Le président Biden prie durant la minute de silence observée en mémoire des victimes du massacre de Tulsa. 0:45
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Alexis Guilleux, avec AFP, édité par Séverine Mermilliod
Joe Biden a affirmé mardi s'être rendu sur les lieux d'un massacre d'Afro-Américains à Tulsa, dans l'Oklahoma, afin d'"aider à rompre le silence" qui a longtemps pesé sur l'un des pires épisodes de violence raciste de l'histoire des États-Unis. "Les grandes nations" doivent "accepter leur côté obscur", a-t-il ajouté.

"Je suis venu ici pour aider à rompre le silence. Car dans le silence, les blessures se creusent". Joe Biden a tenté mardi de mettre fin à l'amnésie des États-Unis en rendant hommage aux victimes afro-américaines du massacre de Tulsa, en Oklahoma, un épisode peu connu de l'histoire du pays et pourtant l'un des pires en termes de violence raciale. "Les événements dont nous parlons se sont déroulés il y a 100 ans, et cependant, je suis le premier président en 100 ans à venir à Tulsa", a insisté le président démocrate en disant vouloir "faire éclater la vérité".

Les "grandes nations" doivent "accepter leur côté obscur"

"Ce n'était pas une émeute, c'était un massacre. Trop longtemps oublié par notre histoire. Aussitôt qu'il s'est produit, il y a eu un effort manifeste pour l'effacer de notre mémoire", a-t-il dénoncé en soulignant la présence dans le public, devant lui, de trois survivants centenaires de ce massacre : Viola Fletcher, Hughes Van Ellis et Lessie Benningfield Randle.

"Nous ne pouvons pas nous contenter d'apprendre ce que l'on veut savoir. Il faut apprendre ce que l'on doit savoir. Nous devons connaître le positif, le négatif, toute notre histoire. C'est ce que font les grandes nations. Elles arrivent à accepter leur côté obscur. Je suis venu ici pour aider à rompre le silence", a-t-il martelé.

"Certaines injustices sont si atroces, si terrifiantes, si douloureuses qu'elles ne peuvent pas rester enterrées", a poursuivi l'ancien vice-président de Barack Obama.

Dénonciation des attaques "sans précédent" contre le droit de vote des afro-américains

Joe Biden a profité de ce discours historique pour dénoncer les attaques "absolument sans précédent" contre le droit de vote des Afro-Américains, "le droit le plus fondamental", par le biais de lois restreignant l'accès aux urnes dans certains États conservateurs. "Ce droit sacré est attaqué avec une intensité que je n'ai jamais vue", a déclaré le démocrate.

Depuis la présidentielle, les projets de loi limitant l'accès au vote se sont multipliés dans les Etats, à l'initiative des Républicains. Ils sont dénoncés par les Démocrates comme frappant particulièrement les minorités.

A Tulsa, le président a donc promis de se "battre" pour qu'une loi électorale censée protéger l'accès aux urnes soit adoptée en juin par le Congrès, ainsi qu'un autre texte nommé en hommage à John Lewis, figure de la lutte pour les droits civiques décédé en 2020. La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a approuvé en mars le premier projet de loi.

"Le Sénat l'examinera plus tard ce mois-ci et je me battrai comme un diable, avec tous les outils à ma disposition, pour qu'il soit adopté", a-t-il déclaré, tout en admettant que sa majorité à la chambre haute était trop étriquée pour garantir ce vote.