L’Irak se découvre 50.000 soldats fantômes

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avec agences
L’armée irakienne fait le ménage parmi ses officiers véreux, qui employent des militaires qui n’existaient pas.

Où sont passés ces 50.000 soldats irakiens ? Le cabinet du nouveau Premier ministre irakien a dévoilé dimanche que des dizaines de milliers de militaires payés par l’Etat et censés combattre les djihadistes n’existaient pas.

Le gouvernement compte ses soldats. Arrivé au pouvoir après la montée en puissance de l’organisation de l’Etat islamique dans le pays, le Premier ministre Haidar al-Abadi a lancé un audit sur ses forces armées pour comprendre la déroute d'une armée suréquipée face aux djihadistes. "Ces dernières semaines, [le chef du gouvernement] a pris des mesures sévères pour révéler l'existence de ces soldats fantômes et lutter contre le problème à la racine", a précisé son porte-parole, Rafid Jabouri.

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Des gardes inexistants et des morts non déclarés. Deux types de soldats fictifs ont été révélés au sein de l’armée, a dévoilé un officier.

"Dans le premier cas : chaque officier est autorisé, par exemple, à avoir cinq gardes. Il en garde deux, en renvoie trois à la maison et garde leur salaire ou un grand pourcentage de celui-ci".

Le second cas de figure consiste à ne pas déclarer des déserteurs ou des morts. "Un commandant de brigade a en général 30, 40 soldats ou plus, qui restent à la maison ou n'existent pas", a expliqué l’officier. Pour conserver son travail, le commandant de la brigade lui-même doit verser des pots-de-vin à ses supérieurs.

Une armée plus petite que prévu. Pendant près de huit ans, les Etats-Unis ont payé, équipé et entraîné l’armée irakienne. Mais avant l’été, cette dernière a connu une débandade sans pareille face à l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique, qui se sont retrouvés aux portes de Bagdad avant l’intervention de l’aide extérieure. Le gouvernement irakien pensait en fait être à la tête d’une armée bien plus grande qu’elle n’était en réalité.

A Mossoul, par exemple, les effectifs s'élevaient théoriquement à 25.000 soldats. Dans les faits, ils n'étaient que 10.000 à défendre la ville, selon Reuters.

Depuis sa prise de fonction en septembre, Haidar al-Abadi a limogé ou mis à la retraite des hauts commandants et veut désormais s’attaquer à la corruption généralisée dans la pays sous le règne de son prédécesseur, Nouri al-Maliki. "Ce processus de nettoyage va s'étendre au-delà de l'armée pour atteindre tous les niveaux de l'Etat", a prévenu son porte-parole.

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