Ouverture du procès de l’attentat du Bardo : "C'est le genre de procès dont on n'espère rien"

Le 18 mars 2015, une fusillade au musée du Bardo, à Tunis a fait 24 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Le 18 mars 2015, une fusillade au musée du Bardo, à Tunis a fait 24 morts et plusieurs dizaines de blessés. © AFP
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Pierre de Cossette, édité par Clémence Olivier
Trois ans et demi après la fusillade au musée du Bardo en Tunisie, un procès doit se tenir mardi à Tunis. Les victimes françaises et leurs familles se disent circonspectes sur la méthode.

C’était deux mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher. Le 18 mars 2015, une fusillade éclate au musée du Bardo, à Tunis, faisant 24 morts et plusieurs dizaines de blessés, essentiellement des touristes étrangers. Côté français, quatre ont péri sous les balles des deux assaillants et six ont été blessés.

Un procès express. Trois ans et demi après, et après quatre reports, le procès s'ouvre mardi en Tunisie. Et il s’annonce express. Deux journées sont prévues pour juger plusieurs dizaines d’accusés avec la peine de mort comme éventualité. Les rescapés et proches des Français tués au Bardo suivront l'audience à distance en visioconférence, et avec traducteurs, à Paris. Les accusés seront filmés de dos. Une méthode qui n'est pas pour satisfaire ces victimes qui ont déjà dû se cotiser pour payer leur avocat, car les autorités françaises ne leur ont pas versé un centime. 

"On se sent un peu impuissants". "Je ne vois pas comment on peut juger 56 complices terroristes en une ou deux journées. Je ne comprends pas la justice tunisienne", déplore sur Europe 1, Serge Mayet, 76 ans, rescapé avec sa femme de la fusillade. "On n'entendra absolument pas les voix qui sont en arabes. On aura simplement les comptes rendus des traducteurs. On aimerait savoir exactement ce qu'il s'est passé", insiste-t-il. "J'espère pour les parents des victimes décédées qu'ils en sauront un peu plus. D'autant que l'on ne pourra rien faire. On pourra regarder, on pourra écouter mais on ne pourra pas intervenir. On se sent un peu impuissants".

Entendu sur europe1 :
Notre démarche est une démarche de justice, pas une démarche de vengeance

"Une démarche de justice". Leur avocat, Me Gérard Chemla qui a fait le voyage à Tunis, se dit lui-même circonspect. "C'est le genre de procès dont on n'espère rien. On espère qu'il ait lieu et qu'il se déroule dans des conditions correctes", explique-t-il. "Notre démarche est une démarche de justice, pas une démarche de vengeance ni de loi du talion", ajoute-t-il, rappelant que certains accusés encourent la peine de mort.

"On a énormément de mal à adhérer à ce qu'il se passe dans cette procédure, à comprendre ce qu'il s'est passé. On sait qu'il y a deux terroristes qui sont morts, qu'un certain nombre de personnes ont été mises en cause et qu'elles sont pour la plupart détenues. Mais qui a organisé l'attaque ? Quels sont les liens avec l'attentat suivant, à Sousse ?" s'interroge-t-il. "C'est ce que l'on espère découvrir lors du procès."