Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Les Gilets jaunes sont à la mode et le mouvement de protestation contre les hausses des taxes sur le diesel pose question. Comment l’aborder ? La tentation est grande de vouloir le récupérer tellement les partis ont du mal à mobiliser.
On connaît ce principe en politique, quand on ne contrôle pas un mouvement, il faut feindre de l’organiser. Les gilets font rire jaune dans les États-majors car les Français se mobilisent contre les prochaines taxes sur le diesel prévues en janvier.
Mais c’est un carburant politique au mélange incompatible pour les formations politiques qui ont inscrit la transition écologique au programme.
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Les socialistes pour commencer. Ils ont soutenu la trajectoire fiscale pour décarbonner l’énergie au dernier quinquennat et les décisions de la cop 21. Résultat, une position alambiquée puisqu’il n’y a pas de soutien du mouvement mais du pouvoir d’achat tous les jours.
Du côté de la France Insoumise, il existe une grosse gêne, à l’image des hésitations de Jean-Luc Mélenchon.
Un jour, il dit "on n’y va pas c’est des fachos". Un autre jour, il dit "il n’y a pas que des fachos, il y a des fâchés".
La pirouette est certes bien trouvée pour faire un titre, mais il y a surtout un fichier et un gros problème, l’écologie est au programme des insoumis.
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Restent le Rassemblement national et Les Républicains. Ils soutiennent et permettent aux élus de manifester avec un risque, les gilets sont aussi très remontés contre les responsables politiques en général.
Est-ce que cette mobilisation, annoncée comme importante, inquiète Matignon et l’Élysée ?
Si les partis regardent de près c’est bien parce que ce mouvement réunit les ingrédients principaux pour avoir un effet de levier. Il prend appui sur un ras le bol d’une longue politique de taxation des gouvernements depuis des années. Là, c’est la goutte de diesel qui fait déborder le réservoir.
On annonce une mobilisation importante en province où beaucoup de réunions préparatoires ont attiré du monde ce week-end.
Fait troublant, les gens se mobilisent alors que les feuilles de paie traduisent la baisse des cotisations et au moment où les prix baissent légèrement à la pompe.
Ce qui indique la dimension irrationnelle de cette colère et éclaire, une fois de plus, le malaise français depuis des années. Les Français sont attachés à leur système social (un des plus développés au monde) et ont du mal avec des taxes souvent perçues comme injustes.
Sans partis ni syndicats en positions de force, un face-à-face se prépare entre les Français et le pouvoir. Le gouvernement cherche encore la solution. Comment faire retomber la fièvre du samedi noir ?