Décès filmé en direct, accusations de harcèlement et de violences... Ce que l'on sait de la mort du streamer Jean Pormanove
Le créateur de contenus en ligne Raphaël Graven, plus connu sous le nom de Jean Pormanove, est décédé ce lundi 18 août à l'âge de 46 ans. Depuis cette annonce, de nombreuses accusations de harcèlement voire de torture sont dirigées à l'encontre de ses partenaires Safine et Naruto. L'homme semblait amaigri et épuisé dans ses derniers lives. Une enquête a été ouverte.
"Malheureusement, JP (Raphaël Graven) nous a quittés (...) Je t'aime mon frère et tu vas terriblement nous manquer." Un hommage signé du joueur de jeux vidéo en ligne Naruto pour annoncer la mort de son acolyte Jean Pormanove, surnommé "JP". Mais les circonstances autour de son décès restent floues et les accusations ont plu lundi, sur les réseaux sociaux.
En effet, Jean Pormanove, membre star de la boîte de productions Le Lokal TV, subissait dans les lives de la chaîne, de nombreuses sévices allant de la moquerie gratuite à de la violence physique, au nom du divertissement.
Des défis extrêmes
Basé à Contes, dans les Alpes-Maritimes, le groupe s'adonnait autant à jouer à des jeux vidéo en ligne que de s'infliger des défis, diffusés en direct sur la plateforme de streaming Kick (similaire à Twitch). Chaises musicales, canulars téléphoniques, bataille de coussins... Autant d'activités pour amuser plusieurs centaines de milliers d'internautes qui les suivent sur leurs différents réseaux sociaux.
Dans ces vidéos, Jean Pormanove pouvait être régulièrement moqué sur son physique et poussé à bout par ses confrères. L'une d'entre elle le montre se faire tirer dessus au paintball et hurler "arrête", en vain. "Moi j'appelle les flics", dit-il juste ensuite, visiblement éreinté.
Les actes de violence entre streamers ont franchi plusieurs caps dans la violence, jusqu'au jeu de la "thyroïde", où l'homme de 46 ans se faisait étranger jusqu'au dernier souffle, tout en se faisant bloquer les bras pour éviter de se débattre. Souvent pris par surprise, il pouvait être étouffé pendant plus de deux minutes, pleurant ensuite sous les moqueries des internautes.
La semaine dernière, "JP" s'était fait confisquer son téléphone par son collègue Owen qui a lu en direct un message qu'il avait écrit : "Ça va trop loin, j'ai l'impression d'être séquestré avec leur concept de merde". Et elle de répondre qu'il avait "maigri" et qu'elle le trouvait "fatigué".
Une mort en direct
Comble de l'horreur, la mort de Jean Pormanove a été filmée en direct. Rediffusé sur les réseaux sociaux, mais introuvable sur la plateforme Kick, on peut distinguer l'ancien militaire immobile, au sol, avec un texte "298 h" laissant penser que le live se déroule depuis près de deux semaines. L'un des membres du local, Naruto, tente alors de réveiller "JP" mais n'y arrive pas, puis coupe le live.
L'inquiétude a alors gagné le forum Discord sur lequel se retrouvent les abonnés. Plusieurs heures plus tard, Naruto a confirmé la mort du streamer sur les réseaux sociaux.
Depuis, Kick a supprimé l'accès à la chaîne de Le Lokal TV ainsi que celle de Jean Pormanove. Quelques heures plus tôt, il subissait encore des claques de la part de ses acolytes.
Deux streamers sous enquête pour des faits de violences
Après une enquête dénonçant ses actes de persécutions publiée par Médiapart l'année dernière, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Nice sous trois chefs d'accusation à l'encontre des streamers Safine et Naruto : "provocation publique par un moyen de communication au public par voie électronique à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de son handicap ; violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ; diffusions d'enregistrements d'images relatives à la commission d'infractions d'atteintes volontaires à l'intégrité de la personne"
Selon la même source, les deux hommes avaient été placés en garde à vue le 8 janvier dernier, puis relâchés, l'enquête étant toujours en cours. La chaîne avait été suspendue par Kick suite à cette enquête, avant d'être remise en ligne. Les actes de violences envers Jean Pormanove et "Coudoux", un homme handicapé sous curatelle, avaient repris de plus belle.
"Il n'y a rien de suspect" soutient le parquet
La brigade de gendarmerie de Nice est intervenue lundi matin dans le bâtiment du Lokal TV pour constater la mort du streamer. Une enquête est menée par la brigade de recherches de Nice pour connaître les causes de la mort, selon Le Parisien.
"À ce stade, il n'y a rien de suspect, les auditions sont en cours et une autopsie sera pratiquée", a indiqué le parquet à nos confrères.
Un signalement Pharos effectué par le gouvernement
Ce mardi 19 août, la ministre déléguée à l'Intelligence artificielle et au Numérique, Clara Chappaz, a annoncé sur son compte X avoir "saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos".
"Le décès de Jean Pormanove et les violences qu’il a subies sont une horreur absolue. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches. Jean Pormanove a été humilié et maltraité pendant des mois en direct sur la plateforme Kick. La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi. Ce type de défaillances peut conduire au pire et n’a pas sa place en France, en Europe ni ailleurs", a-t-elle détaillé.