Procès Bonnemaison : deux médecins belges défendent "un geste médical"

Les dossiers de l'affaire Bonnemaison pour son procès en appel à Angers.
Les dossiers de l'affaire Bonnemaison pour son procès en appel à Angers. © GEORGES GOBET / AFP
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CB avec AFP , modifié à
Deux médecins belges spécialistes de la "fin de vie" ont estimé mercredi que l'ex-urgentiste ne mérite pas d'être poursuivi pour "un geste médical" destiné aider des malades à "mourir dans de bonnes conditions".

Nicolas Bonnemaison ne mérite pas d'être poursuivi. C'est l'avis défendu mercredi à la barre par deux médecins belges spécialistes de la "fin de vie". Ces derniers ont estimé que l'ex-urgentiste ne mérite pas de se retrouver devant les juges pour "un geste médical" destiné à aider des malades à "mourir dans de bonnes conditions". Nicolas Bonnemaison, acquitté à Pau en 2014 pour avoir abrégé la vie de patients en phase terminale, comparaît depuis lundi devant la Cour d'appel d'Angers pour sept cas "d'empoisonnement", sur des patients âgés et incurables, dont le traitement était arrêté et le pronostic vital engagé à court terme. Des crimes pour lesquels il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

"Puisqu'il meurt, il faut que ce soit dans de bonnes conditions". Le Pr François Damas, chef du service de réanimation dans un centre hospitalier de Liège, a été le premier à témoigner pour la défense de l'ex-médecin. "Il faut féliciter le Dr Bonnemaison de ce qu'il a fait plutôt que de le placer devant une Cour d'assises", a-t-il lancé devant la Cour d'assises du Maine-et-Loire.

"La question n'est pas de savoir si on veut faire mourir le patient. La question est : puisqu'il meurt, il faut que ce soit dans de bonnes conditions", a insisté le Pr Damas, pour qui Nicolas Bonnemaison a seulement utilisé "des médicaments" pour "supprimer certaines manifestations de souffrance."

"Qui souffre ? Les parents, c'est atroce". Et le spécialiste belge d'exprimer son indignation en évoquant le cas de certains patients pour lesquels une "décision collégiale" a été prise d'arrêter les traitements curatifs mais que l'on cesse du même coup de nourrir et d'hydrater. "Quand on laisse, par exemple, un enfant sans hydratation et alimentation, ça dure des jours et des jours", jusqu'à 18 jours parfois selon lui. "L'enfant ne souffre pas. Qui souffre ? Les parents, c'est atroce", déclare le médecin.

Citant sa propre pratique, il explique: "Quand un enfant est sous respirateur et qu'on sait que c'est fini, on le 'curarise', comme ça il n'a pas de mouvements anormaux et 's'éteint doucement dans les bras de sa maman".

"Tous les médecins sont potentiellement suspects". "On ne fait pas mourir un mourant, mais nous sommes responsable de la manière (...) Nulle part on ne dit que les malades de Nicolas Bonnemaison sont morts dans de mauvaises conditions", a renchéri à la barre le Dr Dominique Lossignol, spécialiste en soins palliatifs à Bruxelles.

"Le drame, c'est de mal qualifier un acte et de transformer un acte humain en acte criminel. Si c'est cela, tous les médecins qui aident les patients à mourir sont potentiellement suspects", plaide le médecin belge.