Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Quelle rentrée ! Entre les ministres qui annoncent leur départ dans les médias eux même et ceux qui annoncent des réformes qui ne sont pas dans les tuyaux, on se pose la question : y a-t-il un chef d’orchestre au gouvernement ?
On avait perdu l’habitude, c’est vrai. Il fut un temps où la "couacophonie" faisait dérailler la symphonie gouvernementale.
Depuis la rentrée, c’est le chahut. Dernier couac en date et pas des moindres, le ministre de l’Intérieur (Gérard Colomb) annonce sa candidature à Lyon et précise qu’il envisage, formule savoureuse, de quitter le gouvernement après les européennes. Rien que ça ! Il impose son calendrier au président et devient quasi démissionnaire au détour de la dernière question d’une longue interview sur sa politique de sécurité.
Le jour de l’annonce du plan Santé, ça fait pour le moins désordre.
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Mais voilà, l’Élysée le savait. Le principe a été acté entre le président et le patriarche du macronisme.
L’interview de Gérard Colllomb dans L’Express a été visée par le gouvernement, elle circulait dans les services de Matignon la veille de sa parution.
Pourquoi maintenant ? Gérard Colomb, patriarche du macronisme, est aussi le patron politique de Lyon, la seule grande collectivité détenue par les marcheurs et il n’est pas question de la mettre en danger, ce serait affaiblir le président à la République pour les municipales
Or sur place, l’orage gronde au sein de la majorité de la métropole. Gérard Colomb doit consolider sa position locale. Il va donc devenir un peu moins ministre de l’Intérieur et un peu plus candidat pour Lyon.
Que dit le Premier ministre de cette situation pour le moins étonnante ?
Il fait bonne figure. Ce mardi, Édouard Philippe et Benjamin Griveaux (le porte-parole du gouvernement qui organise sa candidature à Paris) ont déjeuné dans un restaurant fréquenté par des députés et des journalistes, traduire pour que cela se sache.
Ont-ils évoqué les couacs de Christophe Castaner et Françoise Nyssen sur la fiscalité des successions et la redevance télé : deux ministres recadrés par le président de la République ? Sûrement !
Il faudra bien que le chef du gouvernement dise quelque chose sur ses ministres indisciplinés.
Il faudra aussi convaincre les Français qu’un ministre de l’Intérieur sur le départ peut maintenir son autorité sur l’appareil de sécurité et rassurer les populations.
Après avoir reproché au pouvoir son arrogance et s’être expliqué franchement avec le président de la République, Gérard Collomb reprend la route de Lyon, certain de son rapport de force.
Emmanuel Macron ne peut pas se permettre de perdre sa première métropole macroniste. Collomb decide du calendrier, l’exécutif s’exécute et n’a d’autre choix que de fixer la règle. Candidat ou ministre, il faudra choisir.
Bref, la saison des élections est ouverte, une par an à partir de l’année prochaine.
Le quinquennat reprend une activité normale.