Attentats en Catalogne : 14 morts et plus de 100 blessés, dont 28 Français

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Toute la journée de vendredi, des personnes sont venues déposer des bougies et des fleurs en hommage aux victimes. © Josep LAGO/AFP
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M.L. avec M.Be. et agences , modifié à
Quatre personnes ont été arrêtées depuis l'attaque survenue à Barcelone, jeudi. Une deuxième attaque s'est produite dans la nuit à Cambrils, à 120 km de là. 

La Catalogne est sous le choc, après les deux attentats au véhicule-bélier commis à quelques heures d'intervalle dans cette région très touristique du nord-est de l'Espagne. Le premier a fait 13 morts et plus de 100 blessés dont 28 Français, au cœur de Barcelone. Dans la nuit, une voiture a renversé plusieurs personnes à Cambrils, à 120 km au sud de la ville. Une femme blessée lors de cette attaque a succombé à ses blessures, vendredi. 

Les informations à retenir : 

  • Une camionnette a foncé dans la foule jeudi après-midi à Barcelone, faisant 13 morts et plus de 100 blessés dont 28 Français.
  • Une seconde attaque, en lien avec la première, a fait un mort et sept blessés à Cambrils, dans la nuit de jeudi à vendredi.
  • Quatre suspects ont été arrêtés, cinq autres ont été abattus par la police. Quatre hommes sont toujours recherchés.
  • LES FAITS 

Jeudi en fin d'après-midi, une camionnette a foncé dans la foule sur la Rambla, l'artère la plus fréquentée par les touristes dans la métropole catalane. L'attentat a été rapidement revendiqué par le groupe djihadiste État islamique. Le conducteur de la camionnette a pris la fuite sans un mot après avoir fauché les passants qui baguenaudaient parmi les kiosques à fleurs et à souvenirs.

Dans la nuit, la police a ensuite annoncé avoir abattu cinq "terroristes présumés" à Cambrils, ville située à 120 km au sud de Barcelone. "Les terroristes présumés circulaient dans une Audi A3 et ont apparemment renversé plusieurs personnes avant de se heurter à une patrouille des Mossos d'Esquadra et la fusillade a commencé", a annoncé un porte-parole du gouvernement régional. Certains d'entre eux portaient de fausses ceintures d'explosifs. La police a fait savoir sur son compte Twitter qu'elle considérait cette attaque comme liée à celle de Barcelone.

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  • LE BILAN

"Nous pouvons confirmer qu'il y a 13 morts et plus d'une centaine de blessés", a déclaré jeudi soir à Barcelone le responsable de l'Intérieur du gouvernement régional catalan, Joaquim Forn, au sujet de l'attaque sur la Rambla. Vendredi, la Protection civile de Catalogne a annoncé que l'une des sept personnes blessées à Cambrils avait succombé à ses blessures. Selon des services de secours cités par l'agence Reuters, le nombre de blessés atteint en tout 130 personnes. Le pronostic vital serait engagé pour 17 d'entres elles et 30 se trouveraient dans un état grave. 

Les victimes - morts et blessés - sont au moins de 35 nationalités différentes, a-t-on appris auprès des services espagnols de protection civile. Parmi eux figurent 28 Français. "28 Français ont été blessés au cours de cet événement, 18 sont hospitalisés et, sur les 18 hospitalisés, huit sont dans un état grave, dont quatre enfants", a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d'un point de presse à Barcelone.

Il a précisé annoncer ce bilan avec "quelques précautions" car toutes les dépouilles n'avaient pas été identifiées par les autorités espagnoles. "Mais tout nous laisse penser que ce chiffre sera définitif et qu'il n'y a pas de mort français à déplorer", a-t-il ajouté.

D'après les informations d'Europe 1, 21 des blessés français l'ont été dans l'attaque de Barcelone, trois dans celle de Cambrils et deux à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, où a eu lieu une explosion dans la nuit de mercredi à jeudi. 

  • L'ENQUÊTE

Dès jeudi, un Marocain en lien avec l'attaque, Driss O., a été arrêté à Ripoll, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone. Un autre suspect, né à Melilla, une enclave espagnole au Maroc, a été arrêté à Alcanar. Vendredi, une troisième et une quatrième personne ont été arrêtées à Ripoll. D'après les premiers éléments de l'enquête, aucun des interpellés, âgés de 21 à 34 ans, n'avait été signalé pour une quelconque radicalisation. 

Un suspect, qui pourrait être le conducteur de la camionnette, est lui toujours en fuite. Interrogé sur cette personne, le président de Catalogne a confirmé que cet homme était "effectivement dans la nature", indiquant que la police n'avait pas d'éléments "sur ses capacités de nuire". Toutefois, selon la presse espagnole, le conducteur en fuite est l'une des cinq personnes abattues dans la nuit à Cambrils, ce que n'a pas confirmé la police pour le moment. Par ailleurs, selon le journal La Vanguardia, la police serait à la recherche d'au moins quatre personnes vendredi.

La police a identifié vendredi soir trois des cinq terroristes présumés abattus au cours de l'attaque à Cambrils dans la nuit de jeudi à vendredi : il s'agit de trois jeunes Marocains, Moussa O., Saïd A. et Mohamed H., respectivement âgés de 17, 18 et 24 ans, tous habitants à Ripoll. Au total, douze ou treize personnes pourraient être impliquées dans les attentats de Barcelone et Cambrils, selon la police catalane.

Trois autres suspects ont été identifiés : la police pense que deux d'entre eux pourraient avoir trouvé la mort dans l'incendie d'une maison à Alcanar, où le groupe confectionnait des engins explosifs. Il y a dans cette maison "des restes humains de deux personnes différentes". "Nous tentons de voir s'il s'agit de deux des trois personnes identifiées comme impliquées dans les attaques. Il nous resterait une troisième à trouver", a indiqué le porte-parole de la police catalane, Josep Lluís Trapero. Les enquêteurs relient l'explosion de la maison à Alcanar aux attentats de Barcelone et de Cambrils. "Nous soupçonnons qu'ils (les occupants) préparaient un engin explosif", ont indiqué les autorités. 

La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête en France, comme c'est le cas lorsque des victimes françaises sont impliquées dans une attaque perpétrée à l'étranger. "Nous ne croyons pas qu'il y ait de ramifications", a cependant déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, vendredi matin. "Un moment donné, on avait fait état de Français qui auraient pu participer à cet attentat. Nous avons regardé l'ensemble des fichiers, personne de connu ne correspond aux individus qui ont été concernés par l'attentat espagnol", a-t-il expliqué. En revanche, Madrid a signalé à la France qu'un véhicule en lien avec l'attentat a pu passer la frontière franco-espagnole.

  • L'HOMMAGE

Les stations de métro de la place de Catalogne, à Barcelone, sont restées fermées vendredi matin. Spontanément, des habitants de la ville se sont rassemblés pour déposer des fleurs et des bougies en hommage aux victimes. Trois jours de deuil national ont été décrétés.

Rajoy

À midi, une minute de silence a été observée par une foule dense réunie sur la place de Catalogne, voisine de la Rambla, en présence du roi d'Espagne et du Premier ministre Mariano Rajoy, mais aussi de membres du gouvernement régional de Catalogne, qui veut faire sécession. "No tinc por, no tinc por", ("nous n'avons pas peur" en Catalan) ont scandé une dizaine de fois, d'un ton grave, les milliers de Barcelonais présents.