévenus refusent d'être filmés. 

Une polémique a éclaté lors d'une nouvelle audience du procès de l'attentat au musée du Bardo à Tunis, qui avait fait 22 morts en mars 2015, au sujet de la retransmission vidéo du procès dans une salle d'audience parisienne à la demande des victimes.

Seuls trois accusés ont comparu libres. Les 22 prévenus écroués ont refusé de comparaître, et leurs avocats ont indiqué qu'ils refusaient d'être filmés. Seuls trois accusés ont comparu libres, dont deux femmes.

Pour cette cinquième audience du procès du Bardo, qui s'est ouvert en juillet 2017, les représentants des victimes espéraient que la justice s'attaquerait au fond du dossier, d'autant que pour la première fois en Tunisie, le procès était rediffusé en direct à Paris. Après d'âpres négociations, la justice tunisienne avait accepté qu'une caméra soit placée au fond du tribunal, et des parties civiles ont suivi les débats en visioconférence depuis la Cour d'appel de Paris, avec une traduction simultanée.

Mais comme lors des précédentes audiences, les débats ont surtout porté sur la forme. "Nous avons pu suivre l'audience sans retourner en Tunisie, c'était déjà bien, mais pour nous, le procès n'a pas commencé, on n'a rien entendu sur les faits", a souligné Serge Mayet, président de l'association de défense des victimes de l'attentat du Bardo. "Il faut que ce procès ait lieu et qu'on puisse le suivre".

L'un des avocats des victimes, Me Gérard Chemla, qui avait fait le déplacement, a regretté cette polémique, réclamant "qu'il soit possible de suivre l'audience de Paris dans une salle sécurisée dans laquelle il n'y a que des victimes et des avocats". A Tunis, "la caméra est au fond de la salle, c'est-à-dire qu'on ne voit les visages de personne et l'audience n'est pas interactive, donc quand on dit que ça peut être détourné, tout cela est ridicule", a-t-il martelé.

L'avocat des accusés craint "une divulgation de leurs données". Un avocat des accusés, Me Mahmoud Bouazize, a indiqué craindre "une divulgation de leurs données dans les tribunaux mondiaux, vu que le tribunal tunisien a accepté de laisser diffuser cette audience dans un tribunal français sans avoir demandé la permission de la défense".

La Fédération française des victimes d'attentat a fustigé la position de l'État français, qu'elle accuse d'avoir "oublié" les besoins des victimes du Bardo, qui ne bénéficient pas systématiquement de l'aide juridictionnelle car le procès n'a pas lieu en France.

Vingt-cinq personnes sont poursuivies. La prochaine audience du procès a été fixée au 25 janvier 2019, a indiqué le porte-parole du parquet, Sofiene Sliti. Vingt-cinq personnes , 22 en détention provisoire et trois en liberté, sont poursuivies dans le cadre de ce procès de l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis durant lequel 21 touristes et un agent sécuritaire tunisien avaient été tués le 18 mars 2015.  L'attaque avait été revendiquée par le groupe État islamique.