Les recherches pour retrouver Émile se sont achevées au Haut-Vernet. 4:18
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Frédéric Michel (envoyé spécial au Vernet), édité par Ophélie Artaud / Crédit photo : NICOLAS TUCAT / AFP
Une semaine après la disparition d'Émile, deux ans et demi, dans le village du Haut-Vernet, les recherches sont officiellement terminées mais l'enquête se poursuit. De nombreuses pistes sont actuellement étudiées par les enquêteurs de la section de recherches de Marseille. Quels sont les scénarios envisagés ?

Cela fait désormais une semaine que le petit Émile, deux ans et demi, a disparu alors qu'il se trouvait chez ses grands-parents dans le village du Haut-Vernet, dont l'accès a été fermé au public jusqu'à lundi. Les recherches menées par les enquêteurs ont été jusqu'à présent infructueuses. Mais quelles sont les pistes possibles ?

L'accident et la piste criminelle envisagés

Ces pistes sont multiples. Les enquêteurs doivent imaginer tous les scénarios. En clair, aujourd'hui, Émile a peut-être disparu car il s'est égaré après avoir échappé à la surveillance de ses grands-parents. Des doutes subsistent sur cette version car, entre les battues, les ratissages minutieux et l'engagement de chiens spécialisés, le garçonnet aurait probablement dû être retrouvé. Même s'il existe des cas où les corps, malgré l'engagement d'importants moyens, n'ont été retrouvés que beaucoup plus tard.

Une autre thèse possible est celle d'un accident suivi de la dissimulation du corps, car la personne à l'origine de l'accident panique. La piste d'un animal comme un loup ou un gros chien n'est quant à elle pas privilégiée car des traces, du sang ou encore des lambeaux de vêtements auraient été retrouvés...

La piste criminelle n'est pas non plus écartée. La thèse de l'enlèvement par un prédateur sexuel ou d'une personne qui en voudrait à la famille doit être envisagée, tout comme la piste de l'environnement proche, les connaissances, les voisins, sans exclure la famille, ce qui est tout à fait normal dans une enquête. Pour fermer des portes, des pistes ou en éclairer d'autres, il faut tout imaginer.

Dans le cas d'Émile, et ce qui ne préjuge en rien d'une éventuelle culpabilité, les enquêteurs se questionnent sur d'éventuels différends ou sur la possibilité d'un accident dans un huis clos familial. C'est le rôle des hommes de la section de recherches de Marseille, en ce moment même. Ce sont eux qui enquêtent : ils doivent refouler leurs émotions et se poser froidement toutes les questions.

Quels membres de la famille du garçonnet étaient présents au moment de la disparition ?

On a également appris assez tard que dans la maison, il y avait de nombreuses personnes. Les enquêteurs sont restés discrets sur cet aspect. Ils n'ont jamais dit que les grands-parents étaient seuls. Ce sont de jeunes grands-parents. Ils ont dix enfants, l'aînée qui a environ 25 ans est la maman d'Émile. Ils sont a minima logiquement venus avec leurs plus jeunes enfants : certains oncles et tantes ont presque le même âge qu'Émile. D'autres sont des ados, des jeunes majeurs.

On peut aussi imaginer qu'il y avait dans cette grande maison familiale du Vernet des conjoints, conjointes ou des cousins venus passer les vacances, à l'exception des parents du garçonnet qui étaient absents du village. On ne sait pas exactement qui étaient présents dans la propriété au moment même de la disparition. Les enquêteurs ont entendu la famille et doivent avoir des réponses précises. Mais l'enquête est justement là pour confirmer les déclarations ou peut-être révéler des incohérences dans différents récits.

L'enquête pourrait être très longue

Cette enquête va être longue, à moins d'un rebondissement, car il faut exploiter la téléphonie et la recouper avec certains fichiers comme celui des délinquants sexuels, décortiquer les dizaines d'auditions... Il faut aussi traiter les 1.500 témoignages recueillis après l'appel à témoins. Une levée de doutes a d'ailleurs eu lieu cette semaine en Isère, où un camping-car a été fouillé. Ont aussi été inspectés une trentaine de maisons et une dizaine de véhicules du village. Sur l'un d'eux, des taches de sang ont été révélées, mais c'était du sang animal.

97 hectares du hameau ont aussi été ratissés et on ne sait pas précisément ce qui a pu être constaté, découvert. "Peut-être, sans le savoir, avons-nous récolté un indice déterminant", disait il y a quelques jours le procureur. Il faut l'espérer, car pour tout le monde, et surtout pour la famille, ne pas savoir ce qui s'est passé, c'est sans doute ce qu'il y a de plus dur.

Pourquoi l'alerte enlèvement n'a-t-elle pas été déclenchée ?

L'alerte enlèvement n'a pas été déclenchée, car les conditions n'étaient pas réunies. Celle-ci est déclenchée pour un mineur, certes, mais il faut être sûr qu'il s'agit d'un enlèvement et non d'une disparition, même inquiétante, comme dans le cas d'Émile. Autres critères, il faut que la vie ou l'intégrité physique de l'enfant soit en danger. En revanche, on peut s'interroger sur le choix du procureur de ne pas avoir ouvert une information judiciaire. C'est un peu technique, mais très rapidement, l'information judiciaire permet de disposer d'outils supplémentaires et très importants, comme la garde à vue, la coercition ou par exemple le placement sur écoute.

Le procureur de Digne les Bains alerte sur les fausses cagnottes qui ont été lancées sur Internet après la disparition de l'enfant. Il envisage d'ailleurs l'ouverture d'enquêtes pour escroquerie.