Attentat déjoué : "cette affaire va se terminer en eau de boudin"

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Photo d'illustration © AFP
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Alain Acco avec B.W. , modifié à
CRITIQUE - Alain Marsaud, député Les Républicains et ancien magistrat antiterroriste, estime que les politiques comme les observateurs ont monté en épingle l'affaire de l'attentat déjoué sur la base militaire.

L'affaire fait la Une de nombreux journaux. Mercredi, les autorités ont annoncé avoir déjoué un projet d'attentat contre une base militaire française dans les Pyrénées orientales qui aurait dû se tenir entre décembre 2015 et janvier 2016 selon les suspects. La nouvelle a créé l'émoi parmi la classe politique, mais un député, spécialiste de l'antiterrorisme puisqu'il est aussi un ancien magistrat expert en la matière, calme le jeu et juge que cette affaire relève avant tout du "fantasme". Cet élu, c'est Alain Marsaud, député de la 10e circonscription des Français établis hors de France.

"Ça va se terminer en eau de boudin !" Au micro d'Europe 1, l'ancien chef du Service central de lutte antiterroriste au Parquet de Paris ne mâche pas ses mots : "Cette affaire a été surjouée par les politiques et maintenant par les commentateurs. Elle va se terminer en eau de boudin !", clame-t-il. Avant de jouer un brin de provocation : "Le gouvernement a fait voter une loi pour empêcher les candidats au djihad de partir en Syrie. Or, on se rend justement compte que dans cette affaire ce sont des types qu’on a empêché de partir en Syrie qui auraient eu un projet criminel. Moi, j’allais dire, au contraire, encourageons-les à partir en Syrie ! C’est pourquoi j’ai proposé au ministre de l’Intérieur de louer des charters et de les emmener tous en Syrie pour qu’on s’en débarrasse. Mais tout ça c’est de la provocation", lance-t-il.

"L'intention criminelle n'est pas punissable." Alain Marsaud explique ensuite ce pourquoi cette affaire relève du "fantasme". Et pour cause, comme le précise l'ancien magistrat, "il faut savoir que l’intention criminelle en France n’est pas punissable." Pour condamner quelqu'un, 'il faut retrouver des éléments constitutifs d’une infraction, un commencement d’exécution, des éléments retrouvés lors d’une perquisition…"

"Trois pieds nickelés." Or, comme il le rappelle, "il n’y a rien en l’espèce, si ce n’est trois individus de type 'pieds nickelés' qui ne se sont jamais rencontrés réellement sinon sur Internet, qui discutent ensemble et fantasment sur une attaque de base une décapitation de tel ou tel officier. C’est du n’importe quoi !", conclut-il avant de se montrer un brin ironique.

Courage au malheureux juge d'instruction. "Je souhaite bien du courage au malheureux juge d’instruction qui va récupérer cette affaire qualifiée 'd’association de malfaiteurs terroristes' et qui va devoir tenter de réunir des éléments pour renvoyer ces gars-là devant le tribunal correctionnel." Même s'il affirme "ne pas vouloir prendre de pari", Alain Marsaud explique que "cette affaire risque de se terminer par un non-lieu général qui jettera le discrédit sur la classe politique et tous ceux qui y auront participé."