Incendie meurtrier à Paris : que sait-on de la femme interpellée ?

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Guillaume Biet et Victor Dhollande-Monnier, avec Europe1.fr et AFP , modifié à
La femme interpellée quelques minutes après le départ de l'incendie d'un immeuble du 16ème arrondissement de Paris dans la nuit de lundi à mardi avait des "antécédents psychiatriques" et se serait disputée avec un voisin.

Une femme a été interpellée dans le cadre de l'enquête sur l'incendie probablement criminel qui a fait au moins dix morts dans la nuit de lundi à mardi dans l'ouest de Paris. Sa garde à vue a été suspendue dans la journée afin de la conduire à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police, a indiqué le parquet de Paris.

Dans quelles circonstances a-t-elle été identifiée ?

"Une personne qui habite l'immeuble a été interpellée. Il s'agit d'une femme de 40 ans qui présentait des antécédents psychiatriques", a indiqué Rémy Heitz, le procureur de la République de Paris lors d'un point presse près de l'endroit où l'incendie a eu lieu. Elle a été arrêtée par des policiers de la BAC en face de l'immeuble. Le procureur de la République a ajouté qu'une enquête avait été ouverte pour "incendie volontaire ayant entraîné la mort et des blessures" et confiée au premier district de police judiciaire de Paris. 

La femme, âgée d'une quarantaine d'années, a été "arrêtée en état d'alcoolémie alors qu'elle tentait de mettre le feu à une voiture", a indiqué une source policière. Sa garde à vue a été suspendue dans l'après-midi, afin qu'elle soit admise à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.

Une dispute de voisinage à l'origine de son acte ?

En conflit récurrent avec son voisin pompier, elle s'était disputée avec lui dans la soirée et la police s'était déplacée pour un trouble de voisinage, a indiqué une autre source policière. Un jeune couple du troisième étage explique avoir entendu "une dispute" vers 23 heures : "Au début, un homme a crié 'y'en a qui se lèvent tôt demain, y en a qui bossent tôt'. Il disait qu'il y avait de la musique, même si nous on n'entendait pas", raconte Clément.

"Un peu après", poursuit-il, "il y a eu un bruit d'assiette. Je suis allé regarder et il y avait une assiette avec des ustensiles par terre au milieu de la cour intérieure. Ensuite, j'ai entendu une dame dire quelque chose comme 'bouge pas, t'es mort' ou 'si tu bouges t'es mort'. Elle criait très fort, une voix de quelqu'un de pas bien intentionné". Selon une autre habitante de l'immeuble, certains l'ont entendu dire 'tu flamberas sale pompier' ou "quelque chose comme ça". La compagne de Clément, Nathalie, ajoute qu'après la dispute "paraît-il, mais on l'a pas vu, elle a mis des feuilles de papier sous sa porte [celle du voisin] et qu'elle les a allumées".

 

Au moins dix personnes sont mortes et une trentaine ont été blessées dont une grièvement dans cet incendie d'une "incroyable violence" selon les pompiers qui ont mis six heures à maîtriser le feu et qui étaient toujours sur place, mardi midi.

Des antécédents psychiatriques 

La suspecte, qui ne peut plus être interrogée pour le moment, va être admise à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Si l'enquête venait à confirmer les forts soupçons pesant sur elle, il faudra l'avis des experts psychiatriques pour savoir si elle est, ou non, pénalement responsable de ses actes. Cette femme avait été mise en cause à deux reprises en 2016, d'abord pour une affaire de violence puis pour un incendie dans un magasin. A chaque fois, la justice a classé ces dossiers sans suite en raison de son état mental déficient. 

Selon nos informations, il y a quelques jours, cette femme de 40 ans est ressortie d’un nouveau séjour en hôpital psychiatrique, où elle avait été admise à la demande de sa famille. Mère d’un petit garçon de dix ans, dont elle n’a pas la garde, elle est retournée vivre, seule, dans son appartement au deuxième étage de cet immeuble de la rue Erlanger. C’est sur son palier qu’elle aurait allumé l’incendie mortel, pour se venger d’un voisin pompier qui se plaignait de son tapage nocturne. Mardi, le psychiatre qui l’a examinée a jugé qu’elle ne pouvait pas rester en garde à vue, en raison de ses troubles mentaux. En attendant la suite de l’enquête, elle est internée à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Si les soupçons se confirment, ce sont alors des experts qui estimeront si oui ou non elle pourrait être jugée un jour.