Maurice Gourdault-Montagne 2:34
  • Copié
Solène Leroux , modifié à
Interrogé sur la potentielle utilisation d'armes chimiques par l'armée russe, l'ex-ambassadeur Maurice Gourdault-Montagne a estimé qu'il fallait "prendre ces menaces au sérieux" alors que, selon lui, "nous n'avons pas pris assez au sérieux ce que disent les Russes" depuis le début du conflit en Ukraine. 
INTERVIEW

Vers une guerre chimique en Ukraine ? Les États-Unis alertent en ce moment sur l'utilisation potentielle d'armes chimiques par l'armée de Vladimir Poutine. Interrogé par Sonia Mabrouk jeudi matin sur cette éventualité, le conseiller diplomatique de Jacques Chirac et ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, Maurice Gourdault-Montagne a estimé qu'il fallait "prendre ces menaces au sérieux" alors que, selon lui, "nous n'avons pas pris assez au sérieux ce que disent les Russes" avant le début du conflit.

L'ex-ambassadeur a retracé les étapes qui ont mené à cette guerre en Ukraine. En 2007, "le président russe avait dit qu'une extension de l'Otan était une provocation". Pourtant, en 2008, "décision est prise lors d'un sommet de l'Otan à Bucarest de faire entrer comme membre à part entière l'Ukraine et la Géorgie". Déjà à ce moment-là, "la France et l'Allemagne avaient levé la main en disant 'Attention, n'allons pas si vite !' ce qui a mené à un plan d'action à ces deux pays", détaille le spécialiste.

Des avertissements répétés

Ensuite, en 2014, "l'Union européenne a passé un accord d'association avec l'Ukraine" ce qui, d'après Maurice Gourdault-Montagne, a amené les Russes à penser : "Ça y est, c'est un prélude à une entrée pleine et entière de l'Ukraine dans l'Otan." C'est à ce moment-là qu'"ils ont pris des gages avec le Donbass et la Crimée", rappelle l'ancien secrétaire général du Quai d’Orsay. "Car les Russes ne pouvaient pas imaginer une seconde que la Crimée entre dans l'Otan, puisqu'ils y ont eux-mêmes une base navale en location pour la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol."

Si ces éléments de compréhension ne justifient pas l'invasion russe, assure l'ex-conseiller diplomatique de Jacques Chirac, ils montrent qu'il "y a eu tous ces avertissements successifs, dont nous n'avons pas su tenir compte".