Éclipses japonaises de l’écrivain Eric Faye : un livre entre histoire et fiction

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Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.

Éclipses japonaises d’Eric Faye aux éditions Seuil.

Éclipses japonaises de l’écrivain Eric Faye, c’est un livre entre histoire et fiction.

Absolument parce qu’Eric Faye se saisit de l’histoire vraie d’hommes et de femmes ordinaires enlevés au Japon par les services secrets nord-coréens dans les années 70. Et grâce au pouvoir de la fiction, on se retrouve dans la tête de ces disparus.

Mais pourquoi ont-ils enlevés ces gens ?

Pour en faire des profs de civilisation et de langue. Pour tout savoir et permettre aux agents secrets nord-coréens de se fondre ensuite dans la masse lors de leurs missions d’espionnage au Japon.

Le livre commence avec Naoko Tanabe, 13 ans seulement. Un soir de décembre 1977, elle rentre tranquillement de son cours de badminton, à Niigata, sur la côte ouest du Japon. Elle est bientôt arrivée chez elle et passe devant une voiture blanche en stationnement. À ce moment-là, la vitre se baisse et un homme lui fait signe. Il a sans doute besoin d’un renseignement. Naoko s’avance gentiment, mais le piège se referme. Quand elle se réveille, elle se retrouve pieds et poings liés dans un bateau, à fond de cale, direction la Corée du nord.

Que va-t-elle devenir ?

Au début, elle passe ses journées à apprendre le coréen, puis on lui fait ingurgiter, de force, les textes du grand leader, Kim il Sung. Une fois prête, elle ira tous les jours faire la classe à des hommes et femmes en uniforme pour leur apprendre le japonais, mais aussi tout ce qui touche à la culture nippone. On lui demande par exemple de chanter des berceuses ou des chansons en vogue là-bas. Ça donne des scènes surréalistes, de la folie pure, avec ces militaires qui chantent tous en chœur des comptines ou des tubes pour adolescentes.

Ses parents savent ce qu’elle est devenue ?

Pas du tout. Comme la plupart de ces évaporés, on ne soupçonne pas qu’ils aient pu être enlevés par les Nord-Coréens. La police parle de fugue, parfois de suicide. C’est le cas d’un jeune archéologue, enlevé lui aussi en 78, ou de Setsuko Okada, 20 ans, disparue elle aussi. A chaque chapitre, on découvre un nouveau personnage. Il y a aussi un Américain déserteur ou une terroriste nord-coréenne. Leurs destins vont se croiser, tout est lié. C’est un livre haletant, on veut savoir ce qu’il va leur arriver dans ce régime de dingues. Et l’histoire est servie par un style sobre, efficace. Il y a fort à parier qu’on tient là l’un des très bons crus de cette rentrée littéraire.   

Pour connaitre la fin de l’histoire, il faut donc se procurer : Eclipses japonaises d’Eric Faye, aux éditions Seuil.