Natascha Kampusch: le film, les questions

L’histoire de Natascha Kampusch, dont le destin a ému le monde entier en 2006, est l’objet d’un film présenté lundi soir en avant-première à Vienne, avant sa sortie officielle mercredi en Allemagne.
L’histoire de Natascha Kampusch, dont le destin a ému le monde entier en 2006, est l’objet d’un film présenté lundi soir en avant-première à Vienne, avant sa sortie officielle mercredi en Allemagne. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Les huit années de captivité de la jeune Autrichienne font l’objet d’un film diffusé ce soir à Vienne.

L’INFO. Elle est restée près de huit ans recluse, près de Vienne, dans la maison de Wolfgang Priklopil, l’homme qui l’avait kidnappée en 1998, à l’âge de 10 ans. L’histoire de Natascha Kampusch, dont le destin a ému le monde entier en 2006, est l’objet d’un film présenté lundi soir en avant-première à Vienne, avant sa sortie officielle mercredi en Allemagne. Inspiré de l'autobiographie de la jeune fille, le film s’intitule "3096 jours" et remet en lumière une histoire qui n’en finit pas de perturber l’Autriche.

Après l’émotion, la controverse. Car, si l’opinion publique autrichienne a été bouleversée par l’histoire de Natascha Kampusch, la défiance est désormais de plus en en plus grande à l’égard de la jeune fille. En cause, les nombreuses zones d’ombres qui entourent toujours ses conditions de détention et le récit qu’elle-même en a fait. Dans son autobiographie parue en 2010 sous le titre "3096 jours", Natascha Kampusch reconnaissait que "la compassion a peu à peu fait place à l'hostilité et à l'envie, parfois même ouvertement à la haine". "Ce qu'on me pardonnait le moins, c'est de ne pas avoir condamné mon bourreau, comme l'opinion publique l'attendait", expliquait-elle alors.

Interviewée à la télévision allemande à l’occasion de la sortie du film qui lui est consacrée, Natascha Kampusch a révélé, il y a quelques jours seulement, qu’elle avait été abusée sexuellement par son kidnappeur. Un élément qu’elle n’avait jusqu’alors jamais évoqué. Et qui met en relief les doutes qui entourent sa version de ses années de séquestration. Car son récit a été contesté par l’enquête de la police. Ainsi, alors qu’elle a raconté avoir vécu dans une cave, l’enquête a souligné que "la pièce installée au sous-sol n’avait pas été habitée depuis un certain temps" quand elle s’est évadée, comme le rappelle le site 20Minutes.ch.

Une attitude qui dérange. Aujourd’hui âgée de 25 ans, Natascha a chèrement monnayé ses interviews après la sortie de son calvaire et a accepté d’hériter de "la maison du malheur", comme est surnommée la demeure de Wolfgang Priklopil, située à Strasshof, où la jeune fille est restée recluse. Ce comportement a troublé les Autrichiens. La sortie du récit de son calvaire en 2010 a également contribué à accentuer le malaise, car la jeune fille y dénonce la société autrichienne qui a été incapable de la sauver durant sa séquestration.

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Du coup, l’embarras est tel aujourd‘hui que, face aux réactions haineuses, le site web d’un tabloïd autrichien a dû fermer les commentaires d’un article qui était consacré à Natascha Kampusch, comme le raconte Courrier International. Dans la même veine, le magazine allemand Bild s’est lui interrogé dans un article sur les raisons du "déferlement de haine contre Natascha Kampusch".

Des critiques. Par ailleurs, certains vont même jusqu’à reprocher à Natascha Kampusch d’exploiter son martyre à des fins commerciales. Elle est devenue "un produit marketing", déplorait en novembre dernier un journaliste autrichien, sous couvert d’anonymat, cité par le journal Libération. Présenté comme un spécialiste du dossier, cet observateur jugeait que la jeune femme "est prisonnière de conseillers qui gagnent beaucoup d’argent grâce à sa notoriété, et de politiciens qui ont un intérêt personnel à entretenir le feuilleton". Le singulier destin de Natascha Kampusch n’a pas fini de faire parler...