La "taupe" de WikiLeaks devant la justice

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avec AFP
Bradley Manning comparaît pour "collusion avec l'ennemi" et "diffusion de renseignements militaires".

Le jeune soldat américain Bradley Manning, "taupe" présumée de WikiLeaks, a comparu vendredi pour la première fois devant la justice militaire. L'ancien militaire âgé de 23 ans est soupçonné d'avoir fourni des dizaines de milliers de documents secrets au site Wikileaks. Des fuites qui avaient ébranlé la diplomatie mondiale dans l'affaire du "cablegate".

L'audience suspendue

Pour ce premier jour d'audience, la défense a accusé d'emblée le tribunal militaire de Meade de partialité, car l'officier chargé de l'enquête est procureur militaire de carrière. L'avocat de Bradley Manning a même demandé la récusation du procureur, un militaire de carrière. L'audience a immédiatement été suspendue pour que soit examinée cette demande. Finalement, le procureur militaire a refusé de se récuser.

Cette audience intervient 18 mois après le placement en détention, de Bradley Manning, qui aura 24 ans samedi et dont on ne connaissait que le sourire figé sur des photos publiées dans le monde entier. Il a donc fait vendredi sa première apparition publique, les yeux cachés par d'épaisses lunettes noires.

Il encourt la prison à vie

Bradley Manning, unique personne poursuivie aux États-Unis dans le cadre de l'enquête sur les fuites orchestrées par le site Wikileaks, devra répondre de faits de "collusion avec l'ennemi" et "diffusion de renseignements militaires".  Il risque la prison à vie.

L'accusation a soumis une liste de 20 témoins et "ils ont tous reçu l'autorisation de déposer", a déclaré l'avocat. En revanche, la défense a, selon lui, demandé à 48 personnes de témoigner, dont 10 étaient aussi dans la liste de l'accusation, "mais seuls deux témoins sur 38 ont été acceptés". "Un observateur extérieur, une personne raisonnable, estimerait sans aucun doute qu'il y a là partialité", a estimé David Coombs, pendant que Bradley Manning prenait des notes

Parmi les témoins cités par la défense, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, l'ancien chef du Pentagone, Robert Gates et le président Barack Obama en personne. Leurs noms étaient cachés sur la liste mais leurs identités sont reconnaissables par les explications qui les accompagnent.

Manifestations de soutien

Au cours de cette audience préliminaire qui doit durer cinq jours, il ne s'agit pas de déterminer si le soldat est coupable ou innocent. La cour va uniquement passer en revue les accusations qui le visent. Les enquêteurs devront ensuite dire s'ils se prononcent pour qu'une cour martiale doit juger l'affaire. Le procès ne devrait pas se tenir avant le printemps 2012.

Si l'armée le considère comme un traître, d'autres voient en Bradley manning un héros. Des militants pacifistes ont manifesté leur soutien à Fort Meade, Londres, New York et Washington.