Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.
Le dernier des nôtres d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre aux éditions Grasset
Un livre américain écrit par une Française.
Le dernier des nôtres chez Grasset d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre est le prix de l’Académie française et ce n’est pas volé. L’Académie récompense en général les vrais romans, c’est-à-dire de la pure fiction, avec un souffle romanesque. C’est le cas donc de ce livre qui s’ouvre en 1969, dans un restaurant new-yorkais, à Manhattan. Il y a là Marcus et Werner, deux copains. Deux jeunes ambitieux. Ils discutent, c’est Werner qui raconte. Les deux amis se chamaillent un peu, notamment parce que Marcus reproche à Werner d’avoir trop de succès avec les femmes et de le faire passer, lui, pour un être invisible. Il faut dire que Werner est beau. Il a des yeux bleus, délavés… Et Werner choisit ce moment pour tomber amoureux, une nouvelle fois. Il vient de voir passer la plus belle cheville du monde, élégamment enserrée par la bride d’une sandale bleue. Mais cette fois, c’est du sérieux. Il tombe vraiment amoureux de la propriétaire de cette cheville.
C’est donc une histoire d’amour ?
Oh pas seulement, non. Le second chapitre est nettement moins léger. Nous sommes en 1945, à Dresde. C’est l’horreur totale. Des tempêtes de flammes, des pluies de bombes… Tout est détruit, annihilé, il y a plus de morts que de vivants. Mais dans cet enfer, Luisa parvient quand même, avec l’aide d’un médecin, à accoucher de son fils… Elle a juste le temps, avant de mourir, de donner le nom de sa belle-sœur, Marthe Engerer, à qui confier l’enfant et de dire au médecin : "Il s’appelle Werner. Werner Zilch. Ne changez pas son nom. Il est le dernier des nôtres". C’est notre Werner, adopté ensuite par un couple d’Américains. Ça devient tout de suite plus dramatique. Moins insouciant. A partir de là, les chapitres alternent entre années 40 et 70. Et on n’est pas au bout de nos peines, se mêle à cette histoire des liens avec les nazis et les camps. Les origines allemandes de Werner vont ressurgir. D’un seul coup. Celles de Rebecca aussi, la femme de sa vie à la sandale bleu. Bref, c’est du bon roman. Un bel ouvrage. Ou du bel ouvrage, comme on dit pour les artisans. C’est bien fait, c’est ciselé. C’est le genre de roman qui reste une fois qu’on l’a refermé.
Le dernier des nôtres donc, le conseil pour les vacances de Noël. C’est chez Grasset et signé Adélaïde de Clermont-Tonnerre.