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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur le record du monde de triple saut en salle décroché par Hugues Fabrice Zango ce week-end. Selon elle, il est important de valoriser cette performance incroyable.

Un record du monde est tombé ce week-end, celui du triple saut en salle. Hugues Fabrice Zango a sauté à 18 mètres 07 samedi en Auvergne. Ça ne nous dit pas forcément grand-chose, si on n’est pas incollable en athlétisme. Mais pour Virginie Phulpin, cet athlète et son record méritent toute la lumière.   

Déjà pour vous aider à vous rendre compte, mesurez donc 18 mètres 07 dans votre jardin ou dans votre rue. Vous allez comprendre ce que c’est que d’effacer cette distance en trois sauts. 18 mètres, c’est une des barres mythiques du sport. Un peu comme de courir le 100 mètres en moins de 10 secondes. Ceux qui les font tomber entrent dans un cercle très fermé. Avant Hugues Fabrice Zango, ils n’étaient que cinq dans l’histoire à l’avoir fait, mais toujours en extérieur. C’est à dire avec un peu de vent qui peut vous aider légèrement. En salle, le Burkinabé est le premier. Le seul.  

En plus ce record du monde a eu lieu à l’ère du Covid. Rares sont ceux qui pourront dire "j’y étais". Non, il n’y avait personne en tribunes à Aubière, près de Clermont-Ferrand. Et Virginie Phulpin trouve ça encore plus fort d’avoir battu ce record dans ces conditions, sans ce public qui réussit à donner des ailes aux athlètes. Hugues Fabrice Zango n’a pu compter que sur lui-même, il a pris son envol tout seul samedi. Pour retomber 18 mètres 07 plus loin. Et forcément, il n’a pas pu avoir de standing ovation. Même les caméras étaient absentes.

Et on ne peut même pas ouvrir l’Equipe pour y lire un compte-rendu qui nous donne l’impression de vivre et de revivre cet exploit, puisque les journalistes sont en grève. Dans ce genre de moment, on comprend encore un peu plus l’importance de ce journal et du travail de ceux qui le font. L’exploit d’Hugues Fabrice Zango ne peut pas rester invisible. Il mérite toute la lumière.  

On a presque perdu l’habitude de voir tomber les records du monde.  

Entre les compétitions annulées, reportées, à huis-clos, et la fragilité psychologique des athlètes dans une période comme celle-là, il faut viser pour un record du monde. C’est aussi pour ça que Virginie Phulpin souhaite que l’on mesure bien la portée de ce que vient de réaliser Hugues Fabrice Zango.

On ne sait rien sur l’avenir, on ne sait pas si les jeux olympiques de Tokyo auront bien lieu, donc il ne sait pas à quoi il se prépare. Et lui, il réussit à faire abstraction de tout ça pour s’envoler à 18 mètres 07. Chapeau, oui. Il faut quand même avoir une sacrée capacité à vivre l’instant présent et à se concentrer uniquement sur son travail pour y arriver. 

À côté de Hugues Fabrice Zango ce samedi, son entraîneur, Teddy Tamgho. C’est le Français qui détenait le record du monde en salle jusque-là, avec ses 17 mètres 92. "L’élève a dépassé le maître". Voilà comment il a commenté tout sourire l’exploit de son protégé. C’est ça aussi, le sport. Transmettre, se dépasser, et se faire dépasser. La vie, quoi. La vie malgré tout. Alors non, Virginie Phulpin n’a pas envie que l’on soit indifférent face à une telle performance.