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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, à l'occasion de la Semaine du sport féminin, Virginie Phulpin s'intéresse à Alice Milliat, celle qui a fait entrer les femmes aux Jeux Olympiques.

Cette semaine a lieu l’opération "Sport féminin toujours". Une opération du CSA pour promouvoir sur les antennes le sport féminin. Pour Virginnie Phulpin, le changement passe aussi par une histoire qu’on revisite, une histoire où on oublie trop les femmes qui ont fait le sport.   

Qui est le baron Pierre de Coubertin ? Vous connaissez tous le père des jeux olympiques. Maintenant, qui est Alice Milliat ? Ah, ça coince un peu plus, là. En deux questions, on résume le problème. Alice Milliat a été la principale ambassadrice du sport féminin il y a un siècle. Une pionnière. Sans elle, on n’aurait sans doute jamais vu briller les Marie-José Pérec, Laure Manaudou ou Laura Flessel aux JO. Tout simplement. Elle a mené un combat long et difficile pour que les femmes aient leur place aux jeux olympiques. Il fallait un sacré courage à l’époque. Elle a d’abord eu droit au mépris, mais elle a continué, elle a organisé des jeux mondiaux féminins à Paris, ça a été un succès, et le comité olympique a fini par s’incliner.

Et pourtant, jusqu’à aujourd’hui, on a fait comme si elle n’existait pas. Il y a bien quelques gymnases qui portent son nom en France, mais c’est tout. L’histoire officielle du sport l’a mise de côté. Heureusement, on est en 2021, et on se rend enfin compte qu’on ne peut pas oublier la moitié de l’humanité. Merci, c’est gentil. Une statue à l’effigie d’Alice Milliat doit être installée au comité olympique français dans quelques semaines, un site de Paris 2024 devrait porter son nom. Ca vous paraît peut-être anecdotique, mais pour le sport féminin ça veut dire beaucoup.   

En quoi est-ce que la figure d’Alice Milliat peut aider le sport féminin aujourd’hui, un siècle plus tard ? 

C’est justement le bon moment. D’abord, les petites filles ont besoin de s’identifier à des femmes. A des sportives, bien sûr. Mais aussi à des femmes qui ont construit le sport. Ensuite on est en pleine crise. Le sport doit se réinventer, réfléchir à son rôle et à ses missions. Et la place des femmes dans le mouvement sportif doit faire partie de la réflexion.

Et puis 2024 approche à grands pas. On peut déjà se satisfaire que 50% des athlètes aux jeux olympiques et paralympiques de Paris seront des femmes. Mais c’est aussi le moment d’avoir une figure féminine pour représenter ces jeux. Le sport, c’est le reflet de la société. Et la société, elle a changé, il va falloir finir par l’accepter.

L’initiatrice du projet de statue d’Alice Milliat dans le bâtiment du comité olympique français, c’est Emmanuelle Bonnet-Ouladj, la présidente de la fédération sportive et gymnique du travail. Elle a dû affronter quelques réticences au départ. Il ne fallait surtout pas faire d’ombre à Pierre de Coubertin ! Et Virginie Phulpin retient la phrase qu’elle a eue pour répondre. La statue va remplacer une grande plante verte dans le hall. On fait difficilement plus parlant, comme symbole, non ? Dans le sport comme ailleurs, on n’est pas des plantes vertes.